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Le lauréat d’un prix UNESCO transforme l’écosystème technologique pour les femmes marginalisées au Brésil

26/01/2022

Mariel Reyes Milk donnant un cours lors d’un événement de {reprograma}.

« Nous aidons des femmes qui n’auraient jamais pensé pouvoir s’en sortir », déclare Mariel Reyes Milk, Directrice exécutive de {reprograma}, l’un des deux lauréats du Prix UNESCO 2021 pour l’éducation des filles et des femmes.

Mariel a fondé {reprograma} en 2016 conjointement avec Fernanda Faria et Carla de Bona, afin d’aider et d’instruire des femmes marginalisées et à faible revenu qui, en temps normal, n’auraient pas accès à la formation et à l’emploi dans un secteur technologique brésilien en pleine expansion.

En seulement cinq ans, près d’un millier de femmes et d’adolescentes ont participé à des stages conçus sur mesure, et 9 000 autres ont été sensibilisées à l’action du programme par le biais d’hackathons et d’autres événements techniques.

Diversifier le secteur technologique brésilien

« Le Brésil est confronté à une pénurie de programmeurs. Mais lorsque des postes s’ouvrent, la grande majorité des candidats sont des hommes, ce qui reflète également la place prépondérante qu’ils occupent dans les programmes de formation et sur les lieux de travail, ainsi que la croyance culturelle selon laquelle la technologie et les STIM [sciences, technologie, ingénierie et mathématiques] ne conviennent pas aux femmes », explique Mariel.

« J’ai fait quelques recherches, sans trouver aucun stage, programme ou autre dispositif ciblant spécifiquement les femmes – encore moins les femmes marginalisées à faible revenu – qui soit gratuit et axé sur l’employabilité. Je me suis dit, “cela ne va pas du tout”, et nous avons lancé {reprograma} », poursuit-elle.

« Nous ciblons les femmes noires, celles qui s’identifient comme non blanches ou transgenres, ainsi que les chômeuses, notamment les mères qui souhaitent reprendre un emploi – toutes les femmes, en réalité, qui rêvent de faire des études dans le domaine de la technologie mais n’ont jamais pu le faire à cause des barrières sociétales ou d’un manque de possibilités ou de ressources ».

Des stages et une méthode pédagogique axés sur les femmes

L’élément central de {reprograma} est un stage de formation gratuit de 18 semaines, qui vise à doter les participantes d’aptitudes socioémotionnelles et non techniques, telles que la négociation, ainsi que des compétences techniques nécessaires pour réussir professionnellement dans le secteur des technologies.

« Tout, y compris le langage employé dans les cours, les exercices et la méthode pédagogique, est fait pour intéresser les femmes et se rapprocher de leur réalité », souligne Mariel.

« Comme le nom de notre programme le suggère, nous essayons de reprogrammer l’état d’esprit des femmes, pour qu’elles croient en leurs compétences et en leurs aptitudes et sachent gérer le syndrome de l’imposteur, par exemple. »

Le succès du programme tient en grande partie à son processus de sélection. Sur les 3 000 candidates de chaque promotion, elles sont en moyenne 240 à être retenues. « Nous cherchons vraiment des femmes qui iront au bout de leur démarche pour réussir, des femmes qui ont un but », explique Mariel, indiquant que près de 90 % des diplômées ont trouvé un emploi dans le domaine de la programmation et du codage.

Le tutorat joue également un rôle crucial, car il permet aux étudiantes de se rencontrer et d’échanger avec celles qu’elles espèrent imiter. « Dans notre dernière promotion d’adultes, 70 % des formateurs étaient d’anciennes élèves », précise-t-elle.

Lever les multiples obstacles auxquels se heurtent les femmes transgenres

« Au Brésil, l’espérance de vie des femmes transgenres est de 35 ans, et la plupart d’entre elles n’ont accès qu’à des emplois précaires dans le secteur informel. Ce programme leur offre un parcours totalement différent ainsi qu’une sécurité personnelle. De nombreuses femmes passent d’un revenu nul à un salaire correct, avec de belles perspectives », déclare Muriel.

La vie de Luiza Araújo, femme transgenre de 25 ans, a été complètement transformée par {reprograma}. Après avoir travaillé plusieurs années comme cuisinière pour échapper à la prostitution, elle occupe aujourd’hui un emploi d’analyste de données à temps plein dans une société de logiciels à São Paolo.

« En tant que femme transgenre, le programme a été ma porte d’entrée vers le secteur technologique », affirme-t-elle.

Des ambitions d’expansion pour l’avenir

Fort de son succès, et grâce au Prix UNESCO, {reprograma} prévoit de se développer, de soutenir la création d’une plate-forme indépendante pour recruter des étudiantes et de concevoir de nouveaux cours de programmation avancés.

Le programme a déjà retenu l’attention de grandes entreprises du secteur à la recherche de recrues qualifiées, notamment Google et Facebook. Et, miracle du calendrier, il avait amorcé son passage à l’enseignement en ligne peu avant le début de la pandémie de COVID-19, et a donc pu continuer de se développer.

« Les femmes représentent la moitié de la population, mais elles ne sont pas assez représentées là où l’on invente des solutions aux problèmes du monde. Elles mettent leur propre expérience, leur réalité et leur sensibilité au service de ce qu’elles créent, et leurs projets sont généralement axés sur la communauté, sur la résolution ou la réduction des défis sociaux et environnementaux auxquels la société fait face, plutôt que sur des initiatives plus individualistes », déclare Mariel.

« Désormais, nous avons tellement d’étudiantes qui sont recrutées dans le secteur, ou qui lancent leurs propres initiatives de programmation ou de formation, que nous ne transformons plus des vies individuelles, mais l’écosystème et la culture technologiques eux-mêmes. Nous contribuons à la diversification des algorithmes ! »

 

Photo: UNESCO/{reprograma}