En juin 2001, le Bureau a approuvé une demande d’assistance d’urgence et a recommandé à l’Etat partie de mettre en œuvre sans délais le Plan Permanent de sauvegarde et de mise en valeur de 1992, en vue de réduire les pressions sur le site, de maintenir le Centre du Patrimoine mondial complètement informé pour tous projets relatifs au site, et lui soumettre les études pour approbation avant leur mise en œuvre.
Dans le cadre de cette assistance d’urgence, le Centre a envoyé en février 2002, une mission de 2 experts à Tipasa en vue d’évaluer l’état de conservation, étudier l’impact des visiteurs et proposer des mesures correctrices.
La mission a constaté que, malgré les remarquables efforts faits par l’équipe de conservation travaillant sur le site, aucune mesure nouvelle n’a été prise en vue de réduire les pressions sur le site et la plupart des monuments et vestiges sont dans un état de conservation précaire et dangereux. En particulier, les problèmes suivants ont étés identifiés :
1. Des dégradations anthropiques suite à des actes graves de vandalisme (destruction, vols, ordures, etc.), une urbanisation accrue des abords du site et de la zone tampon, des litiges constants d’ordre foncier avec des propriétaires ou opérateurs publics et privés.
2. Des dégradations naturelles dues au sel marin, à l’érosion littorale et éolienne, à la végétation.
Le site archéologique
L’état se caractérise par le non-respect de la zone non-aedificandi et non altius-tollendi, des litiges fonciers concernant les zones du phare, le port et les terrains situés à l’est et à l’ouest, des techniques de restauration inadaptées (usage du ciment), des égouts à ciel ouvert provenant de la ville coloniale et traversant le site jusqu’à la mer, une végétation au développement incontrôlé dont les racines affectent gravement les vestiges archéologiques, l’inexistence d’un programme d’aménagement paysager et de plantations étudiées en vue de réduire les effets des vents Nord et Nord-Ouest sur les structures archéologiques, l’obsolescence de la signalétique, des balisages, des sentiers, l’inefficacité du gardiennage et enfin, les nombreux habitants ayant construit des logements à l’intérieur du site.
La ville coloniale
Cette ville objet du Plan permanent de sauvegarde et mise en valeur de 1992, fut entièrement construite dans ce qui est considéré comme la zone tampon et se développe au détriment du site antique. Les deux instruments de planification urbaine en cours (Plan d’occupation des Sols - POS et Plan de développement et d’aménagement urbain - PDAU) exercent des pressions sur le site, car ne tenant aucun compte des spécificités de sa conservation ni de ses limites et zone tampon.
Les services de la conservation
L’un des principaux problèmes du site provient des faibles capacités de ces services qui manquent cruellement de personnel qualifié et de moyens matériels et financiers. Par ailleurs, ils ne sont pas en mesure de s’opposer aux empiètements quotidiens des différents agents publics qui interviennent dans le site et ses abords sans consultation aucune avec eux.
Pour résumer, cette situation où les limites et la zone tampon du site ne sont pas définies, l’intégrité physique et visuelle est mise à mal et l’authenticité même est menacée, a amené les 2 experts à s’interroger sur la nécessité d’inclure Tipasa sur la Liste du patrimoine mondial en péril. Pour être complets, rappelons que le rapport périodique reçu en 2000 et signé par les autorités compétentes, avait déjà explicitement demandé l’inclusion de Tipasa dans la Liste du patrimoine mondial en péril.
Au moment de la rédaction de ce rapport, le Centre du patrimoine mondial prend contact avec les autorités algériennes et discute avec eux des actions nécessitées par ce constat.