Le Comité, lors de la 30e session (Vilnius, 2006), avait réaffirmé sa décision de ne pas réinscrire Tombouctou sur la Liste du patrimoine mondial en péril, après avoir pris connaissance du plan de gestion et de conservation élaboré pour la période 2006-2010. Etant informé d’un projet de construction sur le terrain faisant face à la Mosquée Sankoré, d’un Centre culturel visant à sauvegarder les manuscrits anciens de Tombouctou, le Comité avait attiré l’attention de l’Etat partie sur l’impact que celui-ci pourrait avoir sur la valeur universelle de ce bien du patrimoine mondial. Dans sa décision 30 COM 7B.36, le Comité avait invité le Mali à entreprendre la révision de ce projet architectural en prenant en considération les recommandations de la mission du Centre du patrimoine mondial de mars 2006.
Le 7 février 2007, l’Etat partie a soumis au Centre du patrimoine mondial son rapport sur l’état de conservation de Tombouctou. Ce rapport qui fait état des progrès réalisés dans la mise en œuvre du plan de gestion et de conservation, mentionne les informations suivantes :
a) Mosquée Djingareyber : Les problèmes d’évacuation des eaux pluviales ont été réglés grâce à des travaux de pavage aux alentours de la mosquée, grâce au financements du volet « Troisième projet urbain » de Tombouctou. Les façades et le minaret de la mosquée ont fait l’objet d’un crépissage à l’occasion de la fête du Maouloud en avril 2006, et un bâtiment de toilettes a été construit. Ce bâtiment fait actuellemnt l’objet de mesures correctives car son architecture ne cadre pas avec l’architecture soudano-sahélienne de la mosquée. Le rapport fait également mention d’ un vaste projet de restauration entre les autorités maliennes et la Fondation Aga Khan qui durera quatre ans.
b) Mosquée Sidi Yahia : Grâce aux travaux de conservation réalisés en 2005, l’état de la mosquée est demeuré satisfaisant. Seuls des travaux de pavage de l’entrée principale, et d’évacuation des eaux pluviales de la cour de prière ont été réalisés en 2006.
c) Mausolées : Les sept grands cimetières (Diamane Hamane, Sidi Mahamoud, Alpha Moya, Sidi Elmoctar, Idje Tchina Sarey, Sidi El Wafi, Cheik Sidi Ahmed ben Amar) ont été clôturés.
d) La vieille ville dans son ensemble rencontre quelques difficultés au nombre desquelles on peut citer : la dégradation du bâti, une augmentation des maisons en ruines dont 280 qui méritent une attention en vue de leur sauvegarde, les eaux stagnantes en saison de pluie, et enfin une mutation progressive des maisons revêtues de terre vers celles revêtues de pierre alhor.
e) Mosquée de Sankoré : La construction du Centre Ahmed Baba, qui a démarré en juillet 2006, est réalisée dans la zone tampon, à environ 25m au nord de la mosquée. Ce chantier connaît actuellement un retard dans son exécution dû à des problèmes contractuels avec l’entreprise de construction sudafricaine Xaler. Le rapport indique que les différents acteurs du projet se sont engagés à respecter la recommandation de l’UNESCO relative aux dimensions, à la typologie, à la technologie de construction, et aux matériaux de construction, car le projet architectural dans sa forme actuelle permettrait une modification de sa façade principale. La recherche de solutions en vue de cette modification a par conséquent été confiée à l’entreprise Xaler. Mais il est déjà prévu qu’un mur de style soudano-sahélien soit construit sur la façade principale de manière à cacher les poteaux constituant la structure du bâtiment et limiter son impact visuel. En outre, l’aménagement de la place historique de Sankoré, prenant en compte l’intégration du nouveau bâtiment de l’Institut Ahmed Baba, figure parmi les projets prioritaires dans le cadre du « Quatrième projet urbain » du Mali qui sera réalisé en accord avec la Banque Mondiale. Le rapport considère par conséquent qu’il est difficile voire impossible de parler à ce stade d’un impact négatif du nouveau site de l’Institut Ahmed Baba.
Le Centre du patrimoine mondial et l’ICOMOS attirent l’attention du Comité sur deux questions importantes qui découlent du rapport de l’Etat partie. Sur la révision du projet architectural du Centre culturel Ahmed Baba, l’engagement de l’Etat partie à modifier la façade principale du projet, ne suffira pas à limiter l’impact négatif visuel de ce projet sur la Mosquée de Sankoré. A ce jour l’Etat partie n’a toujours pas fourni les nouveaux documents techniques permettant une appréciation objective de cette modification. Compte-tenu du démarrage effectif du chantier depuis juillet 2006, il est urgent qu’une mission conjointe du Centre du patrimoine mondial et de l’ICOMOS se rende sur le site pour évaluer l’avancement des travaux et conseiller les autorités maliennes sur les dispositions urgentes qu’il conviendrait de prendre en début de chantier. Sur le nouveau projet de restauration de la Mosquée de Djingareyberre, compte-tenu de l’ampleur du projet envisagé par la Fondation Aga Khan, il est demandé aux autorités maliennes de fournir le plus rapidement possible au Centre du patrimoine mondial tous les documents techniques sur les travaux de restaurations prévus, afin que ceux-ci soient examinés par l’ICOMOS, et que le Comité s’assure que lesdits travaux s’inscrivent bien dans le sens du plan stratégique de conservation et du plan de gestion.