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Dans quelle mesure les enseignants ougandais et zambiens sont-ils prêts à adopter l’enseignement à distance ?

09/10/2020
04 - Quality Education

La Journée mondiale des enseignant(e)s 2020, qui a été célébrée le 5 octobre sous le thème « Enseignants : leaders en temps de crise et façonneurs d’avenir », a une tonalité différente des précédentes éditions, puisqu’elle intervient à la suite de la crise de l’éducation liée à la COVID-19. Depuis que la pandémie a obligé les établissements scolaires à fermer leurs portes partout dans le monde, enseignants et décideurs cherchent le meilleur moyen d’assurer la poursuite de l’apprentissage de manière inclusive.

Lors d’un entretien avec l’UNESCO, Bruce Mwewa, enseignant du secondaire en Zambie, a mis l’accent sur les conséquences de la fermeture des établissements scolaires. « Il ne faut pas oublier que l’apprentissage est un processus à double sens », a-t-il indiqué. « Durant la fermeture des écoles, les élèves n’ont reçu aucun retour de notre part à nous, les enseignants. Par conséquent il n’y a pas eu d’apprentissage. » Lukiya Mirembe, enseignante à l’École de formation des instituteurs en Ouganda, a expliqué que « la plupart des enseignants et autres pédagogues étaient mal préparés ». Son établissement a dû s’adapter à l’utilisation de la technologie afin de rester en contact avec les élèves pendant la pandémie. « Le personnel s’est mis d’accord pour utiliser WhatsApp et Google Classroom… La principale difficulté a été que certains élèves n’étaient pas joignables. En outre, ils sont nombreux à ne pas avoir de smartphone. L’accès à Internet a aussi posé problème », a-t-elle ajouté.

On préconise depuis quelque temps d’utiliser les TIC dans l’éducation. Cependant, la récente pandémie a accru l’intérêt des décideurs, des partenaires du développement et du personnel éducatif pour l’adoption de méthodes pédagogiques alternatives. Or, pour ce faire, les enseignants doivent être bien préparés aux nouvelles réalités de l’enseignement et de la gestion des classes.

Accroître la qualité des enseignants pour améliorer l’éducation

Avant que les gouvernements et les partenaires du développement puissent s’atteler à doter les enseignants des nouvelles compétences liées à l’utilisation des TIC comme outil pédagogique, ils doivent déterminer quelles sont les lacunes en matière de capacités pour garantir l’efficience des interventions et d’utiliser les ressources efficacement. Dans un premier temps, le Programme de développement des capacités pour l’éducation (CapED) de l’UNESCO en Ouganda et en Zambie s’est fixé pour objectif d’améliorer l’éducation en élevant le niveau des enseignants, et a lancé à cet effet des évaluations des enseignants dans les deux pays, en coopération avec les autorités locales et l’Institut international de l’UNESCO pour le renforcement des capacités en Afrique (IIRCA), afin de déterminer le niveau actuel des compétences en TIC des enseignants. Les recommandations issues de ces évaluations viendront étayer la mise en œuvre d’interventions fondées sur des données factuelles destinées à remédier aux lacunes capacitaires en matière de TIC et à renforcer l’apprentissage à distance en Ouganda et en Zambie pendant et après la pandémie de COVID-19.

L’évaluation a révélé que, bien que presque la moitié des enseignants interrogés en Zambie utilisent Internet pour trouver des contenus de cours, ils n’intègrent pas l’utilisation des TIC dans leur enseignement au quotidien. À cet égard, l’enquête a souligné la nécessité de former les enseignants à une utilisation pédagogique des TIC. Ils doivent également acquérir des compétences pour élaborer des cours et des contenus numériques et interactifs pour l’auto-apprentissage. Les chiffres sont un peu plus encourageants en Ouganda, où presque la moitié des enseignants interrogés ont déclaré utiliser les TIC en classe de manière régulière. Cependant, les compétences restent insuffisantes en ce qui concerne l’élaboration et la mise en ligne des contenus des cours sur les diverses plates-formes utilisées par les apprenants. L’enquête a également révélé la nécessité de former les enseignants à l’élaboration de matériels interactifs pour alimenter les systèmes de gestion de l’apprentissage en ligne pertinents.

Faisant écho à l’expérience de l’établissement de Lukiya Mirembe, les évaluations ont mis en évidence certains obstacles à l’utilisation des TIC, notamment un équipement limité et une connexion Internet de mauvaise qualité. À cet égard, les résultats des deux pays font apparaître une fracture entre zones rurales et urbaines : l’alimentation des zones rurales en électricité est plus instable, ce qui entraîne une connexion Internet de faible qualité. Les écoles rurales zambiennes possèdent le plus bas niveau d’équipement en TIC, 38 % d’entre elles ne disposant d’aucun ordinateur. Il est donc nécessaire, dans un tel contexte, de prendre en compte le caractère rural ou urbain des écoles lors de la planification de l’adoption de méthodes d’apprentissage alternatives.

En plus de la fracture entre zones rurales et zones urbaines, les évaluations ont révélé des écarts entre les sexes : les femmes sont en retard par rapport aux hommes en matière d’utilisation et de connaissance des TIC. Il faudra donc envisager la mise en place de programmes spéciaux d’utilisation des TIC à l’intention des éducatrices. Il convient également de noter que les hommes ont été plus nombreux que les femmes à participer aux évaluations : dans les deux cas, elles représentent environ un quart des personnes interrogées.

En plus de renforcer la formation des enseignants, les évaluations appellent à une évolution des politiques. Par exemple, en Ouganda, l’enquête montre que bien que le pays dispose de cadres juridiques et institutionnels adéquats à l’appui de l’utilisation des TIC dans l’éducation, l’adoption de réglementations spécifiques pourrait s’avérer nécessaire. Elle appelle en outre le gouvernement à changer de politique en ce qui concerne l’utilisation des outils et systèmes de TIC privilégiés par les enseignants, comme les réseaux sociaux et les applications, et à ne pas concentrer tous les efforts sur la radio et la télévision. Elle suggère par ailleurs que le gouvernement devrait modifier ses méthodes d’évaluation, car les méthodes classiques ne seront plus toujours pertinentes. En parallèle, les enseignants devront être formés pour réaliser ces nouvelles évaluations. Pour ce qui est de la Zambie, les recommandations portent sur l’accès à Internet. Il est notamment suggéré de fournir des smartphones aux enseignants, et plus particulièrement aux enseignantes des zones rurales, afin d’améliorer l’accès à Internet. 

Les deux évaluations ont conclu que, dans un souci de durabilité, chaque équipe d’enseignants formée devra en former une autre pour garantir que les compétences sont non seulement utilisées, mais également transmises aux autres éducateurs.

« Certains enseignants se sont sentis abandonnés pendant cette période particulièrement difficile », confie Charles Mutasa, enseignant du secondaire en Ouganda, lors d’un entretien avec l’UNESCO. À l’occasion de la Journée mondiale des enseignant(e)s, il est plus important que jamais d’entendre et d’écouter la voix des enseignants, qui font face à des difficultés sans précédent pour assurer la continuité pédagogique. Ces évaluations sont une première étape essentielle pour éclairer les gouvernements et les partenaires du développement sur le soutien et la formation à mettre en place à l’intention des enseignants ougandais et zambiens en cette période de crise de l’éducation.