Le Directeur général de l'UNESCO, Koïchiro Matsuura, a écrit à Joseph Kabila, Président de la République démocratique du Congo (RDC), et à Jean-Marie Guehenno, le Sous-Secrétaire général des Nations Unies pour les opérations de maintien de la paix, afin de leur demander des mesures pour mettre un terme au braconnage et à l'abattage des espèces animales en danger sur les cinq sites du patrimoine mondial de la RDC.

L'initiative du Directeur général fait suite à des rapports faisant état de plusieurs centaines d'hippopotames et d'au moins deux gorilles des montagnes tués au cours des derniers mois dans le Parc national de Virunga, inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en 1979 et sur la Liste du patrimoine en danger en 1994. Les quatre autres sites du patrimoine mondial de la RDC - les parcs nationaux de Garamba, Kahuzi-Giega, Salonga et la Réserve animalière Okapi - sont tous inscrits sur la Liste du patrimoine en danger.

Tout en reconnaissant la qualité du travail de conservation mené par l'Institut congolais pour la conservation de la nature, Koïchiro Matsuura remarque qu'une action systématique est nécessaire de façon urgente pour prévenir la perte irrémédiable de la valeur universelle exceptionnelle qui a valu à ces cinq sites de la RDC leur inscription sur la Liste du patrimoine mondial.

Dans ses courriers, le Directeur général demande que le mandat de la mission de l'ONU en RDC (MONUC) soit étendu à la protection des sites du patrimoine mondial de la RDC ainsi qu'à d'autres zones protégées. Les sites du patrimoine mondial de la RDC ont une importance exceptionnelle pour la préservation de la biodiversité car ils constituent l'habitat de quelques unes des espèces les plus rares et les plus remarquables du monde, parmi lesquelles le bonobo, le cousin vivant le plus proche de l'espèce humaine, le gorille des montagnes et le très rare okapi.

Koïchiro Matsuura souligne que la présence de groupes armés sur ces sites, notamment des rebelles Mai Mai et rwandais, représente pour les parcs une menace que les rangers de l'Autorité congolaise des Parcs nationaux ne peuvent contenir. En fait, les rangers et leurs familles ont été la cible des milices, perdant leurs biens, étant blessés et même tués.

Koïchiro Matsuura ajoute que « la récente organisation des premières élections libres grâce au soutien du MONUC a été un événement marquant de la lutte pour ramener la paix et la sécurité dans le pays. Comme la paix et la stabilité sont aussi une condition nécessaire pour permettre la réhabilitation des sites du patrimoine mondial, nous espérons que des progrès significatifs seront accomplis, en ce sens, dans les mois qui viennent ».