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Apprendre les faits, réfléchir de manière critique, agir : restons unis face aux discours de haine

25/10/2021

Dans tous les pays du monde, les discours de haine menacent les droits de l’homme et la stabilité sociale en exacerbant les conflits et les tensions. Dans le contexte de la COVID-19, les contenus haineux, la désinformation et les théories du complot ont proliféré à travers le monde, aggravant les préjugés préexistants, les stéréotypes nuisibles et la discrimination, notamment la xénophobie, le racisme, l’antisémitisme, l’islamophobie, la misogynie et la haine contre les personnes LGBTQI+.

La première Conférence mondiale des ministres de l’éducation et le Forum multipartite consacrés à la lutte contre les discours de haine par l’éducation, organisés en septembre et en octobre 2021, sont des jalons importants qui ont rassemblé des décideurs politiques du secteur de l’éducation, des experts et la société civile du monde entier pour rechercher un consensus dans la lutte contre les discours de haine et la discrimination. Ces efforts de haut niveau ne pourront aboutir qu’avec le soutien actif de nous tous, apprenants et enseignants, utilisateurs des réseaux sociaux et producteurs de contenus – par une prise de position commune des sociétés et des communautés.

Quel est l’impact des discours de haine sur les sociétés et les individus à travers le monde ?

En lisant les gros titres de la presse dans le monde, nous voyons que les discours de haine jouent clairement un rôle dans la naissance et l’amplification des conflits, la polarisation et la discrimination. Qu’il s’agisse de récits déshumanisants sur les migrants et les réfugiés ou de tropes racistes et antisémites recyclés dans le cadre de la pandémie de COVID-19, les discours de haine sont intégralement liés à l’incitation à la violence et aux violations quotidiennes des droits de l’homme qui ciblent souvent les personnes et les groupes les plus vulnérables.

Tout au long de l’histoire, les discours de haine ont servi à endoctriner les populations et à les inciter aux pires crimes. L’Holocauste, le génocide contre les Tutsis, le nettoyage ethnique des Rohingyas au Myanmar sont autant d’exemples où la haine et la propagande ont systématiquement déshumanisé les personnes et préparé le terrain pour les crimes les plus odieux. Les sociétés d’aujourd’hui restent vulnérables et, comme l’indique l’Acte constitutif de l’UNESCO, il nous incombe à tous d’élever les défenses de la paix dans l’esprit des personnes.

Pourquoi la liberté d’expression est-elle au cœur de la stratégie des Nations Unies et de l’UNESCO pour lutter contre les discours de haine ?

Il ne faut pas combattre les discours de haine uniquement par une restriction de la parole, car il est tout aussi essentiel d’autoriser et d’encourager un discours positif. Dans certains pays, les lois adoptées pour lutter contre les discours de haine peuvent être utilisées à mauvais escient à l’encontre de groupes vulnérables ou de l’opposition, ce qui est parfois préjudiciable aux groupes que ces lois s’efforcent justement de protéger, ou favorisent la création d’environnements répressifs où les discours de haine prospèrent.

En 2019, le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a lancé la Stratégie et le Plan d’action des Nations Unies pour lutter contre les discours de haine. Fondés sur les principes de lutte contre la haine, la discrimination, le racisme et les inégalités, les engagements de la Stratégie ne visent pas à « empêcher » la parole, ce qui pourrait indiquer des restrictions de la liberté d’opinion et d’expression susceptibles d’être problématiques en pratique et contraires au droit international des droits de l’homme, mais s’emploient à lutter contre les discours de haine.

L’UNESCO œuvre en faveur de la libre circulation des idées par la parole et l’image et s’engage à faciliter la mise en place d’un espace internet libre, ouvert et accessible dans le cadre de la promotion d’une liberté d’expression complète sur internet et hors ligne. Les discours de haine peuvent être multiformes, allant des messages verbaux et écrits jusqu’aux mèmes et aux images, en passant par des chants ou d’autres modes d’expression. Les clés pour lutter contre les discours de haine incluent la pensée critique et une information de qualité, plutôt que des approches excessivement pénalisées ou de censure.

Comment peut-on être aux côtés des groupes vulnérables et des personnes ciblées par les discours de haine ?

Toute personne peut prendre position contre les discours de haine, la déshumanisation et la discrimination. Les éléments essentiels de la lutte contre les discours de haine sur internet sont le développement des compétences en pensée critique et l’utilisation éthique des réseaux sociaux comme points de départ d’une éducation à l’information et aux médias pour combattre les discours de haine sur internet. Les compétences acquises par cette éducation peuvent améliorer la capacité des individus à identifier et à remettre en question les contenus haineux sur internet, à comprendre leurs postulats de base, leurs biais et leurs préjugés, et à développer des arguments pour les contrer.

Il est complexe de s’attaquer aux difficultés contemporaines des discours de haine, notamment de s’attaquer à leurs causes profondes et à leurs facteurs, de les empêcher de se changer en violence et de faire face à leurs conséquences sociétales plus larges. Au niveau mondial, parallèlement à la Déclaration universelle des droits de l’homme, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques prolonge le droit à la liberté d’expression (Article 19) par l’interdiction de tout appel à la haine qui constitue une incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence (Article 20).

Complétant ces principes, le Plan d’action de Rabat propose que toute restriction de la liberté d’expression soit justifiée selon une « grille d’évaluation du seuil en six points » qui sont le contexte social et politique, le statut de l’orateur, l’intention d’inciter à l’antagonisme, le contenu du discours, l’ampleur de sa diffusion et la probabilité du préjudice.

Quelles sont les différences de mode opératoire entre le discours de haine hors ligne et sur internet via les réseaux sociaux ?

L’UNESCO reconnaît que les discours de haine sur internet ne diffèrent pas fondamentalement de ces mêmes discours hors ligne. Certaines différences sont dues cependant à la nature des interactions, ainsi qu’à l’utilisation et à la diffusion de mots spécifiques, d’accusations et de théories du complot susceptibles d’apparaître, de culminer et de s’éteindre très rapidement. Les messages de haine peuvent devenir viraux en quelques heures, voire en quelques minutes.

Le coût de la production et de la diffusion des discours de haine peut être faible tout en procurant des niveaux d’exposition très différents selon la popularité du message. La diffusion peut être transnationale. Les discours de haine sur internet peuvent aussi rester disponibles plus longtemps et connaître des vagues successives de popularité, apparaître sur de nouveaux réseaux ou réapparaître, tout en étant anonymes.

Un consensus se développe autour de la nécessité d’exiger des entreprises internet davantage de transparence et de redevabilité à cet égard. Les initiatives existantes visant à promouvoir une transparence accrue n’ont guère eu de succès. Les rapports produits sur la transparence des entreprises fournissent de nombreuses données, mais présentent des lacunes importantes et couvrent des problèmes différents de différentes manières.

Il existe de grandes disparités dans le type, la taille, le modèle d’affaires et l’ingénierie des entreprises de plates-formes Internet, ce qui pointe vers la nécessité d’appliquer des principes de haut niveau à ce champ si divers. Les principes de transparence de niveau élevé répondent aux principales préoccupations politiques de l’UNESCO, notamment la liberté d’expression, la sécurité des journalistes, la viabilité des supports d’information, la vie privée et la lutte contre les discours de haine, ainsi que la désinformation. En particulier, la nouvelle ère numérique nécessite la mise en place d’un dialogue entre les entreprises, les régulateurs, les gouvernements, la société civile, le monde universitaire et les experts de la communauté technique.

Pourquoi l’éducation, et l’éducation aux médias et à l’information, sont-elles si importantes pour lutter contre les discours de haine ?

Le renforcement des systèmes éducatifs, pour accroître la résilience et la sensibilisation des apprenants aux discours de haine, ainsi que pour les éduquer quant à leurs responsabilités et leurs droits sur internet et hors ligne, est au cœur des initiatives éducatives de l’UNESCO.  L’éducation à la citoyenneté mondiale a pour but de procurer aux apprenants de tous âges les moyens d’assumer un rôle actif, tant au niveau local que mondial, dans l’avènement de sociétés plus pacifiques, tolérantes, inclusives et sûres.  

Ces initiatives incluent une lutte explicite contre les récits haineux, par le biais de programmes tels que l’éducation contre l’antisémitisme et la prévention de l’extrémisme violent, en apportant un soutien aux jeunes afin qu’ils puissent s’engager contre les idéologies haineuses et dangereuses, et en formant et en guidant les éducateurs afin qu’ils puissent développer la résilience des jeunes face à l’extrémisme violent et atténuer par l’éducation les moteurs du phénomène.

Le discours de haine est souvent lié à la mésinformation et à la désinformation, y compris aux théories du complot. L’éducation à l’information et aux médias permet d’acquérir des compétences pour évaluer de manière critique l’information et les messages et contribuer à la création d’écosystèmes sur internet sains afin de préserver le bien public et de lutter contre l’épidémie croissante de désinformation en ligne.

Pour les sources de cet article et d’autres recherches, veuillez consulter :