Les récentes inondations menacent le bien du patrimoine mondial de la Ville historique de Grand-Bassam, Côte d'Ivoire. L'UNESCO envoie une mission en vue d'accompagner techniquement les autorités nationales et locales dans l’évaluation des dégâts et dans la collecte de toutes les données nécessaires pour la préparation d'un plan de gestion des risques qui prenne mieux en compte la question d’inondations.

Le week-end du 11 au 13 octobre, de fortes pluies sont tombées sur la ville de Grand-Bassam et la région environnante, provoquant le débordement de la rivière Comoé ainsi que des inondations dans une grande partie de la Ville historique de Grand-Bassam, inscrite depuis 2012 sur la Liste du patrimoine mondial de l'UNESCO. Les eaux de la lagune Ouladine et du fleuve Comoé ont envahi les principales artères du quartier historique (zones résidentielle, administrative et commerciale) où se trouvent des édifices remarquables tels que les maisons Ganamet et du Résident ainsi que le village N’zima qui a souffert d’énormes pertes matérielles. En réponse à ces inondations, l'UNESCO a planifié, en étroite coopération avec les autorités ivoiriennes, une première mission pour l'évaluation des dommages et la définition de mesures de sauvegarde, financée par le Fonds d'Urgence pour le Patrimoine de l'UNESCO. Les résultats de la mission contribueront également à la préparation d'un plan de gestion des risques pour Grand-Bassam et à l’identification des besoins en formation pour sa mise en œuvre.

"A travers le Bureau de l'UNESCO à Abidjan, nous sommes aux côtés du Gouvernement ivoirien et les autorités locales de Grand-Bassam pour mener les actions de première urgence qui s'imposent pour remédier au plus vite aux impacts constatés dans la zone sinistrée" a déclaré la Directrice générale de l'UNESCO, Mme Audrey Azoulay.

Le Sous-Directeur général de l'UNESCO pour la culture, M. Ernesto Ottone R., a déclaré que "l'UNESCO possède une vaste expérience et expertise en matière de gestion des risques de catastrophe dans le secteur culturel, notamment pour les biens du patrimoine mondial, et nous continuerons à fournir une expertise technique et à aider à mobiliser des fonds pour soutenir les efforts de gestion des risques, y compris les inondations".

Quelques 1180 habitants ont dû être relogés à la hâte dans trois centres d’hébergement organisés par la municipalité. La montée des eaux a gagné en intensité en raison de l’ensablement de l’embouchure dont la réouverture se pose avec acuité. Une cellule de crise a été créée par les autorités pour secourir les populations sinistrées et étudier les différentes options techniques de la réouverture de l’embouchure ainsi que ses impacts potentiels sur l’écosystème lagunaire. 

Cette catastrophe naturelle paralyse le cours normal de la vie des populations ainsi que les activités économique et touristique. Elle nous montre aussi combien l'impact des inondations se fait ressentir non seulement sur le patrimoine bâti, mais sur l'ensemble de la vie culturelle, à l'instar de la célébration de l'Abissa, fête traditionnelle de la communauté N'Zima, qui doit être reportée du fait de l’inondation du village et de ses voies d’accès.

En février 2019, la Directrice générale Audrey Azoulay s’est rendue à Grand-Bassam à l’occasion de la visite officielle qu’elle effectuait en Côte d’Ivoire.

Première capitale de Côte d’Ivoire, la ville de Grand-Bassam est un exemple urbain colonial de la fin du XIXe siècle et de la première partie du XXe siècle. Elle suit une planification par quartiers spécialisés dans le commerce, l’administration, l’habitat européen et l’habitat autochtone. Le site comprend également le village de pêcheurs africain de N’zima et des exemples d’architecture coloniale comme des maisons fonctionnelles dotées de galeries, de vérandas et de nombreux jardins. Grand-Bassam fut la capitale portuaire, économique et juridique de la Côte d’Ivoire ; elle témoigne des relations sociales complexes entre les Européens et les Africains puis du mouvement en faveur de l’indépendance.