La Convention du patrimoine mondial de 1972 est fondée sur le principe de coopération internationale. Elle reconnaît en certains lieux une valeur irremplaçable pour l'humanité et signifie que toutes les nations s’engagent à soutenir leur protection. Cette alliance globale est la plus à même de faciliter la conservation de l'océan, zone dont la connectivité est une évidence. Reconnaissant que le patrimoine mondial a un rôle clé à jouer dans la conservation des océans, le Programme marin du patrimoine mondial a été créé en 2005 dans le but d'assurer la protection des sites marins possédant une valeur universelle exceptionnelle.

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Depuis la création du Programme, 16 nouveaux sites marins ont été ajoutés à la Liste du patrimoine mondial, ce qui a permis de doubler la superficie marine protégée par la Convention du patrimoine mondial en un peu plus de 10 ans. Aujourd'hui, le Programme regroupe 49 sites répartis dans 37 pays qui, ensemble, représentent 10% de la superficie totale des aires marines protégées du monde. Ce réseau mondial s'étend maintenant des tropiques à l'Arctique, incluant des sites iconiques comme la Grande Barrière (Australie) et les Îles Galápagos (Equateur) mais également des trésors bien moins connus tels que le Surtsey islandais (Islande) et le Parc national de la rivière souterraine de Puerto Princesa aux Philippines.

Alors que nos océans sont confrontés à des menaces existentielles, les enjeux sont plus élevés que jamais. Les gestionnaires qui supervisent ces sites sont la meilleure ligne de défense possible pour notre planète en ces temps de changements sans précédent. Collectivement, ils sont confrontés à tous les défis imaginables, de l'industrialisation aux espèces envahissantes, comme le pterois, mais chacun dispose de l’appui de la Convention du patrimoine mondial et d’un système de soutien réunissant les meilleurs et plus brillants scientifiques au monde. La coopération internationale peut aider les sites, de manière individuelle, à tirer parti des réussites et à éviter des erreurs coûteuses. Au cours de la dernière décennie, le Programme marin du patrimoine mondial a travaillé à faciliter l'échange de connaissances et de ressources au sein de cette communauté, en créant un réseau mondial de leaders de la conservation qui est de mieux en mieux équipé pour naviguer sur un océan en plein changement.

Cette coopération internationale a produit des succès remarquables, depuis les progrès du tourisme à faible impact, plus écologique et durable, dans le Glacier Bay et les Fjords de l'Ouest de la Norvège jusqu'aux accords garantissant l’accès des oiseaux migrateurs aux principales voies de migration internationales. Les baleines et les requins auront des aires de reproduction et d'alimentation plus sûres lors de leurs migrations à travers le monde, les sites coopérant de plus en plus pour les protéger. Rien que cette année, une alliance a été créée entre sept sites, dans cinq pays d'Amérique latine, et bénéficiera à des espèces très variées comme les requins, le thon, l'espadon et les tortues luths qui voyagent entre ces différents sites du patrimoine mondial.

"La Convention du patrimoine mondial de 1972 est particulièrement adaptée pour faciliter la conservation des océans du monde, car les actions des nations individuelles ont des répercussions bien au-delà de leurs frontières, dans un monde dynamique, relié par les courants et les espèces migratrices. En outre, la coopération internationale est le fondement même de la Convention. Reconnaissant que nous avions un rôle clé à jouer dans la conservation du milieu marin, l'UNESCO a créé le Programme marin du patrimoine mondial en 2005. Le programme a pour mandat de promouvoir une conservation efficace des zones marines d'une valeur universelle exceptionnelle existantes et potentielles, en les aidant à prospérer pour les générations à venir » a indiqué Mechtild Rössler, Directrice du Centre du patrimoine mondial de l'UNESCO, dans la préface de la publication.

Au cours de la prochaine décennie, le Programme marin du patrimoine mondial axera son activité sur le soutien à apporter à ces joyaux océaniques pour s’adapter au changement climatique et les aider à éliminer la pêche illégale, non déclarée et non réglementée. De récents épisodes de blanchiment généralisé des coraux ont sensibilisé le monde aux périls que traversent nos trésors océaniques, mais le changement climatique porte de nombreux visages. Les sites marins du patrimoine mondial devraient ressembler à des capsules temporelles qui montrent à quoi ressemble un océan sain. Au cours de la dernière décennie, beaucoup ont créé de grandes « no-take » zones pour permettre aux systèmes naturels de récupérer et de prospérer. Dans les années à venir, le Programme marin s’efforcera de tirer parti de ces réussites.

Par ailleurs, de grandes étendues de mer abritent certains trésors les plus fascinants de l'océan, mais ne bénéficient pas encore de la protection du patrimoine mondial. Le plus important de ces domaines est sans doute la haute mer, dont les zones marines se situent au-delà de toute juridiction nationale. Cette vaste étendue d'océan recèle des merveilles que nous avons à peine commencé à découvrir. La fonte des glaces sans précédent et les progrès de la technologie ont engendré le développement de la navigation, de la pêche et du développement industriel en haute mer, et il est impératif que nous nous attachions à conserver les joyaux de ce patrimoine mondial avant qu'ils ne soient perdus. Plus tôt cette année, le Centre du patrimoine mondial a identifié cinq sites de valeur universelle exceptionnelle potentielle en haute mer. Avec ses partenaires, le Programme marin du Centre du patrimoine mondial travaillera sur les mesures pratiques à mettre en place afin de faciliter leur protection dans les années à venir.

Comme l'a dit l’un des leaders du collectif « Ocean Elders », Sven Lindblad, lors de la plus récente Conférence des gestionnaires de sites marins du patrimoine mondial, notre océan est la seule véritable « banque mondiale ». Ses ressources soutiennent l'humanité, de l'oxygène que nous respirons aux aliments que nous mangeons et à l'économie qui nous emploie. Les 49 sites marins inscrits sur la Liste du patrimoine mondial nous rappellent ce que l’on peut accomplir en travaillant ensemble pour conserver notre patrimoine commun. Les enjeux n'ont jamais été aussi élevés, pas moins que la volonté publique ni la volonté politique de sauver les mers. Le Centre du patrimoine mondial est impatient de travailler avec chacun au cours de la prochaine décennie afin d'accroître à la fois la portée et l'efficacité du Programme marin du patrimoine mondial pour que les générations futures puissent encore profiter des atouts irremplaçables pour l’humanité que recèlent nos océans.

Cette publication a été rendue possible grâce au soutien apporté par le Fonds-en-dépôt des Pays-Bas et le soutien constant du fabricant suisse de montres Jaeger-LeCoultre et du Fonds-en-dépôt des Flandres.