En juin 2003, le Comité a décidé d'envisager la possibilité d’un retrait du bien de la Liste du patrimoine mondial en péril à sa 28e session, sous réserve de l’avancement de l’Etat partie concernant l’achèvement et l’adoption du plan de gestion du site, ainsi que la prise en compte de toutes les recommandations de l’ICOMOS.
En août 2003, le Centre a adressé aux autorités omanaises ses commentaires sur un projet de nouveau marché en cours près du Fort, ainsi que des propositions d’aménagement urbain du secteur et un projet de version provisoire de plan de gestion du bien. Ces commentaires indiquaient que le plan de gestion devait être achevé avant le démarrage de tout projet d’aménagement urbain important, comme celui du nouveau marché. Le Centre a répété l’importance de préserver l’authenticité du bien, y compris par l’utilisation de matériaux de construction et techniques traditionnels. Il a également souligné la nécessité de développer le contenu du projet de plan de gestion afin d’obtenir un instrument d’aménagement urbain très complet et opérationnel pour l’Oasis, ainsi qu’un plan de conservation et de mise en valeur pour le Fort.
Le projet de plan de gestion comprend une déclaration d’importance révisée concernant le bien, proposant qu’en plus du critère (iv) justifiant l’inscription du bien en 1987, les critères (v) et (vi) soient envisagés au cours d’une nouvelle proposition d’inscription ; l’ICOMOS a recommandé que le critère (iii) soit également pris en considération. Une nouvelle proposition d’inscription devrait fournir une définition actualisée des limites de la zone centrale et de la zone tampon de ce bien du patrimoine mondial.
L’ICOMOS a réalisé une évaluation du plan de gestion et du projet de construction d’un nouveau marché près du Fort. Son rapport a confirmé que l’utilisation de béton armé recouvert de plâtre traditionnel, comme cela était prévu pour le nouveau marché, ne conviendrait pas pour un bien du patrimoine mondial. L’ICOMOS a souligné l’importance de poursuivre la rédaction de directives de conservation et d’entretien à long terme pour le Fort et l’Oasis, notamment en ce qui concerne le système d’irrigation par aflaj, pour traiter la question de la réutilisation de bâtiments anciens. Ces directives devraient prendre en compte le potentiel de développement durable. L’ICOMOS a aussi suggéré de créer une Commission du site pour mettre en œuvre le plan de gestion, ainsi que des installations complémentaires, notamment un centre de documentation, un laboratoire de conservation et un centre de formation.
Lors du séminaire régional sur la conservation des structures en bois, en décembre 2003, le Centre a effectué une autre mission sur place. Cette visite a permis d’étudier, avec les autorités omanaises et la société britannique de conseil en gestion Atkins, un projet de version finale du plan de gestion tenant compte des recommandations du Comité, et d’étudier des solutions possibles pour la poursuite du projet de nouveau marché. Par lettre datée du 22 décembre 2003 adressée à la Délégation permanente, le Centre a présenté ses recommandations aux autorités omanaises.
Le Centre a mis en lumière certains aspects qui restent encore à améliorer, notamment la fourniture d’indications sur l’utilisation future du Fort et des constructions urbaines qui l’entourent, la circulation des véhicules dans l’Oasis, des spécifications techniques pour la conservation des structures en terre du Fort et autres et les procédures de suivi de l’état de conservation du bien. Le Centre a également souligné que les autorités omanaises devaient approuver officiellement le plan de gestion et accorder le soutien nécessaire en termes de ressources institutionnelles, financières et en particulier humaines pour faire en sorte que ce plan puisse devenir opérationnel le plus rapidement possible après son achèvement. A cet égard, le Centre a fermement recommandé d’organiser un second atelier pour présenter le plan et sa stratégie de conservation et d’aménagement du bien à la communauté locale et aux autres acteurs concernés, afin d’intégrer leurs réactions dans le document final qui doit recevoir l’approbation officielle du gouvernement.
L’ICOMOS a étudié le projet de version finale du plan de gestion. Il a indiqué qu’il faudrait procéder à des recherches complémentaires, notamment sur l’élaboration de directives de conservation pour le système d’irrigation par aflaj dans l’Oasis, et pour la finalisation d’un plan de conservation urbaine.
Compte tenu du souhait des autorités locales de résoudre le problème du nouveau marché qui se pose actuellement, le Centre, en consultation avec CRATerre, a recommandé d’adopter les critères suivants :
· Le futur marché ne doit pas être plus grand que l’actuel
· La morphologie urbaine initiale présentation et typologie) du marché doit être maintenue ;
· La hauteur et la perspective des constructions, ainsi que leur style et leurs caractéristiques architecturales doivent être en harmonie avec le caractère des boutiques locales traditionnelles en terre qui subsistent. Il ne faut pas s’inspirer des nouvelles caractéristiques inspirées de marchés construits récemment ailleurs à Oman.
De plus,
a) les boutiques existantes – y compris celles sérieusement endommagées par l’inondation du printemps 2003 – doivent être restaurées en utilisant les matériaux et techniques de construction d’origine, puis intégrées au nouveau marché. L’utilisation de matériaux modernes est possible, si nécessaire et s’il y a lieu, pour des raisons sanitaires et autres, uniquement pour les parties du marché complètement détériorées ;
b) la restauration du marché de Bahla pourrait être l’occasion de faire participer des maîtres maçons locaux et des jeunes non qualifiés à un programme social ; l’objectif serait de conserver et restaurer le marché de Bahla et de développer chez les habitants une prise de conscience et une fierté de la valeur de leur patrimoine en terre. Le Ministère du Patrimoine et de la Culture et CRATerre, ainsi que le Ministère du Commerce, pourraient participer à cette initiative visant à transformer ce qui a été jusqu’ici perçu comme un « problème » en projet expérimental modèle de conservation d’un bien du patrimoine mondial ;
c) le choix d’un mandataire pour la préparation d’un nouveau projet, dans le respect des suggestions mentionnées plus haut, doit faire l’objet d’un processus de compétition auquel au moins trois sociétés de conseil devraient être invitées à faire des appels d’offres.