Le Centre du patrimoine mondial vient d’être informé qu’un Arrêté Ministériel, signé le 1er septembre 2011, délivre à la Compagnie SOCO (South Africa Congo Oil) un  Certificat d’Acceptabilité Environnementale pour effectuer une campagne d’exploration pétrolière par l’acquisition des données aéromagnétiques et aérogravimétriques dans le bloc V du Rift Albertin (Parc national des Virunga), République Démocratique du Congo (RDC).

 L’UNESCO, le Comité du patrimoine mondial, leurs partenaires et les ONG avaient déjà fait part de leurs préoccupations et de leurs plus vives inquiétudes à l’été 2010 lors de l’attribution à cette même compagnie d’un permis d’exploration, d’une durée de 5 ans, au sein de ce site du patrimoine mondial. L’UNESCO a rappelé a plusieurs reprises les répercussions extrêmement préjudiciables de ce type d’activités pour la valeur universelle exceptionnelle du Parc national des Virunga et sur les habitats de ses espèces emblématiques. Le site est inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en péril depuis 1994.

 La Directrice générale de l’UNESCO s’est personnellement rendue à Kinshasa en janvier 2011 pour rencontrer les autorités congolaises et rappeler qu’aucune exploration ou exploitation pétrolière ne devait être permise au Parc national des Virunga, compte tenu de son classement international et des engagements pris dans le cadre de la Convention du patrimoine mondial. Lors de sa visite, la Directrice générale avait signé avec le Premier ministre congolais, M. Adolphe Muzito, la Déclaration de Kinshasa, dans laquelle le gouvernement congolais s'est engagé  notamment au renforcement de l'application de la loi, à la sécurisation des sites, au renforcement des capacités opérationnelles de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), à la réduction du braconnage commercial, à l'arrêt de l'exploitation illicite des ressources naturelles et au renforcement des efforts d'évacuation pacifique des occupants illégaux des aires protégées. Il faut également rappeler que l’exploration et l’exploitation pétrolière et minière est spécifiquement interdit dans les aires protégées de la République Démocratique du Congo (RDC) par l’Ordonnance loi de 1969 sur la conservation de la nature et par le code minier de 2002.

A la suite de la Déclaration de Kinshasa, en mars 2011, le Ministère de l’Environnement, de la Conservation de la nature et du Tourisme (MECNT) avait suspendu le permis en attendant qu’une Evaluation Environnementale Stratégique (EES) conforme aux standards internationaux soit menée par un organisme indépendant. Cette décision avait été saluée par la Directrice générale de l’UNESCO, qui avait alors formulé le vœu que cette suspension aboutisse à une interruption définitive de toute exploration ou exploitation pétrolière dans ce site du Patrimoine mondial.

Dans une lettre en date du 5 mars 2012, adressée au Ministre de l’Environnement, de la Conservation de la nature et du Tourisme, le Directeur du Centre de patrimoine mondial a exprimé sa préoccupation sur cette autorisation d’entamer les explorationsaéromagnétiques et aérogravimétriques alors que le processus d’évaluation environnementale stratégique est en cours, en demandant que soient fournies de plus amples informations sur la portée de cet Arrêté.

Le Directeur du centre du patrimoine mondial a également rappelé la dernière Décision du Comité du patrimoine mondial (35COM7A.4) dans laquelle il était demandé de suspendre le permis à l’intérieur du site du patrimoine mondial.