Lors de sa 27e session, le Comité a demandé au Centre et à l’ICOMOS de coopérer avec l’Etat partie pour entreprendre une mission de suivi à Lamu (Kenya) afin de s’assurer de l’état de conservation du bien. Le Comité a également demandé à l’Etat partie de coopérer avec le Centre et l’ICOMOS au développement d’un programme de réhabilitation de Lamu et de définir les besoins d’assistance auprès du Fonds du patrimoine mondial et des autres sources pour les activités de réhabilitation du bien. La mission a été menée du 22 au 27 mars 2004.
La mission du Centre et de l’ICOMOS note que trois ans après l’inscription sur la Liste du patrimoine mondial, l’état de conservation de Lamu est satisfaisant. Il n’y a manifestement aucun développement incontrôlé qui menace l’inscription de Lamu en tant que site du patrimoine mondial, ni aucun signe grave de mauvaise gestion déterminée du patrimoine. Les Musées nationaux du Kenya (NMK), le Conseil général de Lamu et le Commissaire ont tous un sens aigu de leurs responsabilités et coopèrent à la gestion du site. Comme l’a indiqué la 27e session du Comité, la principale menace originelle pour la gestion du patrimoine, qui a obligé les NMK à rechercher l’appui de l’UNESCO, donne l’impression d’être entièrement jugulée.
Le Centre et l’ICOMOS ont noté que la gestion de Lamu, en tant que site du patrimoine mondial, réclame une attention particulière afin d’être orientée de manière à prévenir les nombreuses menaces éventuelles pour son identité, tout en assurant sa capacité permanente à conserver son identité matérielle et spirituelle au fil du temps.
Ce bien nécessite un plan de gestion qui intègre les multiples questions administratives, économiques, sociales et matérielles pour les inclure dans un programme global. L’avantage de la proximité de Mombasa qui accueille les programmes de sauvegarde du patrimoine régional et mondial, comme les cours du Programme de Développement des Musées en Afrique et Africa 2009, pourrait être utilisé pour procurer la logistique nécessaire et les spécialistes en la matière.
L’incendie est un danger permanent à Lamu. Les menaces sont constituées, entre autres, par les matériaux employés dans l’habitat local – en particulier pour la toiture – et le carburant qui alimente des centaines de bateaux. A titre de précaution provisoire, il convient de renforcer la législation en vigueur pour lutter contre l’incendie par un effet immédiat. Le stockage du carburant doit être d’autant plus étroitement contrôlé qu’il semble être la cause d’incendie la plus probable. La vente de carburant devrait être abandonnée dans la partie centrale de la Vieille ville de Lamu. Les bâtiments publics devraient être équipés de dispositifs fonctionnels de lutte contre l’incendie et la population devrait être sensibilisée à ce risque.
L’équipe de la mission du Centre du patrimoine mondial et de l’ICOMOS n’a pas pu étudier le plan de réhabilitation du tout-à-l’égout, qui avait été proposé grâce au financement du Gouvernement japonais. Mais d’après la discussion avec le Conservateur en chef du Fort de Lamu, il semble que le projet n’aborde pas la question des égouts. C’est peut-être parce qu’elle n’est pas jugée problématique à Lamu en raison du traitement traditionnel dispensé naturellement en creusant toujours de nouvelles fosses une fois que les autres sont pleines. Il est fortement recommandé de faire une étude globale du traitement des déchets solides et liquides de l’île de Lamu, en étudiant particulièrement le système d’égout et la façon la plus viable de l’aménager et de l’adapter.
Le nouveau Projet de loi sur le patrimoine qui doit être présenté au Parlement kenyan marque un progrès. Il ne faudrait pas, cependant, qu’il soit considéré comme exhaustif et définitif au point de résoudre tous les problèmes que rencontre la Vieille ville de Lamu.
Lamu et le Kenya ne possèdent pas toutes les ressources nécessaires pour garantir la bonne gestion de ce site du patrimoine mondial. Heureusement, le Gouvernement est conscient du problème et fait tout son possible pour rechercher des moyens provenant d’autres sources.
L’actuelle démarcation du centre ville de Lamu doit être repensée. Elle s’interrompt brusquement, laissant à l’écart des bâtiments tout aussi remarquables du point de vue historique et architectural. Bien qu’ils soient protégés, les écrans de mangrove de Manda et des autres îlots de l’archipel ne font pas partie du site du patrimoine mondial, et pourtant, sans eux – au moins visuellement – la ville de Lamu a un aspect totalement différent. Puis il y a les dunes de sable uniques également classées au patrimoine national mais à l’extérieur de la zone tampon du patrimoine mondial. L’idéal eut été de les réunir en un seul site. Mais cette vaste étendue de nature et de culture qui doit être effectivement contrôlée par le Musée et le Conseil général de Lamu qui manquent d’équipement et de personnel, rend le projet quasiment irréaliste. Une solution possible serait d’intégrer progressivement l’ensemble de l’île et l’archipel dans la zone du patrimoine mondial. Entre-temps, il faudrait demander à l’UICN d’étudier les valeurs naturelles des dunes, comme le suggère le rapport de la mission.
La mission du Centre et de l’ICOMOS conclut que l’état de conservation de Lamu est satisfaisant.