Le Maroc dispose depuis la promulgation de la nouvelle constitution en 2011 d’un texte fondamental qui affirme dès son préambule que le Royaume « entend préserver, dans sa plénitude et sa diversité, son identité nationale une et indivisible. Son unité, forgée par la convergence de ses composantes arabo-islamique, amazighe et saharo-hassanie, s’est nourrie et enrichie de ses affluents africain, andalou, hébraïque et méditerranéen ». Cette reconnaissance de la diversité des expressions culturelles est appuyée par la garantie des droits, dont, notamment, le droit de la liberté d’expression, le droit d’accès à la culture et le droit au soutien public. Elle est rehaussée également par la reconnaissance explicite de la prééminence des conventions internationales sur le droit interne.
Au niveau institutionnel, une variété d’institutions et d’instances dont les prérogatives et les objectifs recoupent les principes fondamentaux de la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles ont été créées ou sont sur le point de l’être : l'Institut Royal de la Culture Amazighe (2001), dont la vocation est de mettre en valeur l'ensemble des expressions de la culture amazighe, les sauvegarder, les protéger et en assurer la diffusion, la commission ad hoc dédiée à la Convention (2014) et le futur Conseil national des langues et de la culture marocaine qui aura pour mission de protéger et de promouvoir les langues officielles l’arabe et l’amazighe, ainsi que les diverses expressions culturelles et parlers du Maroc.
Ces efforts institutionnels viennent en application des politiques publiques relatives à la protection et à la promotion de la diversité des expressions culturelles dont les projets ont essaimé dans divers programmes audio-visuels, d’enseignement ou de formation, de soutien aux industries créatives et d’organisation ou de participation à des centaines de manifestations et de festivals locaux, régionaux et internationaux.
L’ensemble de ces actions et des mesures inscrites, notamment dans les stratégies sectorielles exposées plus en détail dans ce document, constituent sans aucun doute des avancées majeures dans l’enracinement et la consolidation des principes et des valeurs portés par la Convention de 2005. La mise en œuvre de la Convention, n’est pas cependant sans poser de défis à relever.
Le premier défi a trait au processus de mutation et de convergence numériques en cours, avec ses opportunités et ses risques pour les contenus marocains et les créateurs nationaux et qui nous impose un agenda législatif de mise à niveau et la mise en place de politiques d’accompagnement de nos industries culturelles et créatives.
Le 2ème défi est relatif aux difficultés rencontrées pour le suivi et l’évaluation des actions qui recoupent ou qui s’inspirent de la Convention de 2005 et dont le traitement appelle l’élaboration d’outils de traçabilité pour appréhender l’ampleur et la densité de ces activités et l’impact de la mise en œuvre de la Convention.