Centre du patrimoine mondial :
Le Centre a été informé par plusieurs communiqués de presse de la décision officielle des autorités roumaines d’installer ailleurs le parc à thème qui était prévu tout près du site du patrimoine mondial. Aucune information officielle des autorités nationales n’a été reçue à la date limite du 1er février 2003.
Une lettre du Ministère de la Culture, datée du 5 février 2003, annonce la très prochaine présentation d’une demande de coopération technique pour améliorer l’état de conservation du site. Le 19 mars 2003, un rapport sur l’état de conservation de Sighisoara a été présenté par le Ministère roumain de la Culture, accompagné d’une lettre sur les points suivants :
1. Concernant l’état de conservation du site du patrimoine mondial de Sighisoara, une stratégie et une méthodologie ont été mises en place par l’institution chargée de la gestion des monuments historiques, en se fondant sur la loi 564 de 2001 sur les mesures de protection des sites du patrimoine mondial. Le Ministre de la Culture et les autorités locales ont assuré un financement pour les travaux les plus urgents portant sur l’état de conservation du site. Le Ministère a fait part de son grand intérêt et de son engagement à préserver, entre autres, ce site du patrimoine mondial. L’Annexe à la lettre énumère plusieurs projets exécutés sur le site, notamment la réhabilitation de bâtiments, des mesures contre les glissements de terrain, et d’autres projets pour l’avenir. De plus, des propositions ont été faites sur la gestion du site et son suivi permanent, et sur l’infrastructure et le développement du tourisme.
2. La lettre informe aussi le Centre que le Ministre du Tourisme a fourni des informations sur le projet du Parc Dracula, pour lequel on recherche actuellement un autre emplacement, à l’écart du site du patrimoine mondial. Le rapport de la mission de l’UNESCO insiste aussi sur l’importance et l’urgence de faire un levé des fortifications de Sighisoara, de les renforcer et de les réparer. Il souligne également l’écroulement de certains murs et le mauvais état des tours.
ICOMOS :
Commentant le rapport sur l’état de conservation daté du 20 mars 2003, l’ICOMOS attire l’attention sur l’absence persistante de mesures de protection et d’entretien du site dans son ensemble, l’absence de responsabilités clairement établies et de coopération localement intégrée, et l’absence de stratégies de financement.
L’ICOMOS note que le rapport est divisé en trois parties :
1. L’état de conservation, la protection et la restauration, ainsi que la gestion du Centre historique de Sighisoara ;
2. Le programme et le cadre de protection et de gestion des monuments historiques sur la Liste du patrimoine mondial ;
3. La protection future et le plan de gestion. L’ICOMOS constate que ce n’est pas la structure géologique mais le manque d’entretien qui a causé la dégradation du site. Dans le passé, si un pan de mur s’effondrait, il était immédiatement reconstruit plus solidement et plus sûrement qu’avant. L’absence de toute mention des sources de financement, du budget et de l’organisation responsable de la réalisation des travaux dans les rubriques sur l’entretien régulier et les réparations est bien symptomatique de l’incapacité de juger de l’importance essentielle d’un entretien régulier.
L’ICOMOS rappelle que le rapport de la mission UNESCO-ICOMOS de 2002 soulignait l’importance et l’urgence d’établir un levé des fortifications de Sighisoara, de les renforcer et de les réparer. Il avait attiré l’attention sur les pans de murs écroulés et le mauvais état de certaines des tours et défini certaines sources de financement. Bien que le rapport du Ministère roumain de la Culture reconnaisse la nécessité de reconstruire les pans de murs écroulés, de prendre des mesures contres les glissements de terrain et de renforcer le mur à la base de la Tour des Bottiers et à proximité de la Tour des Forgerons, il est regrettable qu’il accorde si peu d’importance à la suggestion de trouver des sources internationales de financement possibles par le biais de l’UNESCO. Il omet toute mention de l’étude de faisabilité sur les moyens d’éviter les glissements de terrain, nécessité urgente explicitement mentionnée à la Section 1 dans les « mesures de conservation ».
Autre exemple, l’étude de faisabilité sur la réhabilitation du centre historique, prévue pour 2003-2004, dans laquelle la rubrique « exécutant du projet » est vide. Il est également décevant de lire de nouveau « Créer des zones de protection pour chaque monument… » car la solution pour un site du patrimoine mondial comme Sighisoara est de faire de l’ensemble une « aire de conservation » aux aménagements strictement contrôlés. Qui plus est, le rôle de la population locale doit être reconnu, les associations pour la qualité de la vie doivent être encouragées en recevant une forme de statut officiel, en participant par exemple au processus de consultation. Enfin, s’agissant de la restauration, il est souhaitable de signaler l’importance en restauration/conservation de l’utilisation de matériaux et techniques compatibles avec la construction existante (c’est-à-dire ne plus utiliser de béton et de ciment sans discernement).