Questions principales : Changements socio-économiques et climatiques ; absence de politique de conservation et de gestion.
Nouvelles informations :
A l’invitation des autorités mauritaniennes, le chef du Bureau arabe du WHC a effectué en avril 2001 une mission à Ouadane et Chinguetti pour évaluer leur état de conservation et discuter avec les autorités nationales des mesures à prendre pour leur sauvegarde.
A Ouadane, la mission a visité le site de la mosquée du Vendredi, en cours de restauration grâce à des fonds de la Convention (38.000 dollars US). Les travaux avancent et le projet devrait être achevé d’ici la fin de l’été.
La mission estime que les problèmes touchant les deux villes, déjà mentionnés dans le dossier d’inscription soumis en 1996, n’ont pas été réglés, malgré les efforts des autorités mauritaniennes et en particulier de la Fondation Nationale pour la Sauvegarde des Villes Anciennes (FNSVA). Les profonds bouleversements climatiques et socio-économiques intervenus ces dernières décennies, conjugués au manque de fonds et de ressources humaines qualifiées, ont de sérieuses incidences sur l’état de conservation de l’ancien ksour, dont les noyaux historiques sont peu à peu abandonnés.
Le développement récent du tourisme dans la région, depuis que deux vols charters en provenance directe d’Europe atterrissent chaque semaine à l’aéroport d’Atar, dans le Nord du pays, en même temps qu’il a donné une impulsion au développement économique (et démographique) des deux villes, a créé un nouveau risque pour la conservation de leurs valeurs culturelles et naturelles. Plusieurs hôtels de tourisme ont été ouverts à Ouadane et Chinguetti, et les nouvelles constructions en cours dans les zones tampons du site du Patrimoine mondial ne respectent pas toujours le style et les matériaux traditionnels des villes anciennes.
Comme le reconnaît le directeur de la FNSVA, une action intégrée s’impose de toute urgence, si l’on veut concilier les aspirations au développement de ces populations désavantagées et les impératifs de conservation des sites du Patrimoine mondial. Or, malgré l’intérêt réel manifesté au niveau local et national pour la conservation de l’ancien ksour de Mauritanie, aucune politique claire de gestion n’a encore été définie et les ressources humaines et financières nécessaires n’ont ni été trouvées, ni mises en place. Les problèmes à Tichitt et Oualata sont plus ou moins les mêmes qu’à Ouadane et Chinguetti, à cette différence près qu’ils ont été aggravés à Tichitt par les pluies exceptionnellement fortes d’il y a deux ans.
A cette étape cruciale de l’histoire de ces villes anciennes, plusieurs projets en cours d’élaboration pourraient avoir un impact considérable sur la conservation de leur patrimoine culturel. Parmi eux, un vaste projet en faveur du patrimoine culturel national financé par la Banque mondiale comportant un volet pour le patrimoine tangible, et un important projet de restauration pour Ouadane avec le soutien du gouvernement portugais. L’Union européenne, l’Espagne et l’Allemagne envisageraient également de financer des projets de coopération concernant les infrastructures, la protection contre l’empiètement des dunes de sable et la réhabilitation du ksour de Mauritanie ou de ses environs. Un réseau d’ONG nationales et internationales est aussi très actif et a lancé plusieurs projets plus modestes au niveau local.
Action requise
Le Bureau recommande que des mesures urgentes soient prises par le gouvernement mauritanien, en collaboration étroite avec le Centre, pour mettre en place un cadre technique et institutionnel permettant l’adoption de politiques appropriées de gestion et de conservation de l’ancien ksour d’Ouadane, Chinguetti, Tichitt et Oualata, en intégrant les divers efforts nationaux et internationaux au sein d’une seule et unique stratégie cohérente de sauvegarde de ces sites exceptionnels et de renforcement des capacité des autorités nationales et locales qui en ont la responsabilité.