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Combler la fracture numérique entre hommes et femmes : le hackathon sur l’IA organisé avec Microsoft développe les compétences numériques des filles

04/06/2021

L’informatique, c’est pour les garçons. Voilà en tout cas ce que pensait Hesme, 15 ans, en classe de seconde, au moment de changer d’établissement. « Je croyais que je serais nulle dans cette matière », dit-elle. Son ancien collège de Durban, ville côtière d’Afrique du Sud, ne proposait pas d’enseignement spécialisé en science, technologie, ingénierie et mathématiques (STEM).

En revanche, au lycée Curro Heritage House, les cours de STEM faisaient partie intégrante du programme scolaire. Elle avait des appréhensions, mais lorsque son frère l’a mise au défi de suivre un cours d’informatique, elle a accepté pour lui prouver qu’il avait tort.

Hesme a adoré l’informatique. « C’est devenu ma passion », déclare cette élève aujourd’hui en terminale. Seule fille de sa classe, elle s’est d’abord sentie intimidée, mais a fini par s’y épanouir.

La pandémie de COVID-19 a révélé au grand jour une fracture numérique profondément ancrée entre hommes et femmes, car un certain nombre de pays ont adopté des solutions d’apprentissage à distance et mixte, laissant souvent les filles à la traîne en matière d’éducation. Dans un contexte où deux milliards de femmes sont dépourvues d’accès à Internet, les contributions de la moitié de la population mondiale continueront d’être laissées de côté si l’on ne résorbe pas la fracture numérique et que l’on ne permet pas à un plus grand nombre de filles de laisser leur empreinte numérique.

On ne peut pas devenir ce que l’on ne voit pas

Un premier pas essentiel consiste à exposer les filles à des modèles féminins positifs dans les domaines des STEM. Les filles qui connaissent une femme exerçant une profession liée aux STEM ont bien plus de chances d’avoir confiance en elles durant leur formation en STEM (61 %) que celles qui n’en connaissent pas (44 %).

Lorsqu’on leur demande de décrire un scientifique, un ingénieur, un mathématicien ou un programmeur type, 30 % des filles dépeignent des personnages masculins. C’est le cas même chez les femmes adultes (40 %), y compris chez 43 % de celles qui travaillent elles-mêmes dans les STEM.

L’UNESCO s’attache à mobiliser des modèles féminins, y compris des enseignantes, pour réduire les disparités dans les domaines du numérique et des STEM à l’école, grâce à des initiatives telles que YouthMobile, qui a été sollicitée pour venir appuyer ce hackathon virtuel sur l’IA.

« Il n’y a pas de filles plus âgées qui peuvent nous montrer de quoi elles sont capables », explique Karla, élève de terminale au Lycée de mathématiques et de sciences naturelles d’Osijek (Croatie), petite ville située au bord du fleuve Drava. Son équipe a obtenu la troisième place du hackathon. Elles existent peut-être, selon elle, mais « ne s’expriment pas à ce sujet, et ne nous montrent pas ce qu’elles font ».

Limiter l’éducation des filles aura, à terme, un impact sur le monde entier. À une époque où les compétences numériques sont de plus en plus nécessaires dans le monde professionnel, l’éducation des filles peut aider à dynamiser les économies locales et régionales et à lutter contre la pauvreté. Mais il faut aller plus vite.

Un hackathon destiné à éveiller l’intérêt des filles pour l’IA

L’édition pour les filles du hackathon virtuel sur l’IA Imagine Cup Junior, coorganisée par Microsoft et l’UNESCO sur le thème « L’IA pour la Terre », a proposé à ses participantes, âgées de 14 à 18 ans, de concevoir des solutions faisant appel à l’intelligence artificielle pour répondre aux défis mondiaux, et plus particulièrement pour protéger une espèce menacée.

Dès le lancement de l’appel à candidatures pour l’édition du hackathon sur l’IA destinée aux filles, Hesme s’est attelée à sa lettre de motivation. « J’étais en classe, en train d’écrire, et j’ai laissé ma passion s’exprimer », dit-elle.

Elle a rapidement reçu la bonne nouvelle : elle avait été choisie pour intégrer une équipe de cinq filles qui représenterait l’Afrique du Sud.

Pendant cette manifestation virtuelle de deux jours, Hesme et d’autres filles ont participé à des conférences de femmes issues du milieu des STEM ainsi qu’à des ateliers. Elles ont fait des exercices pratiques en équipe, qui visaient à leur apprendre comment utiliser l’IA pour résoudre des problèmes de la vie quotidienne au moyen de différentes techniques de prédiction et de modélisation, telles que les arbres de décision et les forêts aléatoires.

Hesme et son équipe se sont classées deuxièmes pour leur solution d’IA destinée à protéger les lycaons, une espèce africaine menacée par la perte d’habitat, les maladies, la prédation et les humains.

« L’IA a conquis mon cœur », affirme Hesme, dont l’équipe a affronté 16 autres groupes issus de 11 pays d’Europe, d’Afrique et du Moyen-Orient.

Retombées : l’attrait des technologies pour les filles

En 2018, Microsoft a commandé des études sur la prédisposition des filles pour les STEM, en s’attendant à obtenir des résultats négatifs. « Nous avons été surpris de constater qu’en réalité, elles portaient un regard plutôt positif sur les STEM et la technologie », déclare Alexa Joyce, Directrice des compétences pour l’avenir chez Microsoft, qui a répondu à des questions et donné des conseils pendant l’édition du hackathon destinée aux filles qui veulent changer le monde par l’IA.

« En général, on entend dire que “les filles trouvent la technologie difficile et ennuyeuse” », dit-elle. Bien au contraire, les filles étaient manifestement intéressées par l’utilisation de la technologie pour trouver des solutions créatives aux problèmes et avoir un impact sur le monde. C’est l’application de la technologie, et non pas la technologie elle-même, qui les fascinait.

Hesme développe actuellement sa propre application basée sur l’IA pour aider les personnes comme elle (diagnostiquées comme appartenant au spectre de l’autisme) à mieux interagir avec les autres. Son objectif est d’obtenir l’année prochaine un certificat en IA de plus haut niveau, avant de poursuivre ses études en informatique à l’université.

Les disparités entre les sexes dans l’éducation sont considérables. Déjà avant la pandémie de COVID-19, plus de 130 millions de filles n’étaient pas scolarisées. L’UNESCO estime qu’en raison de la fermeture des écoles à travers le monde, 11 millions de filles supplémentaires risquent de ne jamais retourner à l’école.

L’UNESCO s’est associée à Microsoft pour organiser ce hackathon, dans le cadre du programme phare Égalité des genres de la Coalition mondiale pour l’éducation, qui réunit plus de 70 institutions des Nations Unies, de la société civile, du monde universitaire et du secteur privé afin d’élaborer des solutions capables d’atténuer les conséquences de la COVID-19 sur l’éducation et l’égalité des genres.

 

Photo: CECIL BO DZWOWA/Shutterstock.com