Le Centre du patrimoine mondial est déterminé à aider les Iles Salomon et l'Australie à explorer toutes les options pour demander des comptes à l'entreprise, aux propriétaires et aux assureurs responsables. La Directrice du Centre du patrimoine mondial a écrit une lettre à la société de transport maritime et d'affrètement South Express Ltd, au propriétaire du navire Solomon Trader et à la compagnie d'assurance Korea Protection and Indemnity Club (Korea P&I Club), soulignant le rôle important que ces sociétés doivent jouer en attendant les conclusions des enquêtes.
En février 2019, un déversement d'hydrocarbures s'est produit près de Rennell Est, le seul site naturel du patrimoine mondial dans le Pacifique qui figure sur la Liste du patrimoine mondial en péril. Les experts australiens ont immédiatement fourni une assistance aux autorités nationales afin de constater l’état de la situation et réfléchir aux éventuelles mesures d’atténuation à prendre. Le vraquier MV Solomon Trader s'est échoué dans la baie de Kangava (île Rennell) alors qu'il chargeait du minerai de bauxite. Bien que l'échouement et le déversement d'hydrocarbures consécutif se soient produits juste à l'extérieur du bien du patrimoine mondial et qu'aucun déversement d'hydrocarbures n'ait été signalé à l'intérieur du bien à ce jour, des inquiétudes subsistent quant à un impact possible sur le site du patrimoine mondial et sur les moyens de subsistance des communautés locales.

Le Centre du patrimoine mondial remercie l'Australie, membre actuel du Comité du patrimoine mondial, pour son soutien constant et se réjouit de voir les Etats parties à la Convention du patrimoine mondial dans le Pacifique travailler ensemble à la conservation de notre patrimoine mondial commun.
 
"Il est de la plus haute importance que tout dommage causé au bien du patrimoine mondial et aux moyens de subsistance des communautés locales soit entièrement couvert par l'entreprise, les propriétaires et les assureurs responsables, et j'appelle tous les acteurs concernés à assumer leurs responsabilités respectives en attendant les conclusions des enquêtes", a déclaré Dr Mechtild Rössler, Directrice du Centre de l'UNESCO pour le patrimoine mondial.
Un nombre sans cesse croissant d'entreprises, de banques et de compagnies d'assurance telles que Swiss Re, Allianz et Goldman Sachs, pour n'en citer que quelques-unes, se sont engagées à mettre en œuvre des politiques visant à garantir qu'aucun de leurs investissements ne puisse endommager les biens du patrimoine mondial.
 
En 2018, la première déclaration au monde d'engagement de l'industrie de l'assurance pour protéger les sites du patrimoine mondial a été lancée. Cette déclaration a été élaborée par l'Initiative des Nations Unies pour l'environnement sur les principes d'une assurance durable (ISP), le WWF et le Centre du patrimoine mondial de l'UNESCO. Pour plus d'informations, veuillez consulter le site https://www.unepfi.org/psi/. Un guide de l'industrie de l'assurance destiné à fournir des conseils pratiques aux assureurs sur la façon de prévenir ou de réduire le risque d'assurer et d'investir dans des sociétés ou des projets dont les activités pourraient endommager des sites du patrimoine mondial est actuellement en cours.

Dans sa décision 42 COM 7.51 (2018), le Comité du patrimoine mondial se réjouit de l'intérêt croissant du secteur des investissements pour la conservation des biens du patrimoine mondial. Il encourage vivement toutes les banques, fonds d'investissement, compagnies d'assurance et autres entreprises concernées des secteurs privé et public à intégrer dans leurs politiques de durabilité, des dispositions pour garantir que ces entreprises ne financent aucun projet qui pourrait avoir un effet négatif sur des biens du patrimoine mondial et que les entreprises pour lesquelles elles investissent adhèrent à l’engagement " no-go " et les invite à présenter leur politique au Centre du patrimoine mondial de l'UNESCO.
 
Le Conseil international des mines et des métaux (ICMM) et ses membres ont également souscrit en 2004 à l'engagement « No-Go ». Dans le cadre de cet engagement, les sociétés minières ont accepté de ne pas exploiter ou explorer à des fins minières l'intérieur des sites du patrimoine mondial, mais aussi de veiller à ce que les opérations minières adjacentes aux biens du patrimoine mondial n'aient pas d'impact sur la valeur universelle exceptionnelle pour laquelle ces biens sont inscrits et ne mettent pas l'intégrité de ces biens en péril.

Si l'évaluation et l'atténuation des impacts de la marée noire près de Rennell Est sont aujourd'hui des priorités, à long terme, le développement de moyens de subsistances durables pour et par les communautés locales est essentiel. L'exploitation forestière et l'exploitation de la bauxite sont actuellement l'une des rares sources de revenus pour les communautés locales. Le développement de l'écotourisme et des petites entreprises qui tirent profit de la conservation du site du patrimoine mondial, des connaissances traditionnelles de la communauté polynésienne et de ses valeurs culturelles est essentiel pour l'avenir. En 2018, le Comité du patrimoine mondial a appelé la communauté internationale à soutenir les Îles Salomon à développer des moyens de subsistance durables pour les communautés locales.

Rennell Est a été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en 1998. Considéré comme le plus grand atoll corallien surélevé du monde, le bien inclut le Lac Tegano, un lac saumâtre parsemé de nombreux îlots calcaires robustes qui constitue l’ancien lagon de l’atoll, une couverture forestière non modifiée et diverse, et un secteur marin s'étendant jusqu'à trois milles nautiques. Ce bien a été le premier bien naturel inscrit sur la Liste du patrimoine mondial dont la propriété et la gestion sont régies par la coutume. Quelque 1 200 habitants d’origine polynésienne y vivent dans quatre villages, pratiquant des cultures de subsistance, la chasse et la pêche. 

Rennell Est a été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en péril en 2013, en raison des menaces que font peser sur sa valeur universelle exceptionnelle, l’exploitation commerciale de ses forêts et l’invasion incontrôlée de rats. Le site souffre également de la surexploitation de ses ressources marines, dont nous savons peu de choses à l’heure actuelle

L'UNESCO travaille avec les autorités nationales afin d'évaluer la situation et d'identifier les meilleures mesures de mitigation à prendre.

Une mission conjointe de suivi réactif entre Centre du patrimoine mondial et UICN avait déjà prévu la visite du bien dans les mois à venir, comme l'avait demandé le Comité du patrimoine mondial en juillet 2018.


Carte du site du patrimoine mondial de Rennell Est et la baie de Kangava / Kagava adjacente où le déversement a eu lieu © UNESCO