<
 
 
 
 
×
>
You are viewing an archived web page, collected at the request of United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization (UNESCO) using Archive-It. This page was captured on 01:16:38 Dec 05, 2020, and is part of the UNESCO collection. The information on this web page may be out of date. See All versions of this archived page.
Loading media information hide

Construire la paix dans l’esprit
des hommes et des femmes

Grand angle

Les premiers pas d’une Commission unique en son genre

cou_01_21_wide_angle_ioc_website_01.jpg

Expédition internationale de l’Océan Indien. Mise en place, à l’aide d’un ballon à hydrogène, d’un appareil de transmission destiné aux observations météorologiques.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, certains pays plaident en faveur d’un partage des connaissances océanographiques à l’échelle mondiale. Mais il faut attendre décembre 1960 pour que soit créée la première instance chargée de renforcer la coopération dans le domaine des sciences marines : la Commission océanographique intergouvernementale de l’UNESCO.

Jens Boel
Historien danois et archiviste en chef de l’UNESCO de 1995 à 2017, il est à l'origine du Projet « Histoire de l’UNESCO » initié en 2004, qui encourage l’exploitation des archives de l’Organisation. Son prochain ouvrage, Exploring the Ocean, consacré à l’histoire de la Commission océanographique intergouvernementale, paraîtra en 2022.

De 1959 à 1965, quarante-cinq navires de recherche naviguant sous quatorze pavillons différents ont sillonné l’océan Indien. Les atlas, cartes et études scientifiques issus de cette expédition ont révolutionné les connaissances géologiques, géophysiques et biologiques relatives à cet océan. Les données recueillies ont permis de mieux connaître la mousson et ses variations, mais aussi de découvrir des ressources alimentaires et des gisements minéraux. L’expédition a également aidé des pays comme l’Inde, l’Indonésie, le Pakistan et la Thaïlande à développer leurs infrastructures dans le domaine des sciences de la mer. Entreprise unique, cette Expédition internationale de l'océan Indien (IIOE) a été la plus grande initiative de ce type jamais lancée auparavant.

La coordination de cet effort de recherche international sans précédent fut la première grande mission de la Commission océanographique intergouvernementale (COI), qui fête

le 14 décembre 2020 son 60e anniversaire.

Mise en commun des connaissances

La route a été longue jusqu’à la création de la COI. Dès la première session de la Conférence générale, en novembre 1946, l’Inde propose la création d’un institut d’océanographie et des pêches chargé d’étudier l'océan Indien. Mais la première initiative politique en faveur de l’inclusion des sciences marines dans le programme de l’UNESCO revient au Japon. En 1952, le pays présente un projet de résolution visant à engager l’Organisation à promouvoir la coopération internationale dans le domaine océanographique. Le but est d’optimiser l’exploitation des ressources marines (pêches, ressources minérales et énergie) et de « fournir une base pour la coexistence pacifique de toute l’humanité ». Le projet est bien accueilli, mais n’est pas suivi d’un engagement de ressources significatif de la part de l’UNESCO. La percée se produit en 1954, lors de la session suivante de la Conférence générale, quand le Japon propose de nouveau le lancement d’un programme de sciences marines.

Jamais avant 1960 l’océanographie n'avait figuré aussi haut sur l’agenda politique international

L’Année géophysique internationale, AGI (juillet 1957-décembre 1958), a joué un rôle essentiel dans la dynamique qui a impulsé la création de la COI. L’AGI a élaboré le cadre d’une série importante d’activités géophysiques mondiales. Bien que la plus connue d’entre elles ait été le lancement par les Soviétiques de Spoutnik 1, le premier satellite artificiel, l’AGI a également considérablement renforcé l’intérêt de la communauté internationale pour les projets océanographiques.

Intérêt dicté par diverses motivations, en particulier l’étude des vagues, courants et marées, la préoccupation concernant la pollution radioactive, la quête de ressources alimentaires ou naturelles, et par la volonté des scientifiques d’améliorer les connaissances sur les grands fonds marins et les interactions entre les océans et l’atmosphère. L’idée qu’il est nécessaire de collecter et de partager des données à l’échelle mondiale sur tous ces sujets s’impose peu à peu.

En juillet 1960, une conférence océanographique est organisée par l’UNESCO à Copenhague, au Danemark. Composée des délégations de 35 pays et de représentants d’autres organisations internationales, elle recommande la création d’un nouvel organe intergouvernemental pour promouvoir l’étude scientifique des océans. Cette proposition est approuvée en décembre 1960 par la Conférence générale.

C’est une première. Jamais auparavant l'océanographie n'avait figuré aussi haut sur l'agenda politique international.

De la gestation à l’action

Certains scientifiques à l’origine de la COI auraient préféré la création d’une agence des Nations Unies à part entière, l’Organisation océanographique mondiale (OOM). D’autres agences des Nations Unies se sont interrogées sur les raisons pour lesquelles l’UNESCO devrait prendre l’initiative dans ce domaine. C’est notamment le cas de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), qui ont mis en avant leurs compétences respectivement en matière de pêche et de météorologie.

La question de la répartition des compétences au sein du système des Nations Unies est restée un défi au fil des ans, mais la plupart des activités de la COI ont été menées en étroite coopération avec les agences onusiennes et d’autres partenaires. La COI joue également un rôle dans les activités des Nations Unies, telles que la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (UNCLOS), le cadre juridique mondial pour l’océan.

Autre défi : celui de l’étendue du mandat de cette nouvelle Commission. Dès le départ s’est posée la question de savoir s’il fallait soutenir la recherche la plus avancée, pour repousser le plus rapidement possible les limites des connaissances, ou se concentrer sur le développement des capacités océanographiques des pays en développement. En réalité, la COI a fait les deux, en mettant aujourd’hui davantage l’accent sur le renforcement des capacités.

Au cours de ses 60 ans d’existence, la Commission, qui compte désormais 150 États membres, a progressivement réorienté ses activités vers les systèmes d’observation systématique et permanente, comme le Système mondial d’observation de l’océan (GOOS), créé en 1991, et le concept général de développement durable. Mais la recherche et le partage des connaissances sur tous les sujets liés à l’océanographie, à l’image du Rapport mondial sur les sciences océaniques, restent le leitmotiv de son travail.

La recherche et le partage des connaissances océanographiques restent le leitmotiv du travail de la COI

Une première réalisation a été la création, en 1961, de l’Échange international des données et de l’information océanographiques (IODE), qui demeure la pierre angulaire de la COI. Parmi les projets composant ce programme, citons, depuis 2009, le Système d’informations biogéographiques relatives aux océans (OBIS). Un autre point fort des activités de la COI est le Système d’alerte aux tsunamis et d’atténuation de leurs effets dans le Pacifique (PTWS). Créé en 1965 pour sauver des vies, il a depuis servi de modèle pour d’autres régions exposées comme l’océan Indien, les Caraïbes, l’Atlantique du Nord-Est et la Méditerranée.

La COI a également pris la tête de la Décennie internationale de l’exploration océanique (1971-1980) pour sensibiliser sur l’importance des sciences océaniques. C’est donc assez naturellement que, cinquante ans plus tard, elle est devenue l’agence chef de file lorsque les Nations Unies ont proclamé 2021-2030 Décennie pour les sciences océaniques au service du développement durable.

Lectures complémentaires :

La Commission océanographique intergouvernementale : vingt-cinq ans de recherches, Le Courrier de l’UNESCO, février 1986

L’UNESCO et l’océanographie, Le Courrier de l’UNESCO, janvier 1977

Vingt pays à la découverte de l’océan Indien : dans le sillage de la science, Le Courrier de l’UNESCO, octobre 1962
 

Abonnez-vous pour découvrir l’actualité du Courrier. L’abonnement à la version numérique est 100 % gratuit.

Suivez le Courrier sur : Twitter, Facebook, Instagram