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Le paysage Culturel de Diy-Gid-Biy

Date de soumission : 02/02/2018
Critères: (iii)(v)(vi)
Catégorie : Culturel
Soumis par :
Ministère des Arts et de la Culture
État, province ou région :
Région de L’Extrême-Nord, Département du Mayo-Tsanaga
Ref.: 6328
Avertissement

Les Listes indicatives des États parties sont publiées par le Centre du patrimoine mondial sur son site Internet et/ou dans les documents de travail afin de garantir la transparence et un accès aux informations et de faciliter l'harmonisation des Listes indicatives au niveau régional et sur le plan thématique.

Le contenu de chaque Liste indicative relève de la responsabilité exclusive de l'État partie concerné. La publication des Listes indicatives ne saurait être interprétée comme exprimant une prise de position de la part du Comité du patrimoine mondial, du Centre du patrimoine mondial ou du Secrétariat de l'UNESCO concernant le statut juridique d'un pays, d'un territoire, d'une ville, d'une zone ou de leurs frontières.

Les noms des biens figurent dans la langue dans laquelle les États parties les ont soumis.

Description

Diy‑Gid‑Biy est situé dans la région de l’Extrême-Nord, département du Mayo-Tsanaga, le long de la frontière entre le Cameroun et le Nigeria à environ 200 km du Mont Mandara. L’acronyme DGB est l'appellation que les Mafa donnent aux monuments en pierre sèche de la région qui signifie « Oeil du Chef au sommet ». Ce paysage est caractérisé par des cultures en terrasses, des constructions en pierre sèche et des chaussées pavées de pierre, du granit et des roches locales, trouvables nulle part ailleurs. DGB1 est l'un des plus impressionnants des 16 sites d'architectures en pierre sèche qu'on trouve dans ce département. Les sites nommés DGB1 dit « mâle » et DGB2 dit « femelle » sont situés à 30 mètres de l'autre côté de la vallée au sommet d'un plateau orienté Nord/Sud.

Les murs en pierre sèche ont des formes circulaires et semi‑circulaires surmontés d'une plateforme. Les Etudes entreprises sur le site montrent que les murs et les compartiments ont été construits à plusieurs étapes ou phases successives selon les besoins des propriétaires. Le modèle de construction varie d'un site à un autre. La caractéristique des sites de DGB est l’utilisation des pierres sèches comme matériaux de construction pour les murs de parement ou blocaille pour le remplissage des plates‑formes ou terrasses. Les murs sont de deux types, les murs à double façades dont l'intérieur a été rempli des blocailles et qui ont servi de clôture ou au cloisonnement des monuments. Tel est le cas du mur de la partie Sud‑Ouest dont le côté interne est rempli de pierres qui ne font pas généralement partie du mur et sont disposés de manière plus ou moins régulière. Les murs de soutènement sont élevés dans le cadre de construction des plates‑formes et des terrasses pour améliorer la qualité du relief du sol, pour renforcer certains murs. Les murs les plus hauts atteignent 6 mètres. Dans les DGB1, on observe sur la façade nord un tunnel sous la plate‑forme en direction du sud. Un linteau en pierre soutient le dallage à l'entrée. A trois mètres à travers le tunnel se trouve une chambre carrée qui aurait pu servir de poste de garde. Au-delà le tunnel conduit à une enceinte circulaire à une sortie sur une plate‑forme en terrasse sous forme d'amphi théâtre. Les murs des monuments DGB1 et 2 sont en cours de délabrement et d'écroulement dû à l'action des phénomènes naturels (vieillissement, érosion) et à l'action anthropique (agriculture). A une trentaine de mètres au nord‑ouest de DG1, il y a une plus petite plate‑forme, en ruine sur une butte, dénommé DGB2 que nous considérons comme faisant partie de DG1. Les études archéologiques conduites sur le site DGB1 indiquent que le site a été abandonné au 15ème siècle de notre ère et ne semble pas avoir été l’œuvre des Mafa, actuels occupants de la région arrivés il y a trois siècles. Plusieurs hypothèses ont été évoquées pour leurs différentes fonctions :

- Poste de refuge ou forts de défense ;
- Mausolées ou chambre funéraire des Chefs ;
- Résidence des élites ;
- Entrepôts ou centre commercial ;
- Sanctuaire pour les « faiseurs de pluies ».

Justification de la Valeur Universelle Exceptionnelle

Critère (iii) : Diy‑Gid‑Biy est un paysage exceptionnel qui illustre graphiquement une forme d’occupation du territoire caractéristique d’un stade critique de l’établissement humain et de sa relation à l’environnement. Les constructions de plateforme en pierre sèche des Monts Mandara sont un exemple unique d’une tradition de maçonnerie en pierre sèche riche et exceptionnelle en Afrique Centrale. Cette civilisation a disparu avec ses constructeurs.

Critères (v): Le paysage culturel de Diy‑Gid‑Biy est resté inchangé pendant des siècles et demeure ainsi à une époque où cette forme d’établissement humain traditionnel est menacée dans de nombreuses régions du monde. Les DGB et l’agriculture en terrasse des Mafa forment aujourd’hui un paysage à valeur patrimoniale exceptionnelle.

Critère (vi) : Le paysage culturel de Diy-Gid-Biy est le témoignage éloquent d’une tradition spirituelle et culturelle forte et continue qui perdure depuis de nombreux siècles. Cette tradition s’intègre aujourd’hui dans un paysage agricole d’exploitation extensive où les populations Mafa ont aménagé des terrasses. C’est une application de l’ingéniosité des indigènes en vue de domestiquer un environnement extrêmement hostile et rude.

Déclarations d’authenticité et/ou d’intégrité

Les Diy-Gid-Biy du Mont Mandara gardent leur intégrité, car il n’y a pas eu de transformation après leur construction. On retrouve tous les éléments essentiels du paysage culturel à l’intérieur des limites. Le système d’agriculture traditionnel en terrasses et ses systèmes rituels subsistent encore de nos jours. Toutefois, les bâtiments traditionnels sont vulnérables aux changements de matériaux et de techniques et les toits de chaume, en particulier, exigent un entretien fréquent.

Les caractéristiques essentielles du paysage culturel n’ont pas été sensiblement modifiées depuis l’origine et se sont ainsi maintenues depuis cette époque grâce à l’utilisation de matériaux et techniques traditionnels. Les éléments culturels restent activement présents au sein de la communauté, car ils font partie de sa culture vivante. Les constructions en pierre en forme d’habitations, les exploitations agricoles en terrasses et les chaussées restent toujours les traits distinctifs du paysage de Diy-Gid-Biy. La célébration et l’observance régulières des fêtes et cérémonies attestent de leur continuité culturelle. Ces événements suscitent un nouvel intérêt grâce à l’engagement des autorités locales et de l’État.

Comparaison avec d’autres biens similaires

Les Diy-Gid-Biy du Mont Mandara sont comparables et partagent presque les mêmes aspects culturel et architectural que le paysage culturel de Sukur au Nigéria. Ils sont également semblables aux structures du même type mis à jour au Zimbabwe (Great Zimbabwe, Kami), Botswana, (Domboshawa, Madjoko, Pickw et en Afrique de l’Est au Kenya (Thimilich Ohinga). Sur le plan structurel, les Diy-Gid-Biy du Mont Mandara ressemblent plus au site Kami constitué de plates formes contigües. L’élément commun à tous ces sites est l’utilisation du granite. Toutefois, les Diy-Gid-Biy se défèrent des autres par l’utilisation des pierres de calage « wadges ».