Suite à la décision 29 COM 7B.36, une mission Centre du patrimoine mondial-ICOMOS-ICCROM s’est rendue sur le site du patrimoine mondial dans le but d’étudier l’état de conservation du bien et proposer des solutions visant à diminuer la pression de développement urbain, et de faire des recommandations au Comité lors de sa 30e Session. La mission, qui a été effectué du 13 au 17 mars 2006, a confirmé que le bien du patrimoine mondial était effectivement soumis à une forte pression de développement urbain, pour laquelle des dispositions urgentes en matière d’aménagement et de gestion doivent être prises, pour ne pas modifier son intégrité. Ce besoin légitime en terme de développement doit en effet être accompagné par un ensemble de dispositions en accord avec les recommandations internationales, afin de répondre aux manques d’orientation et de moyens en terme d’aménagement, qui donne aux populations et aux élus communaux l’impression de vivre dans un espace protégé où selon eux « rien n’est permis ». La pression de développement s’exprime de plusieurs façons :
a) Le non respect des réglementations en vigueur (permis de construire, etc.)
b) l’abandon de maisons d’habitation qui résulte des exigences de mobilité urbaine, de l’inadaptation des maisons aux nouveaux besoins de vivre dans des espaces intérieurs confortables et à la composition de la famille ;
c) la volonté de la population de transformer l’organisation spatiale des habitations par l’utilisation de matériaux et techniques modernes lors des restaurations, ce qui modifie de plus en plus le visage urbain ;
d) les besoins d’équipement de la ville en services publics et autres infrastructures qui modifient profondément la morphologie urbaine de la ville à travers des interventions inappropriés d’installation de l’électricité et du mobilier urbain, et d’évacuation des eaux de ruissellement ;
e) l’absence de moyens techniques et financiers, et de compétences au sein de la municipalité de Djenné, pour apporter des solutions aux problèmes d’aménagement urbain et d’assainissement auxquels fait face la ville (eaux usées, ordures ménagères, etc.) ;
f) la mise en œuvre du plan national d’aménagement du territoire qui n’intègre pas les exigences dues au statut de patrimoine mondial de Djenné ;
g) la présence de plus en plus accentuée des bâtiments administratifs autours de certains sites archéologiques qui font partie du bien, et la perspective d’y installer de différents équipements identifiés dans le schéma directeur d'aménagement et d'urbanisme en cours élaboration ;
h) l’émiettement du mobilier archéologique de surface, provoqué par les piétinements inopportuns depuis plusieurs années.
Afin d’apporter des solutions à cette pression de développement, la mission a recommandé les actions suivantes :
a) l’élaboration d’une cartographie précise permettant de comprendre la délimitation de toutes les composantes du bien du patrimoine mondial, notamment pour les sites archéologiques de Jenné-Jeno, Hambarkatelo, Kaniana et Tonomba dont les limites physiques ne sont à ce jour toujours pas clairement définies ;
b) la mise en place d’outils de réglementation urbaine et de planification utilisant une démarche participative et en relation avec le vécu quotidien des populations.
c) l’urgence d’outiller les services techniques municipaux et les départements techniques des ministères concernés, de références et de dispositions réglementaires permettant de guider leurs interventions dans le respect du bien du patrimoine mondial, notamment la mise en place d’un système d’attribution adapté des permis de construire, et de contrôle des chantiers.
d) la création d’une zone tampon avec un mécanisme de contrôle de l’application des règles d’urbanisme et de construction ;
e) l’élaboration urgente d’un plan de gestion et de conservation des Villes anciennes de Djénné, avec deux composantes : l’un sur le tissu ancien de Djenné, et l’autre sur les sites archéologiques. Ce plan, qui devra être participatif, spécifiera la manière dont la vieille ville ainsi que les sites archéologiques devront être conservés sur une période de 5 à 10 ans, et permettra entre autre d’orienter la préparation des instruments de planification urbaine ou régionale tels que le schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme et d’autres mécanismes de contrôle ou de planification urbaine.
La mission a aussi encouragé l’Etat parti à soumettre une requête d’assistance financière par le biais du Fonds du patrimoine mondial afin d’élaborer les plan de gestion nécessaires et réaliser la cartographie précise permettant de mieux comprendre les limites de toutes les composantes du bien.