Article

Rendre les filles et les communautés autonomes grâce à une éducation de qualité

Empowering adolescent girls and young women through education - Komal - Nepal

Faites la connaissance de ces adolescentes et jeunes femmes qui réalisent leurs rêves grâce à l’éducation, ainsi que des parents et des membres des communautés qui soutiennent leur éducation et leur autonomisation au Mali, au Népal et en République-Unie de Tanzanie.

Ces personnes ont participé au Programme conjoint sur l’autonomisation des adolescentes et des jeunes femmes par l’éducation. Fondé sur l’engagement collectif de l’UNESCO, d’ONU-Femmes et du FNUAP, le Programme conjoint applique une méthode coordonnée et multisectorielle visant à émanciper les filles et les jeunes femmes par une éducation de qualité.

Première étape, le Mali

Au Mali, plus de 5 600 filles et jeunes femmes non scolarisées sont devenues autonomes grâce à l’alphabétisation et à une formation professionnelle et elles ont reçu une formation à la santé sexuelle et reproductive. Quelque 200 000 membres de leurs communautés ont aussi été sensibilisés à la nécessité de la rétention, de la réintégration et de l’accès des filles dans l’éducation et 3 560 enseignants, administrateurs scolaires, parents et chefs communautaires ont bénéficié de formations visant à favoriser la mise en place dans les écoles d’environnements d’apprentissage inclusifs et sûrs pour les filles. Les filles et les garçons en âge d’être scolarisés, déplacés à la suite de conflits intercommunautaires, ont également été réintégrés dans le système scolaire formel.

Adama, élève brillant de Mopti

Empowering adolescent girls and young women through education - Adama - Mali

« J’aime apprendre », explique Adama. « Ma langue maternelle est le fulfulde, mais je parle aussi le bambara. J’ai appris cette langue avec mes camarades, à l’école »

A l’âge de 11 ans, Adama a dû quitter leur ville d’origine pour fuir un conflit intercommunautaire opposant deux groupes ethniques, les Peuls et les Dogons, dans la région de Mopti (centre du Mali), qui est fortement touchée par la violence et la guerre. Avec sa famille, elle vit dans un camp de réfugiés en périphérie de Bamako.

« Une personne éduquée a plus d’importance qu’une personne analphabète », affirme Aminata Traore, la mère d’Adama. « Je veux qu’elle aille à l’école et qu’elle ait un bon travail une fois qu’elle aura terminé ses études. »

Adama a pu retourner à l’école en 2018 grâce à l’action conjointe menée par l’UNESCO, le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et ONU-Femmes pour réintégrer les enfants déplacés à l’intérieur de leur propre pays dans le système scolaire formel de Bamako

À l’école, Adama a appris à lire et écrire en français ainsi qu’à parler le bambara, la langue locale utilisée à Bamako, et s’est même fait de nouveaux amis.

Lorsque les écoles ont dû fermer pendant l’épidémie de COVID-19, Adama a dû interrompre son apprentissage parce qu’elle n’avait pas accès à Internet, et elle a dû travailler aux tâches domestiques. Le Programme conjoint a cependant permis aux apprenantes comme Amada de pousuivre l’apprentissage par le biais de cours de remise à niveau diffusés par la chaîne de télévision nationale.

Adama a maintenant repris le chemin de l’école. Cependant, les écoles et l’accès à l’éducation reste menacée par le conflit. Adama demande aux dirigeants de faire tout leur possible pour mettre fin à la guerre, afin qu’elle et sa famille puissent rentrer chez eux, et pour permettre aux filles comme elle de poursuivre leur scolarité.

Etape suivante, le Népal

Au Népal, le Programme conjoint a travaillé dans 5 districts et avec 14 municipalités. Plus de 6 300 filles et jeunes femmes se sont rassemblées dans des centres d’apprentissage communautaires ou des centres de ressources locaux qui œuvrent en faveur de l’éducation et des moyens de subsistance des groupes marginalisés. Parmi ces filles, 1 874 ont participé à des cours d’alphabétisation fonctionnelle intégrant une éducation complète à la sexualité et un enseignement multilingue dans leur langue maternelle afin d’assurer une éducation inclusive et équitable. Près de 4 470 filles et jeunes femmes ont également participé à des cours de compétences professionnelles, dont 1 458 ont commencé à générer un revenu.

Chanda, championne pour les filles de Rautahat

Empowering adolescent girls and young women through education - Chanda - Nepal

« Les grossesses précoces entraînent de graves conséquences sur la santé procréative et psychologique des filles, qui sont, de plus, victimes de violences liées au genre, » affirme Chanda. « Nous devons donner aux filles les moyens de défendre leurs droits et leur bien-être ! C’est pour cette raison que je continuerai à travailler dans le domaine de l’éducation » ajoute-t-elle.

Chanda, 23 ans, avait déjà abandonné l’école lorsqu’elle a intégré le Programme conjoint, au sein duquel elle a suivi une formation professionnelle. Son travail d’animatrice pour le cours d’alphabétisation fonctionnelle de l’UNESCO a éveillé en elle l’envie de poursuivre une carrière dans le domaine de l’éducation.

Chanda travaille auprès de filles qui ont abandonné l’école ou n’y sont jamais allées, et de filles mariées ou ayant été mariées jeunes. « Les fillettes mariées n’ont pas la possibilité de poursuivre leur scolarité, elles sont illettrées et incapables de gérer leurs finances, ce qui les rend complètement dépendantes des autres », explique Chanda. Selon elle, l’action menée pour l’émancipation des filles et des femmes doit aller de pair avec celle visant à réduire les mariages précoces.

Chanda a pu suivre les progrès réalisés par les filles à l’issue du cours d’alphabétisation, et a constaté qu’elles avaient énormément gagné en assurance grâce à leur participation et à leur apprentissage. Néanmoins, en raison des confinements dus à la pandémie, bon nombre d’entre elles ont dû reprendre le travail à la ferme, et les parents ont profité de la baisse des dots pour marier leurs filles. Il reste beaucoup à faire pour changer les attitudes des parents et tuteurs envers les filles. 

Malgré ces obstacles, Chanda est déterminée à travailler auprès des adolescentes pour les encourager et faire évoluer progressivement les comportements sociaux à l’égard de l’éducation des filles.

Dhauli, femme entrepreneure et modèle de Bajura

Empowering adolescent girls and young women through education - Dhauli - Nepal

« Quand j’ai commencé à suivre les cours, je ne savais même pas réciter l’alphabet. Maintenant, j’ai acquis la confiance nécessaire pour prendre la parole lors des ateliers » dit Dhauli. « L’éducation est importante – sans les formations que j’ai reçues, je n’aurais pas pu créer ma propre entreprise. »

Dhauli a été mariée à l’âge de 12 ans après le décès de sa mère, elle n’a donc jamais eu l’occasion d’aller à l’école. Elle a suivi les cours d’alphabétisation fonctionnelle du Programme conjoint, grâce auxquels elle a acquis des compétences entrepreneuriales.

Depuis qu’elle s’est inscrite aux cours, Dhauli a ouvert une épicerie et elle dirige une exploitation agricole. Elle a déjà contracté des prêts bancaires à hauteur de 400 000 NPR (3 300 USD) pour investir dans sa boutique et l’investissement a porté ses fruits. Elle gagne actuellement jusqu’à 4 500 NPR (37 USD) par jour. Elle a également pu agrandir la ferme familiale par l’achat de buffles et de porcs.

Dhauli est la première de sa famille à avoir des connaissances financières. Elle inspire ses pairs grâce à ses compétences entrepreneuriales et partage ses connaissances avec son mari et ses enfants. Pour elle, la liberté de gérer sa propre entreprise est également liée à la garantie d’un avenir pour ses filles.

« Je n’ai pas eu la possibilité de faire des études, mais avec mes revenus, je peux faire en sorte que mes filles reçoivent une éducation » dit-elle. « Cela doit améliorer notre avenir. J’étais peut-être une femme analphabète, mais mes filles ne le seront pas. »

Komal, défenseure de l’éducation des filles de Rajpur Farhadawa

Empowering adolescent girls and young women through education - Komal - Nepal

« Avant, je pensais que j’étais une mauvaise élève, mais maintenant je sais que je suis une bonne élève et que je peux réussir » dit Komal. Les cours d’alphabétisation fonctionnelle ont amélioré ma vie. Je suis convaincue de bien réussir à l’avenir. »

Âgée de 15 ans, Komal a abandonné l’école en 6e année à cause de l’absentéisme répété des enseignants et de leur faible engagement. Cependant, deux ans plus tard, elle a participé aux cours, ce qui l’a inspirée à retourner à l’école car elle a découvert l’importance de son éducation.

Komal a appris à militer pour sa propre éducation, à reconnaître et à signaler la violence fondée sur le genre, à faire attention à sa propre santé reproductive et à résoudre ses problèmes de santé. Elle a même reçu un enseignement sur l’exploitation sexuelle et la traite des personnes, et elle a appris à se protéger.

Komal a aussi participé à une émission de radio organisée par l’UNESCO où elle a échangé avec des dirigeants locaux et des parties prenantes de son district. Elle a discuté avec eux de la santé, de l’éducation et des problèmes touchant les jeunes. L’expérience a renforcé sa confiance en elle et l’a aidée à surmonter sa peur de parler en public.

Komal a été autonomisée grâce au Programme conjoint, ce qui lui a donné l’idée de s’engager dans le plaidoyer en faveur de l’éducation des filles. « Je crois que toutes les filles devraient recevoir une éducation » dit-elle. « Je veux participer à des programmes similaires à l’avenir afin de pouvoir motiver d’autres filles à étudier. »

Parbati, facilitatrice de cours d’alphabétisation fonctionnelle de Simalkot

Empowering adolescent girls and young women through education - Parbati - Nepal

« Les voir apprendre à lire et à écrire sous mes propres yeux – cela m’a remplie de fierté et de satisfaction » dit Parbati, facilitatrice des cours d’alphabétisation fonctionnelle du Programme conjoint et coordonnatrice de la défense des droits des jeunes à Simalkot. « Je me suis rendu compte de l’importance de l’éducation pour que les gens prennent conscience de leur potentiel. »

Lorsque Parbati a commencé à enseigner, elle a remarqué que les femmes qui assistaient aux formations n’avaient pas les compétences en littératie nécessaires pour signer leur propre nom. En leur enseignant l’alphabet népalais et des compétences en numératie, elle a observé que leur intérêt pour l’étude s’est accru. Parbati a aidé ces femmes à acquérir un sentiment de fierté car elles n’avaient plus à signer les documents officiels avec l’empreinte de leur pouce.

Parbati a également organisé des séances interactives avec des apprenantes d’Achham, où elle a abordé les questions de la grossesse, de la planification familiale et de l’hygiène menstruelle. Elle plaide pour mettre fin aux pratiques néfastes, y compris le harcèlement sexuel, la violence contre les femmes et les filles et le mariage précoce.

L’alphabétisation des femmes a été particulièrement enrichissante pour elle en tant que facilitatrice, car elle a été témoin de la transformation de ces apprenantes en entrepreneures. Les cours ne se contentent pas d’enseigner l’alphabétisation fonctionnelle, ils apprennent aussi aux femmes à organiser des groupes d’épargne et d’investissement. Beaucoup de femmes ont créé leur propre entreprise.

Parbati a remarqué que les femmes de Simalkot excellent en cours et réclament plus d’opportunités éducatives. « Après avoir atteint un tel niveau avec un seul cycle de formation, imaginez ce qu’elles peuvent accomplir après plusieurs. »

Ratan, une mère de Duni dont la vie a été transformée

Empowering adolescent girls and young women through education - Ratan - Nepal

« Le premier jour de cours a été l’un des plus beaux jours de ma vie » dit Ratan. « Je voulais poursuivre mes études pour assurer un bon avenir à mon enfant. Je dois être un bon exemple pour ma fille. »

Ratan, alors en 6e année, avait été forcée d’abandonner l’école à cause de son mariage arrangé. Elle est devenue mère à l’âge de 21 ans et s’est occupée de sa famille. Les possibilités étaient limitées pour Ratan, car s’engager dans des activités publiques en dehors de la maison faisait souvent l’objet d’une stigmatisation à cause des coutumes sociales en vigueur dans la province de Sudurpashchim au Népal.

Après avoir convaincu sa famille, Ratan a suivi les cours d’alphabétisation fonctionnelle organisés dans le cadre du Programme conjoint. « Au début, elle était trop timide et inquiète pour se présenter en classe, mais maintenant, elle peut dire ce qu’elle pense devant une foule » dit Saraswoti, la facilitatrice de Ratan.

Ratan a pris confiance au fur et à mesure que ses compétences en littératie s’amélioraient et qu’elle apprenait la planification familiale, la santé et l’hygiène reproductives et les pratiques culturelles néfastes. Ratan partage souvent ses nouvelles connaissances avec les femmes de sa communauté, en particulier en matière de santé et d’hygiène de la reproduction. Elle éprouve maintenant un sentiment plus fort d’indépendance dans sa vie.

Avant la formation, Ratan n’avait pas les compétences nécessaires pour accéder à son propre compte bancaire et retirer l’argent que lui envoyait son mari, travailleur migrant en Inde. Maintenant, elle a des connaissances financières, elle est capable d’accéder à son propre compte bancaire, de faire des retraits et des dépôts et d’organiser les finances de sa famille.

Dernière étape, la Tanzanie

En Tanzanie, le Programme conjoint a touché les filles et les jeunes femmes dans des zones reculées où l’accès à l’apprentissage peut être plus limité. Pour prévenir la violence à l’égard des filles et accroître la rétention des filles à l’école, 40 écoles primaires et 20 écoles secondaires de 4 districts offrent désormais des services d’orientation par l’intermédiaire de 112 clubs de jeunes. Les filles et les jeunes mères non scolarisées ont bénéficié de programmes de formation professionnelle, d’alphabétisation, de numératie ainsi que de santé sexuelle et reproductive. Plus de 4 000 filles et jeunes femmes scolarisées et 1 000 non scolarisées ont bénéficié de possibilités éducatives de qualité. Plus de 180 fonctionnaires du gouvernement local, 440 enseignants et 60 concepteurs de programmes d’enseignement issus d’établissements d’enseignement supérieur ont été formés à la pédagogie sensible au genre, aux compétences de la vie, à la santé sexuelle et reproductive, au VIH et au SIDA et à la violence fondée sur le genre.

Fatma, femme entrepreneure de Mkoani

Empowering adolescent girls and young women through education - Fatma - Tanzania

« Quand j’ai abandonné l’école, je ne savais même pas lire des phrases complètes. Avec le soutien du Programme conjoint, j’ai acquis la confiance nécessaire pour lire, écrire et faire des calculs de base. J’aide maintenant d’autres filles à apprendre à lire et à écrire » explique Fatma, une entrepreneure de 25 ans de Mkoani.

Fatma a abandonné l’école comme beaucoup de filles et de jeunes femmes de Tanzanie. Peu de temps après, elle s’est mariée et elle a eu trois enfants. Elle a eu l’impression que ses rêves se sont envolés en arrêtant ses études à l’âge de 14 ans. Les perspectives de vie sont limitées pour les filles et les jeunes mères de Tanzanie sans éducation, sans connaissances et sans compétences pour l’emploi.

Fatma a rejoint un centre communautaire pour les jeunes créé par le Programme conjoint, où elle a acquis des connaissances de base en alphabétisation et en numératie. Au centre, elle a également acquis des compétences numériques grâce à une tablette et à un smartphone fournis par le Programme conjoint, lui permettant d’accéder à d’autres supports d’apprentissage et de développer ses compétences entrepreneuriales et professionnelles. Elle a acquis des compétences en gestion d’entreprise, en comptabilité et en communication.

Fatma est en train de réaliser ses rêves. Elle a ouvert une petite épicerie avec les revenus qu’elle a tirés de son travail d’artiste en henné. Elle a appris à peindre au henné lors d’une formation professionnelle organisée dans le cadre du Programme conjoint. « Je vends du riz, du sucre et des légumes. C’est une grande réussite d’être économiquement indépendante grâce à mes propres revenus. Mon mari soutient mon travail. »

 

Fatma offre également des conseils aux jeunes femmes de sa communauté, en leur faisant part de sa propre expérience. « J’ai aidé les autres femmes à apprendre à gérer une entreprise. Une de mes amies a également lancé sa propre entreprise d’artiste en henné et couturière. »

Ashura, femme entrepreneure de Kasulu

Empowering adolescent girls and young women through education - Ashura - Tanzania

« Pour les gens du village, les jeunes filles qui ont abandonné l’école comme moi ne sont plus vues comme étant en situation d’échec » explique Ashura, une entrepreneure et jeune mère âgée de 22 ans de Kasulu, en République-Unie de Tanzanie.

Ashura, jeune mère de 22 ans, n’a pas pu poursuivre ses études après l’école primaire à cause des difficultés financières de sa famille. Les filles et les jeunes mères qui ont quitté l’école prennent souvent en charge les tâches domestiques et laissent de côté l’éducation. Sans possibilités d’apprentissage alternatives et sans accès aux services financiers, de nombreuses filles et jeunes femmes non scolarisées ont du mal à obtenir un revenu et à mener une vie autonome.

Grâce à une formation en entrepreneuriat et à des opportunités éducatives, Ashura a appris à gérer une petite entreprise qui fabrique et vend des produits comme du savon, du batik et de la farine à haute valeur nutritionnelle. Elle a également appris à solliciter les prêts accordés aux groupes de femmes par le Conseil de district de sa région

Grâce à ses nouvelles compétences, Ashura a pu démarrer son entreprise avec un capital de démarrage, puis renforcer progressivement sa trésorerie en vendant de la canne à sucre et du riz. Elle a également formé un groupe générateur de revenus avec d’autres jeunes femmes qui avaient bénéficié du Programme conjoint pour encourager les activités économiques dirigées par des femmes. Leur modèle de financement s’est étendu à la création d’une banque communautaire villageoise (VICOBA).

VICOBA est particulièrement utile lorsque les services sociaux existants sont insuffisants. « Chaque membre du groupe apporte 5 000 à 10 000 TZS (2 à 4 USD) toutes les deux semaines. L’argent de VICOBA s’apparente à une assurance ou à un prêt accordé aux membres du groupe pour couvrir une urgence » explique Ashura.

En même temps que la vie d’Ashura se transformait grâce à sa participation économique active, elle a remarqué un changement dans la perception des membres de la communauté à l’égard des filles non scolarisées. Auparavant considérées comme en échec, ce sont maintenant des modèles dans leur communauté.  

Rahma, une apprenante confiante de Kasulu

Empowering adolescent girls and young women through education - Rahma - Tanzania

« Grâce au club Espace sûr-TUSEME, j’ai acquis la confiance nécessaire pour parler à mes amis, à mes enseignants et à mes parents » dit Rahma, qui est élève en 10e année. « J’étais sérieusement motivée pour étudier. C’est ainsi que j’ai réussi à l’examen national avec une bonne note. »

En Tanzanie, seulement 69 % des filles passent du primaire au premier cycle de l’enseignement secondaire, contre 73 % des garçons selon l’Institut de statistique de l’UNESCO (2017). On estime que cela provient d’un faible soutien de la part des familles, de leur manque de confiance, de la violence fondée sur le genre et des grossesses d’adolescentes.

Rahma, âgée de 15 ans, a rejoint le club Espace sûr-TUSEME (« Parlons-en » en swahili) créé par le Programme conjoint dans son école. Elle y a appris l’égalité des genres et la violence fondée sur le genre, à qui s’adresser pour signaler les cas de violence fondée sur le genre ou demander une orientation et des conseils, et comment entreprendre une action collective si elle est confrontée à un cas de violence fondée sur le genre. Des activités dirigées par les jeunes, telles que le théâtre, la poésie et le plaidoyer auprès des parents et des enseignants à propos des défis que rencontrent les filles à l’école, ont contribué à transformer les attitudes à l’égard de l’éducation des filles.

Encouragée par les activités du club, Rahma est entrée dans l’enseignement secondaire grâce à ses excellents résultats aux examens. Sa relation avec ses parents a aussi été transformée de façon positive : « On associait les filles aux tâches ménagères, mais mes parents ne pensent plus comme ça. Ils m’encouragent à étudier. Ils ont été ravis que je réussisse à l’examen national » dit Rahma.

Aujourd’hui, Rahma continue de participer aux activités Espace sûr-TUSEME de son école secondaire. Son club organise des campagnes pour prévenir les grossesses précoces chez les adolescentes. « Un marché de nuit est un endroit public où les filles sont plus vulnérables aux grossesses précoces. Grâce aux campagnes en cours, je vois maintenant moins d’amies aller sur les marchés de nuit » explique Rahma. Elle espère que d’autres écoles vont créer des clubs Espace sûr-TUSEME pour aider davantage de filles à poursuivre leurs études. « Je veux aider d’autres filles à prendre confiance en elles. »

Warda, facilitatrice TIC de Mkoani

Empowering adolescent girls and young women through education - Warda - Tanzania

« Nous pouvons apprendre aux filles à lire et à écrire et leur faire acquérir des compétences professionnelles en vue de leur indépendance financière. J’espère que davantage de filles vont avoir confiance en elles, renforcer leur capacité de leadership, leur indépendance, leurs revenus et qu’elles seront à l’abri de la violence. Je crois que l’autonomisation des femmes, c’est l’émancipation de la société » déclare Warda, une jeune femme de Mkoani.

Warda était au chômage après avoir obtenu son diplôme universitaire. Elle a rejoint en qualité de facilitatrice un laboratoire TIC créé par le Programme conjoint. Ce rôle lui a permis d’acquérir des compétences pédagogiques en littératie, en numératie et en entrepreneuriat, grâce aux tablettes. Plus de 200 filles et jeunes mères non scolarisées de Mkoani ont acquis des compétences en gestion d’entreprise, en comptabilité et en communication dans le cadre du laboratoire TIC.

L’une des élèves de Warda, Zuhura, ne savait ni lire ni écrire, mais elle a appris grâce à une application d’auto-apprentissage sur une tablette. Elle est maintenant à la tête d’une petite entreprise qui vend des oreillers et elle enseigne aux autres filles à lire et à écrire et à acquérir d’autres compétences entrepreneuriales de base. Warda a également créé un groupe générateur de revenus avec ses élèves, baptisé « Association de femmes pour des stratégies de développement communautaire », qui permet au groupe de collecter des fonds et de soutenir des entreprises commerciales.

Les filles qui ont appris l’entrepreneuriat grâce au cours du laboratoire TIC se sont senties responsabilisées, mais cette autonomisation ne s’est pas limitée aux apprenantes. « J’ai acquis la confiance nécessaire pour enseigner aux adultes de tous les milieux. Je suis ravie de voir leur transformation ainsi que la mienne » déclare Warda.

Elle aide actuellement d’autres filles non scolarisées, tout en suivant un cours de Master. Elle a commencé récemment à travailler à temps partiel au bureau de district de Mkoani. Elle rêve d’étendre cette initiative à d’autres districts de Pemba, de l’île d’Unguja et même de la Tanzanie continentale.

Angel, génie des sciences de Sengerema

Empowering adolescent girls and young women through education - Angel - Tanzania

« Je me suis dit « Angel, tu n’échouera pas » et j’ai été première en physique et suis passée en école secondaire » raconte Angel, 17 ans. « Je suis persuadée que les filles peuvent réussir comme les garçons dans les matières scientifiques ».

En Tanzanie, de mauvaises pratiques pédagogiques ont entraîné ces dernières années une discrimination et des performances plus faibles chez les filles que chez les garçons aux examens nationaux, dans les disciplines des mathématiques et des sciences.

 

En Tanzanie, de mauvaises pratiques pédagogiques ont entraîné ces dernières années une discrimination et des performances plus faibles chez les filles que chez les garçons aux examens nationaux, dans les disciplines des mathématiques et des sciences. C’est l’une des raisons qui rend difficile le passage du primaire au secondaire pour les filles.

Pour combattre les stéréotypes et les préjugés socioculturels qui renforcent l’idée que les matières scientifiques sont réservées aux garçons et difficiles pour les filles, les enseignants de l’école d’Angel ont reçu une formation à la pédagogie sensible au genre qui leur a appris à enseigner en tenant compte des besoins d’apprentissage spécifiques des filles et des garçons.

Grâce au soutien de son professeur, les résultats scolaires en sciences, technologies, ingénierie et mathématique (STIM) d’Angel se sont améliorés. Elle a obtenu d’excellents résultats aux examens nationaux de biologie entre autres. Elle est devenue la meilleure élève fille de son école et a été sélectionnée pour s’orienter vers des études de physique, chimie et biologie.

Angel encourage les filles de son école secondaire à travailler dur, y compris dans les matières STIM et à passer les examens nationaux. Quatre des camarades d’Angel ont également réussi la transition en école secondaire supérieure. Angel a également une influence très positive à la maison. Ses parents sont fiers de ses résultats à l’école et la soutiennent dans sa scolarité.

Safia, femme leader de Pemba

Empowering adolescent girls and young women through education - Safia - Tanzania

« Grâce au Programme conjoint, un plus grand nombre de membres des communautés sont en faveur de l’éducation des filles et des garçons, tout en décourageant les mariages précoces et les grossesses non désirées. Il a été utile pour persuader les bureaux du gouvernement de créer une école secondaire dans notre communauté » explique Safia.

Safia est leader communautaire sur l’île de Pemba. C’est l’une des cinq femmes leaders des 143 shehias (ou municipalités) de la région. « Être une femme leader peut être compliqué, mais les membres de ma communauté me soutiennent beaucoup » dit Safia.

Safia a commencé à défendre le droit des filles à l’éducation grâce au Programme conjoint. Avec d’autres membres de la communauté, elle a créé des pièces de théâtre pour inciter la communauté à investir dans l’éducation des filles. Elles ont sensibilisé les autres membres de la communauté à la prévention des mariages précoces et à la fourniture du soutien nécessaire aux filles pour qu’elles puissent poursuivre leurs études. Depuis lors, le nombre de filles de son école qui entrent dans l’enseignement secondaire est passé de 5 à 15.

Safia a également plaidé pour la construction de la première école secondaire pour filles et garçons dans son shehia. Pour fréquenter l’école secondaire, les élèves allaient généralement dans des shehias voisins. « Il est très difficile pour les élèves d’entrer dans le secondaire lorsqu’il n’y a pas d’école secondaire dans la communauté. Imaginez les filles de différents shehias devant se rendre à l’école secondaire en bateau. Cela prend environ 2 heures » explique Safia.

« Je pense que davantage de filles vont poursuivre leur scolarité à l’école secondaire de notre shehia. J’espère qu’elles deviendront des femmes leaders comme moi quand elles seront adultes » dit Safia.

Almachius, leader communautaire de Kasulu

Empowering adolescent girls and young women through education - Almachius - Tanzania

« Au travers des activités du Programme conjoint, les adolescentes et les jeunes femmes sont devenues plus autonomes. Les parents et les membres de leur communauté, les agents de quartier et de district ont été témoins de leur émancipation. En retour, ils ont commencé à élargir leur soutien » explique Almachius, point focal du Programme conjoint au sein du Conseil de district de Kasulu.

Almachius a observé de nombreuses réalisations positives dans le district. L’une d’elle a trait au prêt de 9 000 000 TZS (3 900 USD), accordé par le Conseil de district à trois groupes générateurs de revenus créés par le Programme conjoint et dirigés par des femmes. Par ailleurs, à Heru Ushingo, depuis le lancement du Programme conjoint, le taux de passage des filles de l’enseignement primaire vers l’enseignement secondaire est passé de 85 % en 2017 à 99 % en 2020.

En outre, 7 écoles sur 15 de Kasulu ont construit davantage de salles de classe, de toilettes, d’installations sanitaires et de locaux permettant aux filles de se changer pendant leurs menstruations, à la suite des formations organisées par le Programme conjoint sur l’eau, l’assainissement et l’hygiène. « Cela a été possible parce que les parents et les membres des communautés qui ont participé aux formations ont fait don de briques et se sont portés volontaires pour construire les installations scolaires. L’école secondaire de Titye construit même un laboratoire de sciences, de technologie, d’ingénierie et de mathématiques » explique Almachius.

Grâce à ces actions, les taux des mariages précoces et des grossesses non désirées ont diminué. « Les pratiques sociales néfastes et la violence fondée sur le genre ont diminué tandis que le nombre de signalements s’est accru » explique Almachius. Les bureaux de quartier et de district, ainsi que les écoles, ont travaillé en étroite collaboration avec le Programme conjoint pour renforcer les mécanismes de signalement.

Almachius espère étendre cette action à d’autres quartiers de Kasulu. Six autres quartiers de Kasulu reproduisent déjà les interventions du Programme conjoint qui visent à promouvoir l’autonomisation des filles par l’éducation.