Lors de sa 29e session (Durban, 2005), le Comité tout en décidant de retirer le bien de la Liste du patrimoine mondial en péril, avait également décidé que s’il n’y avait pas de progrès substantiel dans l’achèvement d’un plan de gestion et de réhabilitation visant à faciliter la préservation et le développement durable de la vieille ville de Tombouctou, le bien serait de nouveau inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en péril lors à sa 30e session (Vilnius, 2006).
Afin de permettre l’élaboration du plan de gestion et de réhabilitation, le Mali a obtenu par le biais du Fonds du patrimoine mondial une assistance financière d’un montant de 15 000 dollars des EU et une assistante technique fournie par l’Italie. Sur invitation de l’Etat partie, une mission du Centre du patrimoine mondial s’est rendue à Tombouctou du 6 au 15 mars 2006, afin de constater l’état d’avancement de l’élaboration du plan de gestion et de réhabilitation. A cette occasion, la mission a pu faire les observations suivantes :
a) Un arrêté communal n° 002/CUT/2006 portant création d’un Comité de conservation et de gestion de la vieille ville de Tombouctou a été officiellement signé par le Maire de la Commune de Tombouctou. Ce Comité, composé des responsables communaux et administratifs, des Imams des trois Mosquées (Djingareyber, Sankoré, Sidi Yahia) est chargé de la validation du plan de gestion et de conservation, et de sa mise en œuvre pour la période (2006-2010).
b) Un engagement total des autorités nationales, des autorités municipales de Tombouctou, et des communautés habitant la vieille ville, pour répondre avant l’échéance du 15 mai 2006, à la condition énoncée dans la décision 29 COM7A.14, a été notée. En effet, la mission a constaté que les Imams et les habitants de la vieille ont fourni aux coordinateurs de la rédaction du plan de gestion et de réhabilitation, toutes les informations permettant de comprendre l’histoire et les valeurs du bien. Les autorités nationales par l’intermédiaire du Ministère de la Culture, ont détaché un groupe de professionnels à Tombouctou qui sont chargés de réaliser avant le 15 mai 2006, le document qui devra être soumis à la 30e Session du Comité.
c) Une définition des objectifs de conservation à court, moyen et long-terme est en cours de validation par le biais de réunions publiques avec toutes les parties prenantes. La cartographie est également en cours de réalisation.
Le Centre et l’ICOMOS ont été informés en décembre 2005, par lettre d’un représentant de la Société civile, d’un futur projet de construction du nouveau Centre Ahmed Baba, qui pourrait être réalisé sur le terrain faisant face la Mosquée Sankoré. Ce projet est une initiative conjointe des Présidents de l’Afrique du Sud et du Mali, qui a pour but de sauver les manuscrits dont les plus anciens dateraient du 9e siècle, en dotant la ville de Tombouctou d’un complexe architectural pouvant abriter en un seul lieu une grande bibliothèque, des salles d’archives et de recherches. La mission du Centre a également analysé l’impact que pourrait avoir ce futur projet de construction sur la Mosquée Sankoré. Les documents d’architecture analysés, ainsi que les informations recueillies suite aux réunions avec les autorités des ministères de l’Education nationale et de la Culture, conduisent à la conclusion, que le projet architectural actuel pourrait affecter la valeur universelle du bien du patrimoine mondial. En effet, le projet architectural montre que la construction serait réalisée dans la zone tampon. Ses dimensions, sa typologie, les matériaux envisagés pour sa construction, ne permettent pas de garantir l’intégrité et l’authenticité pour lesquels Tombouctou a été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en 1988. Dans la perspective opérationnelle de cet important projet, les recommandations suivantes, qui s’appuient sur le Memorandum de Vienne et sur les Orientations, ont été formulées par la mission :
a) Il est plus que nécessaire de réaliser une étude historique de la place de Sankoré, en s’appuyant sur les objectifs et les activités définis dans le plan de gestion et de conservation de Tombouctou. Cette étude viserait à mieux comprendre l’histoire du lieu et son architecture, et à donner un cadre d’approche spatiale pour une meilleure intégration de l’architecture contemporaine dans les années à venir.
b) La rédaction d’un cadre d’aménagement et d’urbanisme de la place Sankoré, devant inclure toutes les mesures visant à respecter le tissu historique, est un préalable à toute intervention architecturale. Ce cadre, qui pourrait porter sur la fonctionnalité de la place, les typologies, les matériaux, l’éclairage, le mobilier urbain, les espaces verts, contribuerait à coordonner la réalisation de toutes les constructions contemporaines, dans le respect de la valeur universelle de la Mosquée Sankoré.
c) L’importance pour les autorités du Mali et de l’Afrique du Sud, de revoir la conception architecturale du projet, afin de garantir la compatibilité d’une telle nouvelle construction à côté de la Mosquée de Sankoré, inscrite sur la Liste du patrimoine mondial.