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Interview

Nous devons nous unir pour relever nos plus grands défis transnationaux.

12/10/2020

Photo: Ho-Young Ahn, universitaire et diplomate coréen.

« Quels sont les défis les plus pressants auxquels le monde doit faire face ? », interroge Ho-Young Ahn, universitaire et diplomate coréen. « Évidemment, la pandémie. Ensuite, bien sûr, le changement climatique. Les étés sont de plus en plus chauds partout, et les catastrophes naturelles de plus en plus fréquentes et graves. Le changement climatique me préoccupe particulièrement. Le troisième grand défi est la sécurité internationale. Les évolutions observées dans ce domaine sont de plus en plus inquiétantes. »

Ces tendances, affirme Ho-Young Ahn, nous rappellent plus que jamais la nécessité d'une coopération internationale.

« Prenons la pandémie, par exemple. C'est un défi transnational », poursuit Ho-Young Ahn. « Nous ne pouvons pas y répondre seuls. Bien sûr, nous pouvons essayer, mais si nous travaillons ensemble, ce sera beaucoup plus efficace. De même pour le changement climatique et les défis liés à la sécurité. Certes nous pourrions y répondre à l’échelon national, mais nous obtiendrions de meilleurs résultats en unissant nos forces. »

Pour Ho-Young Ahn, le caractère transnational de ces défis est l'une des raisons pour lesquelles le multilatéralisme reste si pertinent. Alors que nous célébrons le 75e anniversaire de l'Organisation des Nations Unies, Ho-Young Ahn nous invite à réfléchir au rôle du multilatéralisme depuis la création de l’Organisation.

« Réfléchissons à ce que signifie le multilatéralisme après 75 ans. La guerre n’était pas encore finie que les dirigeants du monde avaient déjà une vision de ce que serait la coopération internationale après le conflit. Et aujourd'hui, lorsque nous pensons aux défis transnationaux auxquels nous sommes confrontés, le multilatéralisme apparaît plus important que jamais. D'une manière générale, je me félicite grandement de la façon dont les Nations Unies ont fonctionné depuis 75 ans. »

Au vu des résultats de l'enquête de l'UNESCO « Le monde en 2030 », il apparaît que si dans leur grande majorité les personnes interrogées pensent que la coopération internationale est indispensable pour relever les défis mondiaux, beaucoup ont également peu confiance dans la capacité du monde à y répondre. Sur ce point, Ho-Young Ahn offre quelques conseils.

Plutôt que de dire que nous ne pouvons pas le faire, nous devons nous demander comment nous pouvons le faire. Tout d'abord, nous devons penser à tout ce que l'Organisation des Nations Unies a accompli depuis sa création. Rappelons-nous d’où nous partions. Nous devons ensuite proposer des solutions concrètes aux défis et les faire connaître aux citoyens du monde.

Ho-Young Ahn

Outre son rôle multilatéral, c'est par de telles solutions concrètes que l'UNESCO peut fournir des outils tangibles pour la construction de la paix. À cet égard, le mandat interdisciplinaire de l'UNESCO constitue une solide plate-forme de départ.

« Dès le premier jour, la construction de la paix a été la question centrale pour l'Organisation des Nations Unies. En ce qui concerne l'UNESCO, cette question est littéralement inscrite dans son mandat qui est d’élever les défenses de la paix dans l’esprit des hommes et des femmes. Les domaines d'action de l'UNESCO que sont l'éducation, la science et la culture sont-ils distincts les uns des autres ? Je ne le pense pas. Je pense au contraire qu'ils sont indissociables. La force de l'UNESCO est de les combiner avec la paix comme objectif. »

L'éducation à la citoyenneté mondiale, un outil essentiel pour des sociétés pacifiques

« L'accès à l'éducation, la science et la culture doit servir à construire la paix, non à semer les graines de la haine », déclare Ho-Young Ahn. « Par exemple, après la Guerre de Corée, le pays avait d’immenses besoins. Il a concentré ses efforts sur l'éducation comme moyen de reconstruction, mais il lui manquait les ressources nécessaires. L'UNESCO est arrivée et a donné à la Corée ce dont elle avait besoin. Les manuels scolaires ont été imprimés sur des presses fournies par l'UNESCO. »

Dans ses actions concrètes, l'UNESCO sert un mandat supérieur qui est la construction de la paix. Dans un contexte mondial marqué par des défis transnationaux, l'UNESCO peut s'appuyer sur l'esprit du multilatéralisme, de la coopération mondiale, pour participer à la réalisation de cet objectif. Pour ce faire, l'éducation à la citoyenneté mondiale est l'un des principaux outils à sa disposition.

« L'UNESCO a promu cette idée d'éducation à la citoyenneté mondiale, et à juste titre. Mais pourquoi l'éducation à la citoyenneté mondiale est-elle importante ? Prenons par exemple le changement climatique. Le débat sur cette question tourne essentiellement autour de l’opposition entre l'économie et l'action sur le changement climatique. Cette dichotomie préoccupe beaucoup de gens, et pourtant elle n'est pas réelle ! Un moyen de le faire savoir est de renforcer l'éducation à la citoyenneté mondiale, afin que nous puissions nous considérer comme des citoyens du monde confrontés à des problèmes transnationaux. »

Pour Ho-Young Ahn, un domaine dans lequel l'UNESCO pourrait se distinguer serait de plaider pour que l'éducation à la citoyenneté mondiale soit inscrite dans les programmes d'enseignement nationaux. L'UNESCO est l'une des voix les plus fiables dans le domaine de l'éducation, dit-il. Elle a donc le devoir d'aider les enfants à élargir leurs horizons et à devenir des citoyens du monde.

Les enfants apprennent dans les cours d'éducation civique ce que signifie être un bon citoyen dans leurs sociétés respectives. Cet horizon doit être élargi afin qu'ils puissent devenir des citoyens transnationaux – des citoyens du monde éclairés.

Ho-Young Ahn

Être un citoyen du monde signifie comprendre que les défis contemporains sont internationaux par essence et contribuer à l'échelle mondiale à édifier des sociétés plus pacifiques, tolérantes, inclusives, sûres et durables. Ce 75e anniversaire de l'Organisation des Nations Unies nous offre l'occasion de réfléchir à cette question, et à la manière dont le multilatéralisme et la citoyenneté mondiale peuvent contribuer ensemble à faire face aux défis transnationaux.

« Les défis transitionnels ne manquent pas. Et nous avons besoin de poser sur eux un regard nouveau. Peut-être pas si nouveau que cela. Nous savons depuis 75 ans que les défis auxquels nous sommes confrontés sont mondiaux. Nous devons simplement être déterminés à les relever ensemble. »

Ho-Young Ahn est membre du Groupe de réflexion de haut niveau de la Directrice générale, une initiative qui s'inscrit dans le cadre de la Transformation stratégique de l'UNESCO et qui est destinée à anticiper et à analyser les évolutions à l’échelle mondiale ainsi qu'à contribuer à l'enrichissement de la prochaine Stratégie à moyen terme de l'UNESCO.

 

*Les idées et opinions exprimées dans cet article sont celles de l'auteur et ne reflètent pas nécessairement les opinions ou la position officielle de l'UNESCO.