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Lancement du mouvement ResiliArt pour des artistes et des professionnels culturels face au COVID-19

22/04/2020
03 - Good Health & Well Being

Le 15 avril 2020, à l’occasion de la Journée mondiale de l'art, l'UNESCO a lancé le mouvement mondial ResiliArt avec un débat virtuel inaugural en partenariat avec la CISAC. Six panélistes reconnus pour leurs accomplissements artistiques ont rejoint ce débat, visionné par des milliers de personnes à travers le monde : Jean-Michel Jarre, Yasmina Khadra, Deeyah Khan, Angélique Kidjo, Nina Obuljen-Koržinek et Luis Puenzo.

En ces temps changeants et incertains, nous devons nous tourner vers ce qui nous réunit, vers ce qui nous permet de voir et de sentir le monde dans son infini variété, c'est-à-dire vers l'art et les artistes

Audrey Azoulay, Directrice générale de l'UNESCO

« En ces temps changeants et incertains, nous devons nous tourner vers ce qui nous réunit, vers ce qui nous permet de voir et de sentir le monde dans son infini variété, c'est-à-dire vers l'art et les artistes », a annoncé Audrey Azoulay, Directrice générale de l'UNESCO, à l’occasion du lancement de ce mouvement.

Le mouvement ResiliArt a été conçu pour mettre en lumière l'impact considérable du COVID-19 sur le secteur culturel. Au 14 avril, 128 pays ont fermé toutes leurs institutions culturelles, 32 pays les ont fermées partiellement, et l'industrie cinématographique mondiale a enregistré une perte de revenus de 7 milliards de dollars américains. Le premier débat ResiliArt a abordé des questions urgentes affectant les moyens de subsistance des professionnels de la culture et l'intégrité du secteur culturel, y compris les droits sociaux et économiques des artistes, la protection du droit d'auteur, la numérisation de contenus et la liberté d'expression. « ResiliArt vise à placer ces questions en tête de l'agenda international, et non tout en bas. Nous devons nous assurer que ces questions reçoivent l’attention qu'elles méritent, en particulier dans les discussions politiques et sociales qui façonneront le monde post-crise », a déclaré la Directrice générale de l'UNESCO. « Le COVID-19 n'est pas seulement une crise sanitaire. C'est aussi un nuage sombre qui plane non seulement au-dessus du secteur de la musique, mais sur la culture en général », a indiqué Jean-Michel Jarre, compositeur, ambassadeur de bonne volonté de l'UNESCO et président de la CISAC.

Bien que l’impact de la pandémie sur les industries créatives soit évident, certains panélistes ont estimé que les politiques et les mesures visant à atténuer cet impact ont mis du temps à se développer. « Tout le monde parle de la nécessité d’ouvrir l'économie. Nous faisons partie de l'économie. L'argent que nous mettons sur la table est important », a déclaré Angélique Kidjo, auteure-compositrice-interprète et ambassadrice internationale de l'UNICEF. « Je ne vois pas de soutien gouvernemental envers les artistes. Nous devons repenser la façon dont nous protégeons les artistes. Nous devons également faire campagne pour que les pays en développement s’engagent et protègent leurs artistes », a souligné Nina Obuljen-Koržinek, ministre de la Culture de Croatie et violoniste de formation, concernant les défis liés aux réponses à cette crise, pour lesquelles il n'y a ni lignes directrices ni précédent. « Soudainement, en quelques semaines, l'environnement dans lequel les artistes créent et pour lequel nous avons mis en place des mesures pour soutenir les arts a fondamentalement changé. »

La détérioration du statut de l'artiste a été évoquée comme une préoccupation majeure. « Cette situation menace de plonger des générations de créateurs dans la pauvreté », a déclaré Jarre. « Si nous ne prenons pas de mesures maintenant pour protéger les arts et la culture, il y aura des répercussions pour les générations à venir. La crise a fait cesser de larges pans du secteur créatif. Nous devons créer une nouvelle économie pour les artistes. Cette nouvelle économie ne doit pas être fondée sur la charité mais sur une rémunération équitable », a déclaré Jarre. Deeyah Khan, musicienne et réalisatrice de documentaires, est d'accord. « Nous subirons les conséquences de cette période même une fois la crise terminée. Nos secteurs seront en difficulté et souffriront pour très longtemps. Les professionnels de ce domaine ne jouissent pas du même niveau de protection et de droits que de nombreux professionnels d’autres secteurs, même dans des circonstances normales. Aujourd'hui, nous sommes d’autant plus vulnérables, car nos professions ne sont pas considérées comme nécessaires. »

Les panélistes ont également discuté de l’importance de la vigilance et d’une réglementation plus stricte compte tenu de la pression actuelle pour que les contenus culturels soient numérisés et « plateformisés ». « Tous les contenus se déplacent vers le numérique et les artistes partagent gratuitement leur travail en ligne. En plus de mettre en exergue l'exemple positif des artistes et la manière avec laquelle ils permettent à leur public de mieux vivre la situation actuelle, nous devons placer la protection du droit d'auteur et la rémunération équitable des artistes au centre de la discussion », a déclaré Obuljen-Koržinek. « Ce n'est pas la technologie qui crée. L'art doit rester humain », a ajouté Kidjo. « La technologie est merveilleuse, mais quelles sont les choses dont nous jouissons grâce à elle ? » a interrogé Khan.

Le public a également été invité à repenser comment le secteur culturel pourrait s'adapter à cette nouvelle réalité. « Nous ne pouvons pas croire que tout redeviendra comme avant après la crise. Il y a quelques années, l'industrie du cinéma était en concurrence avec les plateformes de streaming. En raison de la crise, elles deviendront peut-être un outil dont nous aurons besoin pour recréer nos professions et nos industries culturelles », a déclaré Luis Puenzo, réalisateur et scénariste. Puenzo a indiqué que beaucoup de ses pairs dans l'industrie cinématographique d'Amérique latine ont perdu leurs moyens de subsistance et a appelé à des solutions créatives concernant la question de l'emploi pendant et après la crise. « Nous devons garder l’esprit ouvert afin de réinventer et recréer nos emplois. Nous devons croire que nous pouvons continuer à être des artistes dans cette nouvelle réalité. » Yasmina Khadra, auteur, a déclaré qu'il était nécessaire de créer de nouveaux lecteurs grâce à l'éducation, et a invité les gouvernements à prendre des mesures pour encourager les jeunes à lire et à créer une nouvelle génération de lecteurs. « Les livres sauveront le monde et nous aideront à accéder à l'humanité. »

Les mesures de distanciation sociale et de confinement ont touché de manière disproportionnée les segments les plus vulnérables de la société. « La solidarité devient d’autant plus importante », a déclaré Khan, appelant l’audience virtuelle à défendre les artistes du monde entier qui souffrent de nouvelles restrictions à la liberté d'expression sous couvert de sécurité publique. « Cette crise met non seulement les femmes du secteur culturel en danger, mais les femmes en général », a déclaré Kijdo. Elle a évoqué la marginalisation accrue des femmes en Afrique en termes de création et d'accès à la culture et a mis en garde sur le fait que les mesures de confinement actuelles risquent d’exacerber les violences physiques à l’encontre des femmes. « Bien que les crises soient traitées au niveau national, nous ne devons pas oublier la solidarité internationale », a ajouté Obuljen-Koržinek.

Ce débat de deux heures, qui a permis de recueillir une myriade de perspectives et d'expériences de régions différentes, a été enrichi par plus de 600 commentaires et questions partagés par l’audience provenant du monde entier. Le lancement d'un bulletin hebdomadaire « Culture & COVID-19 : Impact et Réponse », qui donne un aperçu de l’évolution rapide de la situation et de l'impact profond de la pandémie de COVID-19 sur le secteur culturel, a également été annoncé.

À l’issue du débat, le public a été invité à démarrer son propre mouvement ResiliArt en utilisant un guide institutionnel et un guide de participation disponibles en ligne. « Le mouvement ResiliArt est désormé lancé », a conclu Ernesto Ottone R., Sous-Directeur général de l'UNESCO pour la culture.