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La Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, trace une nouvelle orientation stratégique

04/12/2020

Photo : La Directrice générale de l'UNESCO, Audrey Azoulay, inspecte les dommages causés à une école après l’explosion dévastatrice survenue dans le port de Beyrouth en août 2020. Dans le cadre de son initiative Li Beirut, l'UNESCO aide à la réhabilitation des infrastructures éducatives de la ville qui ont été endommagées. Selon les résultats de l'enquête « Le monde en 2030 » réalisée par l'UNESCO, l'éducation est une solution majeure aux défis mondiaux.

« Ces derniers mois sont venus confirmer deux convictions qui, je le crois, sont très largement partagées dans cette Assemblée. La première est que le relèvement de nos sociétés doit avoir pour piliers non seulement les systèmes de santé, mais aussi l’éducation, la culture, les sciences et l’information. Précisément les domaines du mandat de l’UNESCO. La seconde est que la coopération internationale doit être en capacité de mieux répondre à ces défis communs, en se fondant sur la solidarité entre les peuples et les Nations, et en étant guidée par des valeurs communes : celles de la Charte des Nations Unies et de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Répondre aux défis communs, à la fois dans l’action et dans l’édiction de normes, c’est possible ; et je crois que nous avons commencé à le démontrer collectivement, ici à l’UNESCO, justement au plus fort de cette pandémie ».

Tels étaient les propos de la Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, à l’ouverture de la 210e session du Conseil exécutif de l’Organisation – la toute première à se tenir en ligne dans l’histoire de l’UNESCO, en raison de la pandémie de COVID-19. Les convictions qu’elle exprime contribuent à tracer le « chemin vers une nouvelle UNESCO » qu’elle propose, à savoir quatre grands objectifs stratégiques pour guider la nouvelle orientation stratégique de l’Organisation.

Photo : La Directrice générale de l'UNESCO, Audrey Azoulay, prenant la parole lors de la 210e session du Conseil exécutif, la toute première de l’histoire de l’UNESCO à s’être tenue en ligne.

 

« Ce moment que nous vivons est aussi un moment particulier pour notre Organisation, une année charnière, que nous abordons avec d’importants atouts, […] au lendemain d’une crise dont nous mesurons l’extrême gravité, comme pour la Seconde Guerre mondiale. Néanmoins, nos perspectives à moyen terme sont plutôt positives, et nous pensons être en mesure de relever les défis auxquels nous sommes confrontés ».

L’éducation est une solution essentielle qui favorise l'innovation et réduit les inégalités

Afin de réduire les inégalités, tout en favorisant des sociétés apprenantes et créatives, il convient de rendre accessible à tous une éducation de qualité. Celle-ci doit également tenir compte de l’ère du numérique dans laquelle nous vivons. Cela suppose de lever les nombreux obstacles à l’éducation qui

subsistent à travers le monde, mais aussi de reconnaître, ainsi qu’il ressort de l’enquête « Le monde en 2030 », que l’éducation représente une solution majeure face aux défis mondiaux. Selon Audrey Azoulay :

Le premier défi auquel l’UNESCO doit répondre, c’est bien entendu celui de l’éducation, dans le contexte inédit de ces derniers mois, dont nous devons tirer les leçons pour l’avenir. Car avec la COVID-19, le monde a connu, et connait encore, une véritable catastrophe éducative mondial

Audrey Azoulay, Directrice générale de l'UNESCO

Cette catastrophe englobe les millions d’enfants qui ne sont toujours pas scolarisés, mais aussi ceux, nombreux, qui ne retourneront pas à l’école et ceux qui subissent des inégalités – qu’elles soient numériques, géographiques ou fondées sur le genre – qui ne cessent de s’accroître du fait de la pandémie. Face à cette situation, explique Audrey Azoulay, l’UNESCO a, entre autres projets, mobilisé la Coalition mondiale pour l’éducation, l’enseignement à distance à l’aide de la radio en Afrique subsaharienne, des supports d’apprentissage en ligne au Samoa, des guides pratiques pour la réouverture des écoles en toute sécurité et des campagnes de sensibilisation pour soutenir le retour des filles à l’école. Ce travail, dit-elle, a également mis en évidence l’importance de la priorité globale Afrique de l’UNESCO, qui occupera une place importante dans la nouvelle stratégie de l’Organisation.

Néanmoins, prévient-elle, faciliter le retour à l’école ne sera pas suffisant si l’on ne réinvestit pas dans l’éducation, pour des systèmes éducatifs plus résilients et plus inclusifs. Cet aspect sera crucial pour remédier au manque de financement mondial dans le domaine de l’éducation, qui s’est aggravé, et qui met en péril la réalisation de l’objectif de développement durable 4 (ODD 4), à savoir une éducation de qualité pour tous d’ici à 2030. Selon Audrey Azoulay, le réinvestissement dans l’éducation est fondamental pour le bien public commun.

De même, souligne-t-elle, reconstruire nos systèmes éducatifs implique également de les repenser. Pour ce faire, l’UNESCO s’attache, à travers son projet « Les futurs de l’éducation », à promouvoir une réflexion globale sur ce sujet – une initiative participative sans précédent par son ampleur et dont la pertinence est renforcée par la crise. Cette pertinence a aussi été mise en exergue par l’enquête « Le monde en 2030 », à l’issue de laquelle l’éducation et l’apprentissage ont été retenus comme le premier domaine de la société devant être repensé à la lumière de la crise de la COVID-19.

Nous devons préserver l’environnement pour construire des sociétés durables

Si nous voulons œuvrer à l’édification de sociétés durables, l’environnement doit être préservé grâce à la promotion de la science, de la technologie et du patrimoine naturel. Les personnes ayant répondu à l’enquête « Le monde en 2030 » ont estimé que le changement climatique et la perte de biodiversité constituaient le plus grand défi de cette décennie pour des sociétés pacifiques – et ont également appelé à repenser la relation entre l’humain et la nature. Il n’est donc pas surprenant d’entendre Audrey Azoulay déclarer que le deuxième grand défi de notre temps réside dans la nécessité impérative pour l’humanité de trouver un moyen durable d’interagir avec la nature.

« À travers notre nouvelle stratégie, nous devons relever ce défi, en mobilisant la connaissance, mais aussi l’éducation et la culture, et en diffusant l’information, pour parvenir à un changement décisif dans la relation de l’humanité avec son environnement.»

Une façon d’y parvenir – qui fait l’objet d'un consensus croissant à l’échelle mondiale – consistera à protéger 30 % de la planète au profit de la nature. Les réseaux de réserves de biosphère, de géoparcs et de sites naturels du patrimoine mondial de l’UNESCO, explique Audrey Azoulay, constituent des outils éprouvés à cette fin. Récemment, 25 nouveaux sites ont été désignés comme réserves de biosphère. Parmi les autres grands projets de l’UNESCO qui contribuent à améliorer la relation entre l’être humain et la nature, figurent notamment un nouvel accord avec l’Italie visant à établir un réseau

d’experts internationaux pour la préservation de la nature, ainsi que la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques, pour laquelle l’UNESCO joue un rôle de premier plan.

L’Organisation concentre également son attention sur les interactions entre la culture et l’environnement – elle a par exemple travaillé en étroite collaboration avec le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat afin que ses recommandations intègrent une dimension culturelle – ainsi que sur l’éducation en vue du développement durable.

« Fidèle à sa mission historique, l’UNESCO peut également contribuer à jeter les nouvelles bases d’une relation avec la nature grâce à l'éducation, en particulier l'éducation relative à la nature, aux sciences naturelles, aux océans et aux mécanismes du vivant ».

À cet égard, l’UNESCO s’emploie en particulier à soutenir et à préserver les systèmes de connaissances des peuples autochtones, ainsi qu’à promouvoir l’inclusion de l’éducation relative à l’environnement dans les programmes d’enseignement, ce qui s’accompagne notamment de la production d’un rapport mondial, ainsi que de nouveaux efforts en faveur de la formation des enseignants et de la réalisation de la cible 7 de l’objectif de développement durable 4.

Renforcer la mission fondamentale de l’UNESCO en faveur de l’édification de sociétés pacifiques

Pour construire des sociétés inclusives, justes et pacifiques, nous devons promouvoir et protéger le patrimoine, la liberté d’expression, la diversité culturelle et l’éducation à la citoyenneté mondiale.

Le troisième défi que nous devons relever aujourd’hui est de faire en sorte que les sociétés dans lesquelles nous vivons soient pacifiques et justes. Cet objectif s’appuie sur le caractère transversal et les forces combinées de l’éducation, des sciences, de la culture et de l’information. Nous devons œuvrer, bien sûr, à prévenir les crises, mais aussi à y faire face et à réparer les dommages

Audrey Azoulay, directrice générale de l'UNESCO

L’UNESCO, explique Audrey Azoulay, s’attèle notamment à cette tâche par son travail à Mossoul et à Beyrouth, avec la réhabilitation des tissus éducatif et culturel – matériel et immatériel – au lendemain de conflits et de catastrophes. Récemment, elle a également apporté un soutien et une expertise techniques aux parties concernées par le conflit au Haut-Karabakh, exprimant ainsi sa conviction que des mesures doivent être prises pour protéger le patrimoine culturel de la région.

L’UNESCO s’efforce également d’apporter des réponses face au racisme et à la discrimination – en hausse pendant la pandémie de COVID-19 – par la recherche, la concertation, la sensibilisation et l’éducation à la citoyenneté mondiale. En outre, elle accomplit un travail important dans la lutte contre l’antisémitisme. Par ailleurs, face à un autre problème lui aussi amplifié lors de la crise de la COVID-19, l’Organisation soutient le droit à une information accessible et fiable, notamment en s’efforçant de promouvoir l’éducation aux médias et à l’information, l'indépendance des médias et la sécurité des journalistes, afin que ces derniers puissent exercer leur métier librement et en toute sécurité. Enfin, l'Organisation affirme aussi l’importance d’assurer la sécurité dans les écoles, pour les élèves comme pour les enseignants, car, à l’instar du journalisme, l’éducation est de plus en plus attaquée.

La pandémie de COVID-19 a également révélé la crise de la culture : de nombreux musées et institutions ont été gravement touchés, et la précarité des professionnels de la culture, tels que les artistes et les créateurs, a été exacerbée. Les débats ResiliArt instaurés par l’UNESCO, et le rapport « Culture en crise » qui en découle, permettent de mesurer cet impact. La pandémie a également mis en lumière les menaces qui pèsent sur le patrimoine et auxquelles nous devons faire face par une solidarité internationale forte et durable – dans les situations de crise comme au quotidien – pour lutter contre la dépossession illégale de biens culturels. La pandémie nous a également montré que,

face aux complexités d’un monde changeant, nous devons être capables de nous adapter, en anticipant et en regardant vers l’avenir – ce qui signifie aussi se tourner vers les jeunes.

« Lorsqu'il s’agit d’envisager l’avenir, les jeunes sont notre meilleure ressource. Ils font preuve d’imagination et regorgent d’idées. Ils constituent la génération la plus nombreuse, mais également la plus instruite de l’histoire. »

Placer la technologie au service de l’humanité

Le quatrième défi auquel nous sommes confrontés à notre époque, et auquel l’UNESCO a le devoir d’apporter une réponse, selon Audrey Azoulay, est de faire en sorte que la révolution scientifique serve le bien commun. Pour y parvenir, nous devons favoriser un environnement technologique au service de l’humain par le développement et la diffusion des connaissances et des compétences ainsi que l’élaboration de normes éthiques.

« Nous sommes en train de vivre l’un des plus grands bouleversements technologiques de l’humanité, dont les conséquences sont déjà évidentes dans notre vie quotidienne. La pandémie nous a rappelé l’utilité de cette technologie, pour surveiller, par exemple, la propagation de la maladie et mieux comprendre le fonctionnement du virus. Mais sa portée pourrait encore s'étendre, au point de mettre à l’épreuve les frontières de l’humanité elle-même. »

Face à ce défi, l’UNESCO a conduit la préparation d’une recommandation sur l’éthique de l’intelligence artificielle, laquelle sera soumise à l’approbation de la Conférence générale à sa 41e session, à la fin de l’année 2021. L’UNESCO est également devenue l’institution de référence au sein du système des Nations Unies en matière d’intelligence artificielle.

Mettre à profit la transformation stratégique pour tracer une nouvelle orientation stratégique

Une grande partie des actions décrites ci-dessus, y compris la réponse de l’UNESCO face à la pandémie de COVID-19, a été facilitée par le processus de transformation stratégique, qui vise à assurer une exécution plus efficace et efficiente du mandat de l’UNESCO, dès à présent et à l'avenir.

Nous pourrons nous appuyer sur les réformes déjà mises en œuvre, sur le bilan de l’UNESCO pendant cette crise de la COVID-19, et sur les perspectives stratégiques que nous traçons en ce moment

Audrey Azoulay, directrice générale de l'UNESCO

Les quatre objectifs stratégiques, également décrits ci-dessus, constituent une part importante des propositions préliminaires de la Directrice générale pour la prochaine Stratégie à moyen terme de l’UNESCO, qui guidera l’Organisation de 2022 à 2029. À ce stade, les objectifs stratégiques proposés pour cette nouvelle stratégie se caractérisent par une approche transversale et pluridisciplinaire. Ils ont été définis dans le cadre d’un processus de consultation novateur et inclusif – le plus vaste dans l’histoire de l’Organisation – avec les États membres, s’accompagnant d’une importante réflexion interne menée au sein de l’Organisation sur la base des travaux du groupe de réflexion de haut niveau.

La Stratégie à moyen terme constituera le principal produit de la dernière étape de la transformation stratégique de l’UNESCO, en cours depuis trois ans, et, comme l’explique Audrey Azoulay :

« L’élaboration, en cours, d’une nouvelle Stratégie à moyen terme constitue une opportunité majeure, dans ce moment charnière, pour confirmer et amplifier la transformation stratégique de l’UNESCO que nous avons engagée depuis trois ans, et nous projeter dans l’avenir ».