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Les jeunes demandent une éducation à la sexualité, je suis à leur écoute

03/11/2021

Stefania Giannini, Sous-Directrice générale pour l’éducation

La publication du Rapport Le chemin vers l’éducation complète à la sexualité: rapport sur la situation dans le monde (rapport complet en anglais, résumé en français) rappelle combien il est urgent d’offrir une éducation à la santé et aux droits des jeunes, pour transformer et sauver des vies.

Aucune jeune fille ne devrait jamais être confrontée à ses premières menstruations sans comprendre pleinement ce qui lui arrive. Aucun jeune ne devrait avoir peur d’aller à l’école parce qu’il y est victime de violence ou de harcèlement et qu’il ne sait pas vers qui se tourner pour obtenir de l’aide. Aucune jeune femme ne devrait être privée de son droit à l’éducation à cause d’une grossesse.

Pourtant, c’est exactement ce qui se passe.

Anesu Mandenge, 23 ans, étudiante en travail social au Zimbabwe, a expliqué à l’UNESCO que son passage de l’école primaire à l’école secondaire a été tendu. « Je ne me sentais pas en sécurité à cause des menstruations. Je me suis souvent demandé si je devais aller à l’école ou non. J’ai ressenti beaucoup de peur et d’anxiété car il n’y avait personne pour m’expliquer ce qui se passait ou comment faire » raconte-t-elle. Étudiante à l’université, Mme Mandenge a déclaré qu’il n’est pas possible d’accéder à l’éducation à la sexualité ou aux services qui s’y rapportent – « l’infirmerie de l’université ne fournit pas de contraceptifs aux étudiants, ce qui a entraîné de nombreux avortements à risque sur le campus. Il est vraiment nécessaire d’introduire et de prioriser l’éducation complète à la sexualité, même dans les établissements d’enseignement supérieur. »

Au Mexique, Rubén Ávila, 26 ans, de Sin Control Parental et de SheDecides, a déclaré qu’il n’a pas été facile de grandir en tant que gay dans une société conservatrice. « La plupart du temps, nous ne sommes pas en sécurité, même à la maison. L’accès à une éducation complète à la sexualité à l’école est essentiel pour proposer des espaces éducatifs sûrs permettant aux jeunes et aux adolescents de grandir sans stigmatisation, sans discrimination et sans peur. »

Nous ne pouvons pas nous permettre de rester sans rien faire alors que des enfants et des jeunes manquent des cours ou décrochent complètement de l’école parce qu’ils ne comprennent pas les menstruations ou qu’ils subissent un harcèlement et de la violence. Les ministres du G7 ont défini récemment de nouveaux objectifs mondiaux ambitieux pour la scolarisation de 40 millions de filles supplémentaires dans les pays à revenu faible ou intermédiaire de la tranche inférieure d’ici 2026. Nous n’y parviendrons pas si les enfants et les jeunes n’ont pas accès à l’école à une éducation complète concernant leur corps, leurs relations et leur santé sexuelle.

Le nouveau rapport sur la situation mondiale révèle que de plus en plus de pays reconnaissent les impacts positifs de l’éducation à la sexualité et s’efforcent de l’intégrer dans les programmes d’enseignement, en élargissant l’éventail des thèmes abordés et la formation des enseignants. On voit dans certains contextes que des progrès prometteurs ont bien lieu.

Naura Nabila Haryanto, 26 ans, de Rutgers WPF Indonésie, a déclaré à l’UNESCO qu’elle avait été témoin d’histoires transformatrices concernant l’impact de l’éducation complète à la sexualité (CSE) sur le comportement des jeunes à la recherche de la santé et du bien-être.

« Dans l’une des régions les plus reculées d’Indonésie, une enseignante, West Nusa Tenggara, a rapporté qu’après avoir dispensé une éducation complète à la sexualité, le nombre de mariages d’enfants est passé dans son école de 6 cas à 1 cas par an ». « Dans une autre région du pays, un garçon a indiqué qu’il avait besoin de mieux se connaître pour construire une relation saine avec une autre personne. Imaginez que tous les enfants aient ce type de réflexion. Grâce à une éducation complète à la sexualité, nous pourrions réduire considérablement les taux de violence basée sur le genre. »

Comme de nombreux pays ont fait des progrès dans le domaine de l’éducation à la sexualité, chacun à sa façon, il est parfois difficile de se faire une idée précise de la situation à l’échelle mondiale. C’est pour cette raison que l’UNESCO s’est associée à l’ONUSIDA, au FNUAP, à l’UNICEF, à ONU Femmes et à l’OMS pour produire ce nouveau rapport historique afin de mieux comprendre la situation de l’éducation à la sexualité dans le monde.

S’il est clair que certains progrès ont été réalisés, nous avons encore un long chemin à parcourir. 85 % des 115 pays interrogés déclarent avoir des politiques, des lois ou des cadres juridiques en matière d’éducation à la sexualité, mais cela ne se reflète pas toujours dans leur application en classe. Près de 4 pays sur 5 ont déclaré que leur programme d’enseignement national couvrait le contenu et les thèmes pertinents de l’éducation à la sexualité, mais les faits montrent aussi que des thèmes essentiels comme la puberté, les relations, le consentement ou même les rapports sexuels ne font pas l’objet d’un enseignement, ou trop tard. Enfin, tandis que tous les pays reconnaissent l’importance de la formation des enseignants et rapportent des initiatives de formation de qualité, des études plus ciblées révèlent que les enseignants ne possèdent pas la confiance et les compétences nécessaires pour enseigner l’éducation à la sexualité.

Des efforts continus sont indispensables pour assurer un solide appui politique en faveur de l’ECS. L’engagement politique doit reposer sur des budgets dédiés, parallèlement à des efforts continus pour accroître la couverture. Cet investissement ne sera valable que si l’on prête attention à la qualité de la prestation, qui ne sera acquise que par une réforme continue des programmes d’enseignement et des investissements significatifs dans la formation et l’accompagnement des enseignants.

Les adolescents et les jeunes, ceux-là mêmes que nous essayons d’atteindre, ont montré qu’il reste encore beaucoup à faire. Dans une récente enquête menée par le FNUAP dans la région Asie-Pacifique, moins d’un jeune sur trois estimait que son école enseignait correctement la sexualité.

Ainsi que l’a déclaré Amanda Filipsson, 23 ans, de RFSU en Suède, ce rapport sur la situation mondiale révèle que même si les politiques en matière d’éducation à la sexualité constituent une base essentielle, elles n’ont guère d’impact sans une mise en œuvre et une prestation concrètes. « Garantir un véritable accès à une éducation complète à la sexualité, de qualité, en pratique pour tous les enfants et les jeunes, doit être une priorité mondiale » a-t-elle déclaré.

Rubén Ávila a ajouté : « L’éducation complète à la sexualité est un élément crucial pour transforme la vie de tous, mais surtout des jeunes et des adolescents. Notre bien-être, notre développement et notre avenir en dépendent. »

Comme Anesu, Rubén, Naura et Amanda l’ont clairement fait valoir, de nombreux enfants et jeunes grandissent sans recevoir l’éducation à la sexualité dont ils ont besoin. Il ne s’agit pas seulement de sexe, mais d’égalité entre les genres, de puberté, de relations et de santé sexuelle et reproductive. Il s’agit d’améliorer l’estime de soi d’une jeune personne et de lui transmettre des valeurs de tolérance, de respect mutuel et de non-violence dans les relations.

J’appelle les gouvernements, les partenaires et les acteurs de l’éducation à se joindre à l’UNESCO pour soutenir et autonomiser tous les enfants et les jeunes grâce à l’éducation complète à la sexualité.

 

© UNESCO/Tafara Gowera