<
 
 
 
 
×
>
You are viewing an archived web page, collected at the request of United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization (UNESCO) using Archive-It. This page was captured on 04:53:45 Mar 15, 2022, and is part of the UNESCO collection. The information on this web page may be out of date. See All versions of this archived page.
Loading media information hide

Construire la paix dans l’esprit
des hommes et des femmes

La Route de l'esclave

Depuis son lancement en 1994, le projet de l'UNESCO sur la Route de l'esclave a contribué à produire des connaissances innovantes, développer des réseaux scientifiques de haut niveau et soutenir des initiatives mémorielles sur le thème des esclavages, leurs abolitions et les résistances qu’elles ont générées.

Sur le plan international, le projet a ainsi largement participé à « briser » le silence autour de l’histoire de l’esclavage et à inscrire cette tragédie qui a façonné le monde moderne dans la mémoire universelle.

Aujourd'hui, parmi ses objectifs majeurs, le projet contribue à « déracialiser » notre vision et à « décoloniser » nos imaginaires du monde en

  • déconstruisant les discours fondés sur le concept de race qui ont justifié ces systèmes d'exploitation,
  • en promouvant les contributions des personnes d'ascendance africaine au progrès général de l'humanité, mais aussi
  • en questionnant les inégalités sociales, culturelles et économiques héritées de cette tragédie.

 

Guérir des conséquences psychologiques de l’esclavage

Ces dernières années, des recherches innovantes en psychologie, psychologie cognitive et épigénétique ont souligné que le stress traumatique peut non seulement modifier le comportement, la cognition et le fonctionnement psychologique, mais ses effets peuvent aussi être transmis aux générations suivantes. En ce sens, un évènement traumatisant dont nous n’avons pas directement fait l’expérience peut tout de même avoir des impacts psychologiques et sociaux sur notre vie. Les communautés portent l’Histoire d’évènements désastreux ainsi que leurs conséquences, dans le contenu de leur ADN mais également dans leur représentation de la vie en général et la manière dont elles commémorent l’Histoire.

Pour le projet de l’UNESCO La Route de l’esclave, le défi est d’étendre cette approche, reconnaître les impacts de la dissonance cognitive postcoloniale et développer une « carte de la guérison » afin de mieux comprendre comment guérir les personnes et communautés impactées de manière intergénérationnelle et, ce faisant, aborder les structures d’inégalités socio-économiques fondées sur un tort historique. Ce travail sur l’anti-racisme est articulé autour de nos initiatives sur les préjugés de genre et stéréotypes intégrés à nos cultures, lois et institutions empêchant l’émancipation des femmes et filles, particulièrement celles Indigènes ou d’ascendance africaine, et la complète jouissance de leurs droits humains.

 

Esclavage, Racisme et Discrimination

Comment comprendre les grands défis contemporains que sont la lutte contre le racisme et toute forme de discrimination sans connaître l’Histoire et les processus ayant façonnés et légitimés de telles pratiques ? Afin de combattre efficacement les inégalités dont sont victimes les descendants d’esclaves et Afro-descendants en général, l’étude de l’Histoire de l’esclavage se révèle nécessaire, particulièrement auprès des jeunes publics. À travers la mise en scène de spectacles, la collaboration  sur des ouvrages ou des films, La Route de l’esclave œuvre pour une valorisation et une reconnaissance de l’Histoire des peuples noirs en vue de consolider dans l’esprit des plus jeunes les valeurs de tolérance et de respect.

Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine

Il y a environ 200 millions de personnes d'ascendance africaine vivant dans les Amériques et plusieurs millions d'autres dans l'océan Indien, en Europe, dans le monde arabe, etc. Que ce soit en tant que descendants des victimes de la traite transatlantique et de l'esclavage ou en tant que migrants confrontés au racisme, ils sont beaucoup plus exposés à l'exclusion sociale et aux inégalités, notamment en termes d'accès à l'éducation, à l'emploi, à la santé et à la justice. Cette problématique préoccupante s’inscrit au cœur de l’agenda des Nations Unies qui ont lancé une Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine (2015-2024).

 

Résistances culturelles et créativité contemporaine

Les peuples mis en esclavage ont toujours résisté, que ce soit par les armes ou la pensée, c’est-à-dire à travers des résistances culturelles. Les esclaves, bien que loin de leurs terres natales, ont emmené avec eux leur mémoire qu’elle soit musicale, spirituelle ou autre.

La forme la plus connue de ces résistances culturelles est sans doute le jazz, héritier direct des chants appelés « negro spirituals » dont la prononciation, le rythme ou certains instruments utilisés rappellent des rites africains. Le candomblé, la capoeira, et même le tango pour certains sont des legs de ces peuples asservis. Ces résistances se sont développées partout où des esclaves ont vécu, comme au Sud du Maroc, où les gnawas font la fierté musicale du pays.

L’UNESCO s’emploie à préserver et valoriser cet héritage au travers de publications, débats et autres rencontres avec le public afin que sa mémoire participe à la reconnaissance des apports culturels des populations d’ascendance africaine.

Par ailleurs, fidèle à l’attachement de l’UNESCO pour le soutien aux artistes, le projet de La Route de l’esclave s’attache à élaborer et accompagner des créations contemporaines autour des thèmes de l’esclavage, des traites et de leurs conséquences contemporaines.

 

Marcus Miller, porte-parole

« L'histoire de l'esclavage témoigne de notre capacité à dépasser cette vicissitude. Elle nous montre que le monde peut s’améliorer. Et que nous pouvons faire plus que simplement survivre - nous pouvons aller de l’avant » (Marcus Miller)

Marcus Miller, célèbre musicien de jazz américain, compositeur et producteur, a été nommé Artiste de l'UNESCO pour la paix et porte-parole du Projet La Route de l'esclave par la Directrice générale de l'UNESCO, le 4 juillet 2013.

M. Miller contribue à sensibiliser à un phénomène qui a eu un impact profond sur le monde moderne, de la religion à la culture, en passant par le mouvement des droits humains. En tant qu’Artiste de l’UNESCO pour la paix, il promeut les leçons que l’on peut tirer de la tragédie de l’esclavage et de la traite négrière, leçons qui peuvent servir à apporter des réponses aux grands problèmes actuels : réconciliation nationale ; respect du pluralisme culturel ; nécessité de construire des sociétés inclusives et justes.

 
 

Voir aussi

 

Comité scientifique international

Le projet bénéficie de l’orientation d’un Comité scientifique international composé de 20 personnes membres dont la moitié est renouvelée tous les deux ans. Ces membres sont nommés par la Directrice générale dans le respect de la représentation des différentes régions, disciplines et genre.

Organe consultatif, il a pour rôle de conseiller l’UNESCO sur la conduite du projet dans l’élaboration des matériels et programmes pédagogiques, la recherche sur les différents aspects de la question de la traite négrière et de l’esclavage et la création de nouveaux partenariats pour la promotion de ses objectifs.

 

Collection de matériels éducatifs sur l’influence des populations afro-descendentes en Amérique Centrale

Le Bureau de l'UNESCO à San José (Costa Rica) a développé la collection « Del olvido a la memoria » (De l'oubli à la mémoire), des matériels éducatifs sur l’influence des populations afro-descendentes en Amérique Centrale.

Réalisée avec la collaboration de l'Université du Costa Rica (UCR) et du Musée national du pays, cette collection comprend cinq volumes de matériaux d'enseignement qui font partie d'une initiative des pays de l'Amérique centrale en vue d'éliminer l'ignorance sur l'influence des populations d'ascendence africaine dans la région.

Financée par l'UNESCO, cette série de publications s'inscrit dans le cadre du projet La Route de l'esclave et accompagne ses nouvelles orientations extension géographique dans les régions peu couvertes et l'introduction de nouvelles thématiques.

Outre la diffusion de ces matériaux, l'UNESCO travaille activement à leur inclusion dans les programmes scolaires des pays d'Amérique centrale et organise des ateliers dont les objectifs sont les suivants:

  • Valider le contenu des brochures préparées par l'UNESCO sur la présence africaine en Amérique centrale.
  • Présenter les enseignants avec des suggestions et recommandations pour le travail avec les étudiants, favorisant ainsi l'apprentissage sur le patrimoine africain dans chacun des pays.
  • Obtenir des recommandations pour mettre en œuvre l'étude de l'histoire, la présence et la contribution des Africains en Amérique centrale dans les programmes éducatifs des ministères de l'Éducation respectifs.

A partir de 2018, « Bâtir notre nation : la contribution de la migration afro-caribéenne au Costa Rica » est disponible en ligne (en ligne). Il s'agit d'une série de mini-documentaires qui peut être utilisée comme outil pédagogique. Elle est produite par la Chaire d'Etudes africaines et caribéennes et par le Vice-Recteur de l'enseignement de l'Université du Costa Rica (UCR), avec le soutien de l'UNESCO. Les quatre documentaires offrent un témoignage de première main sur l'expérience des migrants des îles des Caraïbes et sur l'intégration de leurs descendants dans le pays.

 

Sites et itinéraires de mémoire

La Route de l’esclave soutient et promeut les sites témoins de l’Histoire des traites et de l’esclavage. Lieux de mémoire nécessaires à la commémoration de populations entières soumises à ce qui est considéré comme le plus long crime contre l’Humanité, ces sites, mis bout à bout, constituent de véritables itinéraires de mémoires.