Près des deux tiers de l'océan, la moitié de la surface du monde, se trouvent en dehors de la juridiction des nations. Alors que 49 sites marins sont aujourd’hui inscrits sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, tous sont actuellement limités à des zones situées sur le territoire d’une nation. Suite à un rapport pionnier de l’UNESCO et de l’UICN publié en 2016, les experts ont conclu que ces aires marines reculées abritent des zones uniques au monde qui méritent d'être reconnues de la même manière que l'humanité l’a fait sur terre. Des experts juridiques se sont réunis à Monaco cette semaine pour examiner les modalités pratiques qui permettraient à la Convention du patrimoine mondial de 1972 de protéger de tels lieux.

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Du 11 au 12 décembre 2018, des experts juridiques se sont réunis à Monaco pour discuter des modalités pratiques sur la manière dont des zones marines uniques au monde, situées au-delà des limites de la juridiction nationale, pourraient potentiellement être protégées par la Convention du patrimoine mondial de 1972. Les experts ont souligné que l'absence de procédures couvrant les zones de haute mer pourraient constituer un simple oubli historique et ont conclu que des modifications mineures dans le champ d'application de la Convention pourraient permettre une telle protection.

En 2011, une évaluation indépendante de la mise en œuvre de la Stratégie globale par le Commissaire aux comptes de l'UNESCO a recommandé aux États parties à la Convention du patrimoine mondial de 1972 « de réfléchir aux moyens appropriés de préserver les sites correspondant à des conditions de valeur universelle exceptionnelle ne dépendant pas de la souveraineté des États parties ».

Suite à cette recommandation, l’UNESCO et l’UICN ont publié un premier rapport identifiant cinq sites en haute mer présentant une valeur universelle exceptionnelle potentielle, notamment le Dôme thermal du Costa Rica, le Champ hydrothermal de la Cité perdue, le Café des requins blancs, la mer des Sargasses et l’Atlantis Bank.

« Il est difficile d’imaginer que la vision à long terme des pères et mères fondateurs de la Convention en matière de protection ait pu viser à exclure la moitié de la planète. », a déclaré Mechtild Rössler, Directrice du Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO.

Lorsque la Convention du patrimoine mondial a été adoptée en 1972, la législation internationale en matière d'environnement et de protection de l'océan en était à ses balbutiements. La Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (CNUDM) ne sera finalisée que 10 ans plus tard, en 1982. Ce n'est que lorsque la CNUDM a été adoptée que la distinction entre les espaces océaniques situés dans les limites et au-delà des limites de la juridiction nationale est devenue une réalité. Les premiers systèmes de ventilation hydrothermale n’ont été découverts qu’à la fin des années 70, alors que la majeure partie des profondeurs de l’océan situées au-delà des limites de la juridiction nationale reste encore à découvrir par la science.

La réunion a également permis d’élaborer des synergies et des possibilités de collaboration dans le cadre des négociations en cours de la Conférence intergouvernementale (CIG) sur un instrument international juridiquement contraignant se rapportant à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (CNUDM) et portant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones situées au-delà des limites de la juridiction nationale (ZAJN).

La réunion a eu lieu à Monte Carlo, Monaco, et a été rendue possible grâce au soutien de l'Agence française pour la biodiversité et de la Fondation Prince Albert II de Monaco.

Plus d’informations sur les travaux du Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO sur la haute mer : http://whc.unesco.org/fr/highseas/