Le principe de la diversité culturelle et la promotion de ses différentes expressions font intrinsèquement partie de la conception de l’Etat suisse. La cohabitation historique de quatre langues et cultures dans l’espace restreint qui le caractérise, associée à la présence de cultures migrantes issues de populations d’origines variées, ont amené la Confédération helvétique à intégrer de longue date le principe de la diversité culturelle à sa Constitution, à son appareil politique et administratif et à ses mesures de politique culturelle. La souveraineté des autorités régionales (cantons) en matière culturelle, et le principe général de subsidiarité appliqué en la matière, en constituent une preuve déterminante. Plus généralement, cette situation découle d’un mandat constitutionnel prévoyant notamment que la Confédération suisse favorise la prospérité commune, le développement durable, la cohésion interne et la diversité culturelle du pays (art. 2, al. 2 Cst.) et que, dans le domaine de la culture, elle prenne en compte toutes les régions du pays, toutes les régions linguistiques et toutes les formes de culture qui y sont établies (art. 69, al. 3, Cst.). Ce mandat constitutionnel se concrétise dans plusieurs lois et ordonnances qui intègrent des références explicites à la diversité, en particulier la Loi fédérale sur l’encouragement de la culture (LEC, RS 442.1), la Loi fédérale sur la radio et la télévision (LRTV, RS 784.40), la Loi fédérale sur les langues nationales et la compréhension entre les communautés linguistiques (LLC, RS 441.1) et la Loi sur le cinéma (LCin, RS 443.1).
Pour cette raison, la Suisse a soutenu les efforts d’établissement de la Convention et a participé activement au processus de son élaboration, permettant son entrée en vigueur en Suisse le 16 octobre 2008 (RS 0.440.8). Dans le cadre de la ratification de cette Convention, le Conseil fédéral a fait référence à l’importance décisive d’un tel instrument pour ancrer dans le droit international la légitimité d’une politique culturelle axée sur la promotion de la diversité des expressions culturelles telle que celle de la Suisse. La Convention a depuis régulièrement servi de référence dans l’élaboration de politiques publiques relatives au champ d’action de la Convention. C’est en particulier le cas des Messages concernant l’encouragement de la culture pour la période 2012 à 2015 et 2016 à 2020, qui constituent les programmes stratégiques et budgétaires de la politique culturelle de la Confédération, et des sections consacrées à la culture dans les Messages concernant la coopération internationale 2013-2016 et 2017-2020.
En relation aux objectifs et priorités actuelles de la politique culturelle suisse, on relèvera les trois axes prioritaires du programme stratégique 2016-2020, qui font tous les trois écho à divers titres au cadre d’action de la Convention : la « participation culturelle » ; la « cohésion sociale » ainsi que le domaine « création et innovation ».