À ses 33e et 34e sessions, le Comité du patrimoine mondial a été informé d’actes de vandalisme survenus sur le bien en avril 2009 et a demandé une mission de suivi réactif conjointe. Le Comité du patrimoine mondial a également prié l’État partie, en consultation avec la mission, d’entreprendre une évaluation détaillée des dommages afin d’identifier les priorités et les stratégies de conservation et de remise en état des sites vandalisés, et de réfléchir également à la manière d’améliorer la protection à long terme du bien (amélioration du système de gestion en renforçant la collaboration avec les communautés locales, en développant la promotion de la valeur et de la vulnérabilité de la zone auprès des acteurs du tourisme et en perfectionnant les conditions de contrôle de l’accès au site et des visites). Bien qu’il ait également été demandé à l’État partie de soumettre un rapport sur l’état de conservation de ce bien avant le 1er février 2011, aucun rapport n’avait été reçu lors de la rédaction de ce document.
La mission de suivi réactif conjointe a eu lieu du 10 au 16 janvier 2011. Comme prévu, dix des sites vandalisés ont été visités et leur état et contexte physique systématiquement consignés et analysés. Pour chaque site, des informations ont été obtenues sur la morphologie, les conditions de visite, la taille, les indicateurs de datation, les symboles iconographiques présentés, la nature du support rocheux, les méthodes et matériaux de peinture, les méthodes et technologies de gravure, avant altérations des œuvres ou des surfaces rocheuses sur lesquelles elles étaient appliquées, et les dommages en rapport avec les récents actes de vandalisme. Les analyses spécifiques à chaque site ont fait ressortir certaines observations clés :
· Si les dommages sur les dix sites étudiés sont considérables, tous les exemples d’art rupestre du bien connaissent diverses formes de détérioration, étant donné l’ancienneté du site (dans certains cas 10 000 ans) et la grande variabilité des conditions des substrats, du microclimat et du large éventail des formes d’expression artistique.
· La variabilité des conditions des substrats, du microclimat ainsi que des méthodes d’application et des matériaux laisse penser que les tests réalisés pour les agents de nettoyage sur lesdits sites vont devoir être ajustés pour correspondre aux conditions particulières de chaque site et de chaque élément.
· Toute stratégie de conservation pour le bien devrait tenir compte du large éventail des conditions et des mécanismes de détérioration constatés àrépartis sur le bien, et non pas uniquement sur les sites vandalisés.
Le rapport de mission propose des méthodologies détaillées pour les interventions de conservation-restauration sur les peintures et gravures, et pour le nettoyage et la remise en état des sites endommagés.
Le rapport de mission commente également les défis auxquels le Département des Antiquités doit faire face dans la gestion du bien, notamment de récentes initiatives visant à mettre en place une importante industrie touristique inspirée par les nombreuses ressources culturelles de grande importance et d’intérêt du pays, mais sans la contrainte de protéger ces ressources. La mission a noté un projet en cours de la Banque mondiale qui doit apporter au Département des Antiquités des ressources afin de mieux gérer le patrimoine culturel du pays ; l’objectif immédiat du projet étant de définir une stratégie à long terme pour ouvrir le pays au tourisme.
Le rapport de mission note que depuis l’inscription en 1985, les limites du bien n’ont pas été précisées et que cette ambiguïté a contribué, en grande partie, à la confusion entourant la gestion du bien. De même, le rapport de mission a reconnu l’interdépendance entre les valeurs naturelles et culturelles et la nécessité de veiller à ce que cette compréhension élargie du site et de ses relations sous-tende la gestion.
Le rapport de mission note qu’un accès touristique non contrôlé et la présence limitée du Département des Antiquités sur le site génèrent un certain nombre de menaces pour le bien ; notamment une circulation anarchique qui défigure l’environnement naturel du bien et laisse une pollution touristique de plus en plus marquée aux points d’arrêt clés des itinéraires de visite. Le rapport note que les communautés touaregs voisines respectent l’intégrité du bien tout comme le font les missions archéologiques mais que l’industrie pétrolière utilise une partie du site pour ses acheminements. Le rapport souligne également la nécessité pour les autorités de fortement accroître la présence de personnel qualifié sur cet immense bien, en déployant d’importants efforts de formation et de renforcement des capacités soutenus par l’État partie et le projet de la Banque mondiale susmentionné.
Après la rédaction du rapport de mission et en réponse aux changements politiques qui sont par la suite survenus dans le pays, l’équipe de mission a rédigé une “note complémentaire” à son rapport tenant compte de ces nouvelles conditions et notant que la gravité de l’actuelle crise politique avait rendu toute intervention scientifique ou technique sur le bien impossible.
Le rapport met ensuite en avant des recommandations qu’il conviendra de prendre en compte lorsque la situation générale s’améliorera :
a) Restaurer les dix sites d’art rupestre vandalisés en avril 2009, en recrutant des experts qualifiés ayant une connaissance directe du site, en centralisant leurs efforts au moyen d’un comité de pilotage mis en place pour gérer la participation et guider le processus. Un plan quinquennal provisoire est détaillé dans le rapport.
b) Renforcer la présence et les moyens du Département des Antiquités, principalement en améliorant le soutien apporté aux stations de contrôle (en doublant le personnel mis à disposition pour chacune, en garantissant un accès à un générateur, à des communications par satellite et à un véhicule) ;
c) Organiser une rencontre entre le Département des Antiquités et les experts et les gestionnaires des sites, les représentants des comités populaires locaux, l’UNESCO et les Organisations consultatives, et la Banque mondiale afin de définir un plan d’action clair pour améliorer le contrôle de l’activité touristique sur le bien, immédiatement suivi d’une conférence réunissant les représentants clés de toutes les sociétés de tourisme dans le pays pour qu’ils aident à mettre en œuvre le plan d’action susmentionné par un accord volontaire sur des principes clés ;