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Paysage culturel du Lac Tchad (Chad)

Date of Submission: 30/10/2018
Criteria: (ii)(iii)(vii)(ix)
Category: Mixed
Submitted by:
Ministère du Développement Touristique, de la Culture et de l’Artisanat
State, Province or Region:
Province du Lac, Départements : Kaya, Mamdi, Doum-Doum et Wayi
Ref.: 6361
Transboundary
Other States Parties participating
Cameroon
Niger
Nigeria
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Property names are listed in the language in which they have been submitted by the State Party

Description

Le Lac Tchad est une étendue d’eau douce peu profonde qui s'étend au milieu d'un massif dunaire entre quatre (4) pays à savoir : le Tchad, le Cameroun, le Niger et le Nigeria. La paléogéographie nous renseigne que le Lac Tchad a été en constante évolution en rapport avec les conditions climatiques.

Sa superficie a connu des variations dont l’interprétation a fait l’objet de nombreuses controverses. Son étendue actuelle se situe autour de 17.000 Km2 en fin de saison des pluies. Il s’agit d’un lac endoréique alimenté principalement par les cours d’eau que sont le Logone, le Chari, et la Komadougou Yobé.

Cet écosystème comporte une grande variété de zones humides : eaux libres, ilots-bancs, polders et mares temporaires ou permanentes, riches en natron. Aux abords du lac, les sables du désert et l’eau se rencontrent en un réseau complexe de méandres, parfois cultivés. De nombreuses plaines inondables entourent le lac, et abritent des plantes aquatiques comme le papyrus ou la spiruline mais aussi de nombreuses espèces animales dont des oiseaux migrateurs, qui utilisent ces plaines comme aires de repos.

Le Lac Tchad a pour particularité d’être couvert de centaines d’iles dont de nombreuses sont habitées par plusieurs communautés (Kotoko, Mouloui, Barma, Boulala, babalia, Kanembou, Haoussa, …) qui vivent de ses ressources et perpétuent des modes de vie assurant leur résilience. Cette cohabitation entre l’Homme et la nature qui perdure depuis des siècles donne une véritable dimension de paysage culturel à cet immense lac.

La présence humaine aux abords du lac remonterait à l’ère Paléolithique. La Civilisation Sao qui est la plus ancienne, désigne sensiblement un ensemble de populations qui viendraient de la vallée du Nil et qui ont peuplé les abords du Lac Tchad autour du Ve  siècle avant J-C[1]. De par leur occupation géographique, on peut dire que les Sao et le Lac Tchad sont indissociables. Ils vivaient principalement de la pêche, de la chasse, de l’agriculture et connus également comme de grands artistes, ils ont laissé des vestiges archéologiques et objets usuels et des pratiques de pêche, d’agriculture et de chasse qui constituent aujourd’hui le patrimoine de leurs descendants.


[1] LEBEUF (J-P), Carte archéologiques des abords du Lac Tchad (Cameroun, Nigeria, Tchad), 1969, Paris, 171P.

Description of the component part(s)

Le Lac Tchad est composé de valeurs culturelles et naturelles. La pluviométrie annuelle varie de 200 à 400 mm tandis que la température moyenne annuelle varie de 35° C à 40° C. L'humidité relative est faible durant une longue période de l'année. Malgré le type de climat sahélien avec une très courte saison de pluie et une longue saison sèche dans cette zone, les populations riveraines ont su dompter les aléas de la nature pour leur survie.

Sur le plan culturel, l’histoire du Lac Tchad est connue, grâce aux écrits des voyageurs arabes, aux travaux archéologiques, ainsi qu’aux traditions orales qui résistent encore à l’épreuve du temps. Les fouilles archéologiques indiquent que la présence humaine sur le Lac Tchad remonte au Vème siècle avant Jésus Christ.[1]Il s’agit des Sao, ancêtres des Kotoko, qui seraient venus du Nord pour fonder des cités protégées par de grandes murailles[2]

On doit à cette civilisation Sao de nombreuses connaissances et pratiques culturelles qui ont façonné les modes de vie des habitants actuels du lac. En effet, les pratiques actuelles de pêche, de transformation du poisson restent vivaces grâce aux savoirs faire traditionnels qui se perpétuent.

Sur le plan naturel, l’environnement du Lac Tchad présente une mosaïque exceptionnelle de formations végétales qui alternent entre les ligneux et les herbacés et parsemés d’oasis et de zones humides d’importance internationale.

Ces espaces abritent une grande diversité de faune. Parmi les espèces remarquables on peut citer l’hippopotame, le crocodile du Nil, le varan du Nil, les tortues terrestres et aquatiques et la loutre. On compte également environ 120 espèces de poissons comprenant les Tilapia sp, Clarias Gariepinus, Heterotis niloticus, Lates niloticus, et Bagrus sp. En outre, le Lac Tchad est une niche écologique d’importance pour de milliers d’oiseaux migrateurs. Plus de 350 espèces d’oiseaux y ont été répertoriés.

Le Lac Tchad comprend une zone humide d’importance internationale (sites Ramsar) au Tchad, au Cameroun, au Niger et au Nigeria.

[1]J-P. Lebœuf, 1962, L’archéologie tchadienne : les Sao du Cameroun et du Tchad, Paris, PUF, p.43

[2] S.J. Triminghan, 1982, (1ère éd. 1962), A History of Islam in West Africa, Oxford / New York, Oxford University Press.

Justification of Outstanding Universal Value

Critère (ii) : De par sa position géographique stratégique aux portes du Sahara, le Lac Tchad a toujours été un carrefour de routes commerciales et le lieu d’échanges culturels incessants. C’est aussi un lieu où cohabitent nomades et sédentaires.  Aujourd’hui encore, les produits de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche parviennent jusque sur la côte atlantique, au Cameroun et au Nigéria notamment. Cette cuvette oasienne a été aménagée pour fournir de la nourriture à tout son bassin grâce à des formes adaptées d’agriculture, de pêche et d’élevage. Les zones humides saisonnièrement inondées ont été aménagées de digues pour développer des polders pour le développement de l’agriculture et la production d’algues qui n’auraient pas été possibles dans des zones aussi arides. Les rôniers, palmiers doums et palmiers dattiers fournissent des ressources essentielles à la vie sur le lac.  Ces divers échanges ont ainsi façonné le paysage culturel lacustre au fil des siècles, en promouvant des vocations spécifiques complémentaires entre les peuples. Ceux-ci ont développé des pratiques, des modes de production et d’aménagement de l’espace adaptés aux milieux dont leur survie dépendait. Le lac a constitué un élément de liaison entre les différentes communautés dont la complémentarité est assurée par la spécialité fonctionnelle de chacune (éleveurs, agriculteurs, pêcheurs).

Critère (iii) : Le Lac Tchad est lié à la civilisation Sao qui remonte au Vème siècle avant notre ère. Cette civilisation, également connue sous le nom de « civilisation de la terre cuite » aujourd’hui disparue, a légué un patrimoine important ancré dans les pratiques culturelles des communautés, notamment chez les Kotoko qui se revendiquent leurs descendants. Les objets, issus des fouilles archéologiques sur des sites Sao, révèlent une continuité avec les pratiques actuelles de pêche et de traitement du poisson notamment. Des poteries, des outils en métal, des accessoires de pêche ou même des embarcations traditionnelles sont toujours fabriqués de nos jours. Les maisons des pêcheurs sur les îles du lac sont directement le fruit de plusieurs siècles d’évolution d’une architecture très élaborée et parfois même richement décorée comme on en trouve encore chez les Kotoko du Tchad et du Nord-Cameroun.

Critère (vii) : Le site est un lac dans un écosystème désertique, partagé par quatre (4) pays, il est caractérisé par une succession de dunes de dimensions variables lui conférant une beauté exceptionnelle. De plus, le Lac Tchad a pour particularité d’être couvert par une centaine d’îles et d’ilots très spectaculaires au milieu d'un environnement désertique. Caractérisé par une alternance de zones désertiques et végétalisées, le Lac Tchad présente une beauté paysagère unique.

Critère (ix) : La zone du Lac Tchad présente une grande diversité d’écosystèmes inhabituellement rencontrées dans les régions arides. Cette mosaïque de formations végétales qui alternent les savanes arbustives, les steppes et les zones humides fait du Lac Tchad, un oasis d’importance pour la biodiversité notamment pour de milliers d’oiseaux sédentaires et migrateurs. L’ichtyofaune y est également riche et variée avec environ 120 espèces de poissons inventoriées. Les processus écologiques et biologiques du Lac Tchad suivent un fonctionnement naturel dont l’équilibre reste stable. L’important système hydrographique permet de maintenir de l’eau en toute saison de l’année dans certaines parties du Lac Tchad.

Statements of authenticity and/or integrity

Le Paysage Culturel du Lac Tchad remplit les conditions d’intégrité et d’authenticité. En effet, concernant l’intégrité, le site héberge un ensemble de valeurs esthétiques, une biodiversité unique et des processus écologiques qui sous-tendent sa valeur universelle exceptionnelle. 

Avec une superficie de 17.000 km2, le Paysage Culturel du Lac Tchad est une représentation complète des caractéristiques et des processus sociologique, géologique, biologique, écologique et hydrologique de la région. En effet, il contient une mosaïque de communautés autochtones et allochtones, des végétations des milieux lacustres, avec un plan d’eau douce dont le paysage offre un panorama d’une beauté exceptionnelle.

En dépit des pressions anthropiques sur ses ressources naturelles, les écosystèmes du Lac Tchad sont globalement bien conservés avec les services écosystémiques et valeurs culturelles associés.

En effet, les processus écologiques et biologiques au niveau du Lac Tchad suivent un fonctionnement naturel dont l’équilibre reste stable. De ce fait, le site garde ses attributs et constitue un refuge pour plusieurs espèces végétales et animales menacées d’extinction. Par ailleurs, la bonne protection légale et juridique des ressources naturelles de la biodiversité est une garantie de durabilité pour la survie des espèces présentes.

L’important système hydrographique permet de maintenir de l’eau en toute saison de l’année dans certaines parties du Lac Tchad. Il offre une réserve permanente en eau pour la faune et permet le développement des espèces de poissons, dont les activités de pêche font vivre les communautés locales, mais également un important réservoir alimentaire pour les oiseaux d’eau.

S’agissant de l’authenticité, les abords du site ont été occupés premièrement par un peuple légendaire de grande taille, artistes, bâtisseurs, dotés de forces prodigieuses appelés Sao.

Caractérisé par ses richesses patrimoniales, témoins de l’existence d’une ancienne civilisation, dite civilisation de l’argile ou de la terre cuite, le Lac Tchad recèle d’innombrables vestiges archéologiques et objets usuels des Sao qui sont encore conservés dans des musées communautaires.

Le Lac Tchad et la civilisation Sao sont intimement liés et indissociables, c’est ainsi que le lac et son bassin ont une qualification de « berceau des Sao ». Depuis l’antiquité, leur savoir-faire en matière de technologie de la terre cuite et de l’architecture traditionnelle n’a été signalé nulle part ailleurs, ce qui lui confère un caractère exceptionnel.

Par ailleurs, les techniques de construction des habitats traditionnels, l’utilisation du « gley » ou vermiculite provenant du lac, les savoir-faire authentiques, les danses, les rites et les festivals, sont des valeurs culturelles spécifiques exceptionnelles partagées par les peuples vivants aux abords du lac. De plus, les Sao sont un ancien peuple de noirs, premiers à avoir bâti une authentique civilisation dans le bassin du Lac Tchad, qui couvre aujourd’hui le Nord du Cameroun, le Nord-est du Nigeria et le Sud-est du Tchad. La civilisation Sao, aujourd’hui est perpétuée, par les Kotoko, les Boudouma, les Massa et Kanouri descendants de ce peuple qui continuent à préserver et à valoriser le patrimoine culturel et naturel.

Justification of the selection of the component part(s) in relation to the future nomination as a whole

La partie tchadienne du Lac Tchad, la diversité et le nombre des oiseaux d'eau qui fréquentent le lac résultent de la conservation de ses paysages ainsi que de la préservation de sa capacité d'accueil d’oiseaux migrateurs. Ceci est un indicateur du bon état et du fonctionnement de l'écosystème.

Les marécages permanents et les marais temporaires de la composante Tchad sont les deux (2) zones écologiques différentes dans lesquelles la végétation joue un rôle particulièrement important. Il est un lac peu profond d'Afrique dont les eaux sont douces, ce qui est rare pour un lac endoréique Les animaux domestiques tels que la vache kouri qui est également emblématique du Lac, les éléments de cette race bovine pure méritent d'être conservés pour les caractéristiques zootechniques. Le bien est depuis des millénaires un centre de développement commercial et d’échanges culturels entre les pays du Nord et celles au Sud du Sahara.

L’inscription du Lac Tchad comme paysage culturel contribuerait à la conservation et à la valorisation de ses valeurs culturelles et naturelles exceptionnelles.

Comparison with other similar properties

Le paysage culturel du Lac Tchad est comparable à d’autres biens tels que : les Lacs d’Ounianga, le Massif de l’Ennedi, le Lac Tanganyika, le réseau des lacs du Kenya dans la vallée du Grand Rift, le Delta de l’Okavango, le paysage culturel du lac de l’Ouest de Hangzhou et les Ahwar du Sud de l’Irak.

Le Lac Tchad est caractérisé d’une part, par une beauté exceptionnelle se traduisant par la présence du désert de Tall et une association de dunes de tailles variables et d’autre part, par des processus écologique et biologique dynamiques de ses nombreuses zones humides. Ces valeurs naturelles sont presque identiques à celles du Delta de l’Okavango, des Lacs d’Ounianga et du réseau des lacs du Kenya dans la vallée du Grand Rift en Afrique ; mais également comparables à celles du paysage culturel du lac de l’Ouest de Hangzhou en Chine et des Ahwar du sud de l’Irak.

En effet, le Paysage Culturel du Lac Tchad partage des caractéristiques communes avec de nombreux autres sites de la planète, en tant que source de vie aux portes d’un vaste désert, ce qui le rend si précieux pour l’homme et pour la biosphère dans son ensemble. Ce qui caractérise ce lac, à part sa taille imposante de 17.000 km², ce sont les centaines d’îles et d’îlots qui constellent sa surface, sur lesquelles s’abritent des villages de pêcheurs et des colonies d’animaux sauvages. Aucun des grands lacs de la planète n’est ainsi couvert d’un si grand nombre d’îles. Aucun lac ne peut présenter un si vaste réseau d’îles sur lesquelles l’homme et la nature cohabitent. Ce labyrinthe de parcelles de terre et de bras d’eau entrelacés rappelle d’autres "paysages refuges", comme ceux des Ahwar d’Irak où l’homme et de nombreuses espèces animales trouvent un abri précieux. Cette morphologie complexe du paysage et les tensions géopolitiques qui malheureusement minent la région ont préservé le lac de changements majeurs qui auraient pu bouleverser l’équilibre social, environnemental et culturel. Les nuisances dont de nombreux lacs de la planète souffrent comme le tourisme ou les activités industrielles polluantes n’existent pas au Lac Tchad. Le tourisme y est complètement absent pour des raisons de sécurité et de manque d’infrastructures, et il n’y a pas d’exploitation pétrolière ou autre industrie polluante sur les rives du lac.

De plus, du point de vue de ses valeurs culturelles, le paysage du Lac Tchad est une aire de développement de la civilisation Sao dite ‘civilisation de terre cuite’ plus ancienne. De ce fait, il est une aire ancienne d’une civilisation basée sur la terre cuite et l’architecture traditionnelle.

Enfin, la Liste du Patrimoine Mondial ne comporte actuellement pas de paysage culturel lacustre habité. Le seul lac inscrit comme paysage culturel est le "Paysage culturel du lac de l’Ouest de Hangzhou" en Chine. Son inscription, porte sur la beauté picturale d’un lac dont l’esthétique a été améliorée par l’homme pour créer des tableaux qui inspireront de nombreux écrivains, peintres et poètes. Ce paysage culturel chinois est visité comme une œuvre d’art mais pas habité. Cette dimension d’un paysage lacustre décoré avec raffinement par des éléments rapportés n’a rien à voir avec cette proposition d’inscription du "Paysage Culturel du Lac Tchad" qui souhaite mettre en avant la capacité de l’être humain à développer un mode de vie assurant sa sécurité physique, sa résilience et son harmonie avec l’environnement.