Le cyber-harcèlement est répandu à travers le monde. Tout comme le harcèlement, il nuit aux résultats scolaires, à la santé mentale et à la qualité de vie des élèves. Bien que la violence en ligne ne se produise pas seulement dans les établissements scolaires, le système éducatif a une mission importante à remplir dans sa prévention et dans la lutte pour y remédier.
Bien que les données disponibles à l’échelle mondiale soient limitées, il est avéré que le cyber-harcèlement a augmenté dans plusieurs régions pendant la pandémie. En Europe, 44 % des enfants qui en étaient déjà victimes ont indiqué que le phénomène s’était accentué pendant les confinements. Les données provenant de plusieurs pays révèlent également que la pandémie a entraîné une hausse impressionnante de l’exploitation sexuelle en ligne des enfants par des adultes. Au Canada, depuis le début de la pandémie, la ligne d’assistance téléphonique concernant la maltraitance d’enfants, mise en place par le Centre canadien de protection de l’enfance, a noté une hausse de 81 % du nombre de signalements relatifs à l’exploitation d’enfants sur internet.
Le 4 novembre, le monde célébrera la Journée internationale contre la violence et le harcèlement en milieu scolaire, y compris le cyber-harcèlement. Cette année, le thème est « Lutter contre le cyber-harcèlement et d’autres formes de violence en ligne impliquant des enfants et des jeunes ». Voici ce qu’il faut retenir.
Qu’est-ce que la violence en ligne impliquant des enfants et des jeunes ?
La violence en ligne peut se définir comme l’utilisation intentionnelle d’appareils numériques en ligne pour créer un préjudice ou une gêne pour autrui. Selon la définition des Nations Unies, un enfant est toute personne âgée de moins de 18 ans. Les Nations Unies définissent également les « jeunes » comme faisant partie du groupe d’âge des 10-24 ans. La violence en ligne impliquant des enfants et des jeunes se divise en deux catégories :
- La violence entre des enfants et des jeunes, également connue sous le nom de violence entre pairs, souvent décrite comme le cyber-harcèlement
- La violence perpétrée par des adultes à l’encontre d’enfants et de jeunes de moins de 18 ans, y compris les abus sexuels et l’exploitation sexuelle
Quelles sont les caractéristiques du cyber-harcèlement ?
La violence psychologique en ligne, qui se produit entre des enfants et des jeunes, est souvent appelée cyber-harcèlement, harcèlement sur internet ou harcèlement en ligne, et elle présente les caractéristiques suivantes :
- Elle est répétée ou inclut des événements ponctuels relayés en ligne
- Elle est délibérée, dans le but de nuire à la victime
- Elle implique un déséquilibre de pouvoir et un abus de pouvoir
- Elle est nuisible à court et à long terme
Quelles sont les différentes formes de violence en ligne impliquant des enfants et des jeunes ?
La violence en ligne impliquant des enfants et des jeunes, y compris le cyber-harcèlement, peut se distinguer par deux grandes formes de violence, même si celles-ci se recoupent souvent :
- La violence psychologique, qui prend la forme d’agressions verbales (par exemple, envoi de messages blessants, malveillants ou menaçants) ou d’agressions sociales / relationnelles (par exemple, exclusion d’un groupe en ligne, de conversations instantanées ou de sites ; diffusion de rumeurs destinées à nuire à la réputation de quelqu’un, ou partage d’informations / photos intimes sans son consentement
- La violence sexuelle : exercée en ligne, celle-ci a des dimensions et des implications psychologiques fortes, comme des agressions verbales (par exemple, plaisanteries, médisance ou commentaires sur le corps, l’apparence ou les activités sexuelles d’une personne), ou des agressions sociales / relationnelles (par exemple, pressions pour obtenir des informations, des conversations ou des actes à caractère sexuel)
Lorsqu’elle est répétitive, la violence sexuelle en ligne est souvent appelée harcèlement sexuel en ligne, et non cyber-harcèlement sexuel.
Quel est le lien entre les discours de haine et la violence en ligne ?
La violence psychologique en ligne n’est qualifiée de discours de haine que lorsqu’elle cible un aspect spécifique de l’identité d’une personne ou d’un groupe, notamment sa religion, son origine ethnique, sa nationalité, sa race, sa couleur de peau, son ascendance, son genre, son orientation sexuelle, son handicap ou d’autres facteurs identitaires.
En quoi la violence sexuelle en ligne perpétrée par des adultes est-elle différente ?
L’âge légal du consentement sexuel est l’âge à partir duquel une personne est jugée capable de consentir à une activité sexuelle. L’âge du consentement sexuel varie d’un pays à l’autre, et le fait d’avoir une activité sexuelle avec un enfant qui n’a pas atteint l’âge légal du consentement sexuel est considéré comme un abus sexuel. Cela s’applique également à toute expérience sexuelle en ligne qu’un adulte peut avoir avec un enfant.
Les prédateurs d’enfants commettent différentes formes d’actes d’exploitation sexuelle en ligne des enfants :
- La production, le téléchargement, la distribution d’éléments pornographiques, y compris d’images représentant une activité sexuelle explicite impliquant des enfants, photographies d’enfants sexualisés ou GIFs pornographiques violents représentant un viol
- L’utilisation de photographies sexuellement explicites ou de vidéos de viols destinées à faire honte à l’enfant ou à lui extorquer quelque chose, ou la vente de telles photographies sous la forme de pornographie, à l’insu ou contre le gré de la victime
Quelle est la prévalence du cyber-harcèlement et de la violence sexuelle en ligne ?
Bien qu’il n’existe actuellement aucune donnée concernant leur prévalence au niveau mondial, les études régionales et locales existantes révèlent que le cyber-harcèlement et la violence sexuelle en ligne touchent un nombre significatif d’enfants et de jeunes.
Qu’est-ce qui rend les enfants et les jeunes vulnérables au cyber-harcèlement et à d’autres formes de violence en ligne ?
L’accès accru aux outils et plates-formes numériques, et en particulier le fait que les enfants et les jeunes passent plus de temps devant leur écran, les exposent à un risque général accru de cyber-harcèlement et à d’autres formes de violence en ligne. Un grand nombre d’enfants n’ont pas conscience des risques qu’ils encourent lorsqu’ils communiquent en ligne. De plus, même si les parents sont soucieux de la sécurité en ligne de leurs enfants, de nombreuses familles n’ont pas de règles communes sur l’utilisation des technologies numériques par les enfants, et souvent les parents ne savent pas comment mettre en œuvre les mesures de sécurité.
Comme pour le harcèlement hors ligne, les données montrent que la principale cause de cyber-harcèlement mentionnée par les enfants a trait à l’apparence physique. Les preuves montrent par ailleurs que les enfants qui sont perçus comme « différents », de quelque manière que ce soit, risquent davantage d’être victimes de cyber-harcèlement. L’âge est aussi un facteur qui influence le cyber-harcèlement car celui-ci tend à augmenter avec l’âge, contrairement au harcèlement qui diminue.
Le genre représente une vulnérabilité majeure en cas de violence sexuelle en ligne, car il concerne particulièrement les filles et les jeunes femmes, que ce soit en cas de harcèlement sexuel en ligne et d’exploitation sexuelle.
Quelles sont les conséquences pour l’éducation qui découlent du cyber-harcèlement et d’autres formes de violence en ligne ?
Selon les données existant au niveau mondial sur les conséquences du harcèlement en général (y compris en ligne et hors ligne), les enfants qui sont fréquemment victimes de harcèlement sont presque trois fois plus susceptibles de se sentir rejetés à l’école et ils risquent deux fois plus de manquer les cours que les autres. Les enfants victimes de harcèlement obtiennent de moins bons résultats scolaires que les autres enfants. Ils réussissent moins bien aux tests de mathématiques et de lecture ; par ailleurs, plus la fréquence du harcèlement augmente, plus leurs résultats sont mauvais. Les enfants qui sont fréquemment victimes de harcèlement ont davantage tendance à quitter le système d’éducation formelle après la fin de leurs études secondaires, contrairement aux autres.
Quel a été l’impact de la pandémie de COVID-19 sur le cyber-harcèlement et d’autres formes de violence sur internet ?
Pendant la pandémie, les confinements ont entraîné à travers le monde un allongement sans précédent du temps d’écran non supervisé des enfants et des jeunes, les exposant à un risque accru de violence en ligne, y compris de harcèlement. Toutes les données disponibles révèlent que la pandémie a coïncidé avec une amplification du cyber-harcèlement et de l’exploitation sexuelle des enfants en ligne par les adultes.
Quels sont les liens entre le cyber-harcèlement et le harcèlement hors ligne ?
La frontière est floue entre le harcèlement en personne hors ligne et le cyber-harcèlement, car ces formes de harcèlement forment un ensemble continu. C’est souvent la ou les mêmes personnes qui ciblent les élèves hors ligne et en ligne, parfois de manière anonyme. Le cyber-harcèlement est également souvent la résultante des relations et des interactions hors ligne. Dans certains cas, des menaces incessantes et des messages grossiers en ligne peuvent conduire à une violence physique et à d’autres situations menaçantes hors ligne.
Pourquoi le cyber-harcèlement est-il difficile à prévenir et à traiter ?
Outre la complexité de la lutte contre le harcèlement hors ligne, le cyber-harcèlement présente des caractéristiques particulières qui entraînent des difficultés supplémentaires dans la prévention et la résolution du problème. Ces caractéristiques particulières sont notamment :
- La possibilité pour les auteurs de garder l’anonymat tout en harcelant la victime
- Le potentiel accru d’humiliation de la victime par la présence en ligne d’un public illimité. Un acte ponctuel de violence en ligne peut avoir le même impact néfaste que de multiples incidents rapprochés, à cause du grand nombre de témoins potentiels sur une très courte durée.
- La possibilité accrue que les témoins de cyber-harcèlement deviennent eux-mêmes des auteurs lorsqu’ils suivent le mouvement et partagent des messages nuisibles ou des photos embarrassantes de la victime, ou même en « aimant » le contenu néfaste sur les réseaux sociaux. Ces « suiveurs » n’ont pas toujours conscience de leur responsabilité et des conséquences de leurs actes.
- Le fait que souvent il n’y ait pas d’adulte ou de système de contrôle pour soutenir les élèves victimes de cyber-harcèlement.
- La perception accrue et les sentiments de désespoir des enfants et des jeunes ciblés qui ne se sentent en sécurité nulle part, ni à l’école ni à la maison, puisqu’ils qu’ils peuvent être touchés n’importe où en ligne, et qui peuvent paraître ne pas être en mesure de se détacher de leur expérience de victime de harcèlement
- La difficulté ou l’impossibilité de supprimer le contenu négatif d’Internet une fois qu’il a été partagé
Pourquoi l’UNESCO devrait-elle s’engager sur ce problème ?
L’UNESCO a pour rôle et mandat d’assurer à tous les apprenants une éducation de qualité et elle est chargée de diriger et de coordonner l’Agenda Éducation 2030, afin d’« assurer l’accès de chacun à une éducation de qualité inclusive, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de sa vie » (ODD 4), qui inclut une cible concernant la fourniture d’un cadre d’apprentissage effectif, qui soit sûr, exempt de violence et accessible à tous (Cible 4.a.2).
Compte tenu de l’ampleur et des conséquences néfastes pour l’éducation occasionnées par le cyber-harcèlement et d’autres formes de violence en ligne, la réalisation de cet objectif et de cette cible exige que l’on s’emploie à les prévenir et à y remédier.
Que peut faire le secteur de l’éducation pour prévenir et lutter contre le cyber-harcèlement et d’autres formes de violence en ligne impliquant des enfants et des jeunes ?
Même si le cyber-harcèlement et d’autres formes de violence en ligne ont souvent lieu en dehors du champ scolaire, ils affectent les apprenants et, en fin de compte, tous les membres de la communauté scolaire. Le secteur de l’éducation, par une réponse complète, doit et peut jouer un rôle important dans la lutte contre ces phénomènes.
Cette réponse complète au harcèlement en milieu scolaire est souvent désignée sous le nom d’approche éducative holistique. Elle met davantage l’accent sur l’importance du système éducatif tout entier, qui sous-tend l’engagement non seulement d’aider les élèves impliqués dans le harcèlement, mais aussi de mieux équiper l’ensemble du système éducatif pour réduire le harcèlement et le cyber-harcèlement parmi les apprenants. Elle veille à ce que les initiatives scolaires locales reconnaissent l’importance des liens entre l’école avec la communauté au sens large, y compris des systèmes éducatifs, technologiques et sociétaux. L’approche éducative holistique à la prévention du harcèlement est décrite dans les recommandations du Comité scientifique sur la prévention et la lutte contre le harcèlement et le cyber-harcèlement à l’école. Ce document propose aussi des recommandations spécifiques au secteur de l’éducation pour lutter contre le cyber-harcèlement.
Où puis-je trouver plus d’informations sur ce sujet ?
- Rendez-vous sur le site Web de l’UNESCO à l’occasion de la Journée internationale contre la violence et le harcèlement en milieu scolaire, y compris le cyber-harcèlement.
- Lisez l’intégralité de la foire aux questions et la fiche d’information de l’UNESCO à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre le cyber-harcèlement et d’autres formes de violence en ligne impliquant des enfants et des jeunes.
- En savoir plus sur l’action de l’UNESCO en matière de prévention et de lutte contre la violence et le harcèlement à l’école.