Durban (Afrique du Sud), 14 juillet – Le Comité du patrimoine mondial, présidé par le Sud-africain Themba Wakashe, Directeur général adjoint pour le Patrimoine et les Archives nationales, a inscrit aujourd’hui six sites naturels sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Le Comité a également pris des décisions concernant deux sites naturels figurant déjà sur la Liste : le premier bénéficie d’une extension géographique ; le second devient désormais un site mixte grâce à sa réinscription sous des critères culturels.

Avec les inscriptions décidées aujourd’hui, la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO compte 160 sites naturels et 24 sites mixtes (à la fois naturels et culturels) d’une valeur universelle exceptionnelle. Les sites inscrits aujourd’hui sont :

Afrique du Sud – Dôme de Vredefort
Le dôme de Vredefort, à environ 120 km au sud-ouest de Johannesburg, est une partie représentative de la structure d’impact d’une météorite de très grande taille, ou astroblème. Datant de 2 023 millions d’années, c’est le plus ancien astroblème découvert sur Terre à ce jour. Avec un rayon de 190 km, c’est aussi le plus grand et le plus profondément érodé. Le dôme de Vredefort est le témoin de la plus grande libération d’énergie jamais connue sur la planète ; elle a causé des changements planétaires dévastateurs, parmi lesquels, selon certains scientifiques, des modifications majeures en termes d’évolution. Le dôme constitue un témoignage très important de l’histoire géologique de la planète et tient une place fondamentale dans notre compréhension de l’évolution de la planète. Les impacts de météorites ont joué un rôle important dans l’histoire de la Terre, mais l’activité géologique à la surface de la planète a conduit à la disparition des traces de la plupart des sites d’impact. Et le dôme de Vredefort est le seul exemple sur Terre qui fournisse un profil géologique complet d’un astroblème au-dessous du fond du cratère.

Egypte – Wadi Al Hitan, la Vallée des baleines
Wadi Al-Hitan, la Vallée des baleines, dans le désert occidental de l’Egypte, contient des restes fossiles inestimables du plus ancien, et maintenant éteint, ordre des baleines archaeoceti. Ces fossiles représentent l’une des étapes les importantes de l’évolution : les débuts de la baleine en tant que mammifère marin après avoir été mammifère terrestre. C’est le plus grand site au monde témoignant de cette époque de l’évolution. Il montre très clairement l’aspect et la vie de ces baleines pendant leur transition. Le nombre, la concentration et la qualité de ces fossiles sont uniques, tout comme leur accessibilité et leur présence dans un paysage attrayant et protégé. Les fossiles d’Al-Hitan montrent des jeunes archæocètes, dans les dernières étapes de la perte de leurs membres postérieurs. Ils présentent déjà la forme corporelle typiquement hydrodynamique des baleines modernes, tout en conservant quelques aspects primitifs du crâne et de la dentition. D’autres fossiles présents sur le site permettent la reconstruction de l’environnementales et les conditions écologiques de cette époque.
                                                                                                              
Japon – Shiretoko
La péninsule de Shiretoko est située au nord-est de Hokkaido, l’île la plus au nord du Japon. Le site comporte une zone terrestre qui s’étend de la partie centrale de la péninsule jusqu’à son extrémité (Cap Shiretoko) ainsi que la zone marine environnante. Il donne un exemple remarquable de l’interaction des écosystèmes marins et terrestres ainsi que de la productivité extraordinaire d’un écosystème, largement influencée par la formation de glaces marines saisonnières, à la plus basse des latitudes de l’hémisphère nord. Il a une importance particulière pour plusieurs espèces marines et terrestres, parmi lesquelles des espèces en danger et endémiques, comme le kétoupa de Blakiston et la plante Viola kitamiana. Le site est également d’importance mondiale pour des oiseaux migrateurs et des oiseaux de mer menacés, de nombreuses espèces de salmonidés et de mammifères marins, notamment le lion de mer de Steller, et des espèces de cétacés.

Norvège – Fjords de l’ouest de la Norvège - Geirangerfjord et Nærøyfjord
Situés au sud-ouest de la Norvège, au nord-est de Bergen, Geirangerfjord et Nærøyfjord, à 120 kilomètres l’un de l’autre, font partie des fjords de l’ouest de la Norvège qui s’étendent de Stavanger au sud jusqu’à Andalsnes, 500 km au nord-est. Les deux fjords, qui sont parmi les plus longs et des plus profonds du monde, sont considérés comme caractéristiques de la géographie des fjords et comme l’un des paysages les plus spectaculaires de la planète. Leur exceptionnelle beauté naturelle provient des parois cristallines, étroites et abruptes, qui s’élèvent jusqu’à 1400 m au dessus de la mer et plongent 500 mètres en dessous. Les parois à pic des fjords abritent de nombreuses cascades tandis que des rivières sauvages coulent à travers des forêts de caduques et de conifères vers des lacs glaciaires, des glaciers et les montagnes escarpées. Le paysage contient une variété de phénomènes naturels, tant terrestres que marins, découlant de cet environnement, comme des moraines sous-marines et des mammifères marins. Des vestiges de vieilles fermes de transhumance désormais abandonnées ajoutent un aspect culturel au caractère spectaculaire du lieu et donne une ultime touche humaine au site.

Mexique – Iles et aires protégées du Golfe de Californie
Le site comprend 244 îles, îlots et zones côtières situées dans le Golfe de Californie au nord-est du Mexique. La mer de Cortez et ses îles sont considérées comme un laboratoire naturel pour la recherche en matière de spéciation. De plus, presque tous les grands processus océanographiques à l’œuvre dans les océans de la planète sont représentés sur le site, lui donnant une importance sans commune mesure pour l’étude. Le site est d’une beauté naturelle remarquable et offre un paysage spectaculaire d’îles au relief accidenté composé de hautes falaises et de plages de sable, qui contrastent avec le cadre désertique qui s’y reflètent et des eaux environnantes turquoise. Le site abrite 695 espèces de plantes vasculaires, plus que dans tout autre site marin et insulaire de la Liste du patrimoine mondial. Il est également exceptionnel du point de vue du nombre d’espèces de poissons : 891, dont 90 endémiques. De plus, le site héberge 39 % du nombre total d’espèces de mammifères marins et un tiers du nombre total des espèces de cétacés de la Terre.

Thaïlande – Complexe forestier de Dong Phayayen - Khao Yai
Le complexe forestier de Dong Phayayen - Khao Yai s’étend sur 230 km entre le Parc national de Ta Phraya à la frontière cambodgienne à l’est, et le Parc national Khao Yai à l’ouest. C’est une zone de reliefs montagneux s’élevant de 100 m à 1 351 m d’altitude avec
7 500 de ses 615 500 hectares au dessus de 1 000 mètres. Sa partie nord est irriguée par des affluents de la rivière Mun, elle-même affluent du fleuve Mékong. La partie sud est drainée par de nombreuses cascades et des gorges spectaculaires et quatre cours d’eau principaux à fort débit qui se déversent dans le fleuve Prachinburi. Le site est l’habitat de plus de 800 espèces de faune, parmi lesquelles 112 espèces de mammifères (dont deux espèces de gibbons), 392 espèces d’oiseaux et 200 de reptiles et d’amphibiens. Il est d’importance internationale pour la conservation des espèces de mammifères, d’oiseaux et de reptiles menacées et en danger sur Terre, parmi lesquelles 19 sont vulnérables, quatre en danger, et une en danger critique d’extinction. La zone contient des écosystèmes forestiers tropicaux de première importance, qui peuvent constituer un habitat viable pour la survie à long terme de ces espèces.

Panama – Parc national de Coiba et sa zone spéciale de protection marine
Le Parc national de Coiba, au large de la côte ouest du Panama, protège l’île de Coiba, 38 îlots et les zones marines environnantes dans le golfe de Chiriqui. Abritées des vents froids et des effets d’El Niño, les forêts tropicales humides du Pacifique de Coiba entretiennent un niveau d’endémisme exceptionnel pour les mammifères, les oiseaux et les plantes en raison de l’évolution en cours de nouvelles espèces. C’est le dernier refuge d’un certain nombre d’espèces menacées telles que la harpie huppée. Le bien est un laboratoire naturel exceptionnel pour la recherche scientifique et sert de lien écologique clé dans le Pacifique tropical oriental pour le transit et la survie de poissons pélagiques et de mammifères marins.

Le site suivant a été étendu:

Inde–Parc national de la Vallée des fleurs
Niché très haut dans l’Himalaya occidental, le Parc national de la Vallée des fleurs, en Inde, est célèbre pour ses prairies de fleurs alpines endémiques et sa beauté naturelle exceptionnelle. Cette région extrêmement diverse abrite également des animaux rares et en danger tels que l’ours noir d’Asie, le léopard des neiges, l’ours brun et le bharal. Le paysage vallonné du Parc national de la Vallée des fleurs complète les montagnes sauvages et escarpées du Parc national de Nanda Devi, inscrit en 1988. Ensemble, ils forment une zone de transition unique entre les chaînes de montagnes iconiques du Zanskar et du Grand Himalaya, appréciée des alpinistes et des botanistes depuis plus d’un siècle, et présente dans la mythologie hindoue depuis bien plus longtemps. Avec cette extension, l’intitulé du site devient Nanda Devi et Parc national de la Vallée des fleurs.

Le site suivant est devenu un site mixte:

Royaume-Uni – Ile de St Kilda (Hirta)
Cet archipel volcanique, qui comprend les îles Hirta, Dun, Soay et Boreray, déjà inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en 1986 pour ses paysages naturels spectaculaires et sa vie sauvage, est désormais reconnu pour sa valeur culturel, ce qui en fait désormais un site mixte. Inhabitée depuis 1930, St Kilda conserve des traces de la présence de l’homme pendant plus de 2 000 ans dans les conditions extrêmes qui sont celles des Hébrides, en particulier des vestiges de structures bâties et de systèmes d’exploitation des terres agricoles, les cleits, ainsi que les traditionnelles maisons en pierre caractéristiques des Highlands. Ils représentent les traces fragiles d’une économie de subsistance basée sur les produits avicoles et agricoles et l’élevage d’ovins.

La 29e session du Comité du patrimoine mondial - qui compte 21 membres – se poursuit jusqu’au 17 juillet avec l’inscription de sites culturels sur la Liste du patrimoine mondial. Le Comité, qui est chargé de la mise en œuvre de la Convention de 1972 sur la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel, envisagera aussi la nécessité d’inscrire certains sites sur la Liste du patrimoine mondial en péril en vue d’aider à surmonter les obstacles s’opposant à leur préservation.

Mercredi, reconnaissant les progrès enregistrés dans leur conservation, le Comité a retiré trois sites de la Liste du patrimoine mondial en péril : le Parc national Sangay (Equateur), Tombouctou (Mali) et Butrint (Albanie).


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