Nous sommes heureux de vous présenter ce numéro sur la biodiversité et les sites du patrimoine mondial, en mettant l’accent sur certains des biens les plus vitaux pour l’avenir de notre planète.

Ces articles ont été préparés en prévision de la Conférence des Nations Unies sur la biodiversité (COP 15), initialement prévue pour octobre 2020 à Kunming, en Chine, et de la désignation d’une « super année pour la biodiversité ». De nombreuses décisions de grande portée concernant la préservation de la biodiversité devaient être prises en 2020. Mais en raison de la pandémie de la COVID-19, un certain nombre de réunions internationales, dont la COP 15, n’ont pas pu avoir lieu et ont été reportées.

En attendant, la pandémie de la COVID-19 n’est pas un phénomène isolé. Des preuves scientifiques établissent un lien entre l’émergence du virus COVID-19 et la dégradation des écosystèmes et la perte de biodiversité. L’humanité détruit l’environnement naturel à un rythme accéléré, mettant les populations humaines en contact avec de nouveaux agents pathogènes pour lesquels nous ne sommes pas équipés à contrôler.

L’année 2020 a également continué à montrer l’interconnexion du changement climatique et de la biodiversité. Des incendies généralisés, probablement causés par les effets du changement climatique, ont menacé des sites naturels du patrimoine mondial dans de nombreuses régions du monde, comme la région du Pantanal au Brésil et les Blue Mountains et les forêts tropicales humides du Gondwana en Australie.

Une fois de plus, nous avons assisté à des phénomènes de blanchissement massif des coraux, notamment à la Grande Barrière de corail (Australie). Comme le prouvent les études publiées par le Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO, si l’augmentation de la température mondiale ne peut être limitée à 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels, nous pourrions perdre la plupart des sites de récifs coralliens inscrits au patrimoine mondial.

Il est plausible que la mort mystérieuse de 330 éléphants dans le Delta de l’Okavango (Botswana) ait été causée par des efflorescences toxiques de cyanobactéries, un phénomène dangereux qui s’accroît dans le monde entier en raison du changement climatique. Des phénomènes climatiques extrêmes ont également frappé les montagnes Rwenzori en Ouganda, Socotra au Yémen et les Sundarbans en Inde, en plus de provoquer des inondations dans de nombreux biens culturels.

Dans ce numéro, nous nous concentrons sur des zones cruciales pour la biodiversité : le site de 67 millions d’hectares des Terres et mers australes françaises, par exemple, et la réserve de faune du Dja au Cameroun, qui a le triple statut de réserve de faune, de réserve de biosphère de l’UNESCO et de site du patrimoine mondial. Nous découvrons les sanctuaires d’oiseaux migrateurs le long de la côte de la mer Jaune et du golfe de Bohai en Chine, et nous avons un entretien approfondi avec la primatologue de renom Jane Goodall.

Tragiquement, au lieu de la super année pour la biodiversité, 2020 est devenue l’année où la nature nous donne un avertissement clair : si nous n’inversons pas la perte de biodiversité et la dégradation des écosystèmes, et si nous ne nous attaquons pas aux causes du changement climatique, le monde pourrait connaître des changements sans précédent qui affecteraient irréversiblement notre planète et notre mode de vie.

Nous ne pouvons qu’espérer que ce que nous avons appris en 2020 convaincra les dirigeants mondiaux, et chacun d’entre nous, de prendre les décisions nécessaires à un changement transformateur pour sauver notre planète.

Mechtild Rössler
Directrice
UNESCO Centre du patrimoine mondial

Dossier :

Préserver les trésors naturels du monde

La Colombie est un bon exemple de la façon dont la Convention du patrimoine mondial et la Convention sur la diversité biologique sont conjointement mises à profit pour parvenir à une protection et une conservation efficaces des trésors naturels du pays.

21 Yancheng : un sanctuaire pour 16 les bécasseaux spatules

Le sanctuaire d’oiseaux migrateurs le long du littoral de la mer Jaune et du golfe de Bohai de Chine (phase I) est d’importance mondiale pour le rassemblement de nombreuses espèces d’oiseaux migrateurs qui utilisent la voie de migration Asie de l’Est-Australasie.

Les Terres et mers australes françaises, sanctuaire de biodiversité au cœur de l’océan Austral

Afin de préserver cette nature exceptionnelle mais menacée, la collectivité des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), gestionnaire du bien, met en œuvre depuis plus de dix ans une gestion environnementale rigoureuse pour garantir l’intégrité du bien.

La réserve de faune du Dja : Les diverses représentations sociales d’un trésor naturel

La réserve de faune du Dja est la seule aire protégée du Cameroun jouissant d’un triple statut : réserve de faune, réserve de biosphère et site du patrimoine mondial. Ces trois statuts confèrent au Dja une certaine particularité et le soumettent de fait au respect des exigences du Programme sur l’homme et

33 la biosphère (MAB) et de la Convention concernant la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel, ou Convention du patrimoine mondial.

Focus :

L’UNESCO et la biodiversité : créer l’harmonie

Le réseau unique de réserves de biosphère de l’UNESCO, qui s’appuie sur plus de 50 ans d’expérience de la protection à la gestion intégrée des paysages terrestres et marins connectés, démontre qu’il est déjà possible de vivre en harmonie avec la nature. Les bonnes pratiques – décrites ci-dessous – peuvent inspirer à se reconnecter au-delà des limites des zones protégées afin de responsabiliser tous les secteurs de la société, y compris les jeunes.

Forum :

Entretien

Jane Goodall, DBE, fondatrice de l’Institut Jane Goodall, Messagère de la paix des Nations Unies.

Organisations consultatives

UICN: Notre promesse aux générations futures : un monde vivant en harmonie avec la nature.

News :

Préservation

Renforcer la lutte contre l’incendie pour prévenir la destruction du Pantanal brésilien ; Les experts appellent à un tourisme inclusif et régénérateur pour renforcer l’après-COVID-19.

Sites en péril

L’UNESCO condamne le meurtre de deux gardes de la Réserve de faune à Okapis.

Promotion

Cinq pays d’Afrique de l’Est reçoivent des subventions #SOSAfricanHeritage pour renforcer la résilience à la COVID-19..