L’application effective du plan de sauvegarde a pris du temps pour se mettre en place. Elle a de fait moins d'un an, même si l'association porteuse du projet a toujours été très active. De ce fait il reste difficile de faire une réelle évaluation de l’efficacité des mesures mises en œuvre mais il est possible de dresser un premier état des lieux des difficultés qu'ont dû affronter les porteurs de tradition, essentiellement liées à des contraintes financières mais aussi des réels espoirs liés à la mise en oeuvre globale des mesures de sauvegarde, qui laisse vraiment espérer qu'elles vont, dans les prochaines années, trouver leur efficacité et qu'elles vont permettre de transmettre le cantu in paghjella auprès des publics intéressés, jeunes ou adultes, ainsi que sensibiliser ceux qui, bien que non praticiens, apprécient le cantu in paghjella. Il est toutefois important de mettre l’accent sur le réel engouement des élèves des collèges participant au programme de formation. En effet, aujourd’hui, près d'une centaine d’élèves bénéficie actuellement de l’enseignement du cantu in paghjella, mais la demande des jeunes publics s'est révélée bien plus élevée que prévu. Le nombre des jeunes élèves intéressés et motivés pour suivre de manière assidue les activités de transmission pourrait facilement atteindre le double voire le triple si les moyens financiers dégagés permettaient aux praticiens souhaitant transmettre leurs savoirs de pouvoir être indemnisés et d'être ainsi déchargés des activités et métiers qu'ils exercent en plus de leur art. En effet, si les praticiens consacraient l'essentiel de leur temps à transmettre de manière formelle l'enseignement des paghjelle aux élèves des collèges et lycées d'une part, et d'autre part, à enseigner également le cantu in paghjella à des adultes toujours plus nombreux, souhaitant parfaire leurs connaissances, le cantu in paghjella pourrait connaître un réel regain de popularité, et serait de nouveau partagé par une majeure partie de la population. Force est de reconnaître que les moyens financiers mis en œuvre sont très nettement insuffisants et que les opérations de transmission actuellement en cours de réalisation reposent essentiellement sur l’engagement personnel des paghjellaghji qui ne veulent pas voir disparaître leur patrimoine. Les résultats seraient plus probants si les mesures de sauvegarde avaient débuté dès 2010. Les résultats obtenus sont déjà bien supérieurs à ceux qui pouvaient être espérés compte tenu du faible montant octroyé. Il ne s'agit donc pas là d'un problème lié aux praticiens, ou aux publics d'amateurs plus ou moins affirmés. Au contraire, ils sont tous extrêmement motivés pour faire vivre le cantu in paghjella, et les jeunes constituent un vivier qui saura certainement produire de bons chanteurs dans les années futures, sensibles à la transmission de leur héritage, ainsi qu'à son renouvellement. Les ressources humaines existent, mais elles ne sont pas encore tout à fait appropriées car le financement n'est pas suffisant pour répondre au fort potentiel lié à la transmission et à la sauvegarde du cantu in paghjella.