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Story

Ecouter la voix des filles et des femmes

Magdalena Cox Xum est la cadette d’une famille de quatre filles et cinq garçons vivant à San Andrés Xecul à Totonicapán (Guatemala). Dans cette région, seulement 35 % des filles en âge scolaire fréquentent l’école primaire et 1 % des filles de 12 à 21 ans poursuivent dans l’enseignement secondaire.

Le taux de femmes alphabétisées était de 62,5 % en 2014, un des plus faibles du pays. Seuls Magdalena et son frère cadet ont terminé l’école et Magdalena, avec le soutien de sa mère, s’est ensuite formée pour devenir enseignant bilingue (k'iche' et espagnol) dans le primaire.  

En 2018, elle est devenue la première coordonnatrice pédagogique pour le Centre local UNESCO-Malala, dans le cadre d’un nouveau projet soutenu par le Fonds UNESCO-Malala pour le droit des filles à l’éducation. Ce fonds a été créé en 2012 après la brutale tentative d’assassinat dont a été victime Malala Yousafzai, une jeune pakistanaise militant pour le droit des filles à l’éducation. Il reconnaît le pouvoir de transformation de l’éducation, créatrice de valeurs et de pratiques qui respectent et promeuvent les droits de l’homme, l’inclusion sociale, l’égalité des genres et la paix. 

J’ai le droit de bénéficier de l’éducation. J’ai le droit de jouer. J’ai le droit de chanter. J’ai le droit de parler. J’ai le droit d’aller au marché. J’ai le droit de m’exprimer.
Malala Yousafzai, entretien avec CNN, novembre 2011

Magdalena ne se contente pas d’enseigner. Elle a fait du porte à porte et rencontré de potentiels étudiants. Elle donne ses cours dans sa propre maison et a acheté un tableau blanc et des bancs à cet effet. Elle a déclaré à une femme : « Le matin, tu peux t’occuper des animaux et l’après-midi, tu viens étudier avec moi ». Cette femme a maintenant terminé sa 6e année. 

Magdalena Cox (tercera por la derecha) y sus amigas se esfuerzan por contrarrestar el acceso limitado de las niñas a la educación en Guatemala, impulsando las actividades de los Centros Locales UNESCO-Malala
Mariana Samayoa Magdalena Cox (troisième à partir de la gauche) et ses amies s’efforcent de répondre à l’accès limité des filles à l’éducation au Guatemala par le biais du Centre local UNESCO-Malala. © UNESCO / Mariana Samayoa
Je suis heureuse de soutenir les filles et les femmes de la communauté. Bien qu’elles aient manifesté un vif intérêt pour les centres, il reste encore beaucoup à faire, notamment pour toucher celles qui vivent dans des zones éloignées. Nous devons offrir des possibilités à tout le monde. 
Magdalena

Depuis, Magdalena a fait des émules. De nouvelles coordinatrices dévouées comme Juana, Lucero et Sandra l’ont rejointe avec pour mission de faire de l’éducation une réalité pour les filles et les femmes autochtones du Guatemala. 

Ma vie a considérablement changé au cours des derniers mois, car j'ai l'habitude de travailler avec des groupes de femmes dans la communauté, maintenant je ne peux les contacter et les soutenir que par WhatsApp, et j'ai eu l'occasion de rendre visite à certaines d'entre elles chez elles, mais la mobilité est limitée. 
Magdalena

Les Centres UNESCO-Malala au Guatemala travaillent avec les parties prenantes locales pour offrir des programmes pédagogiques durables dans les zones rurales où se conjuguent les problèmes économiques et l’éloignement de l’école limitant l’accès des filles à l’éducation. Ils proposent des programmes éducatifs dispensés dans la langue des participantes qui vont accompagner leur développement personnel et socio-économique. 

Mon avenir, c’est continuer mon travail auprès des filles et des femmes mais également me tourner vers les jeunes hommes qui nous font part de leur intérêt à apprendre. Il est important d’inclure les garçons car cela peut contribuer à faire évoluer les normes sociales négatives et les stéréotypes de genre à propos de l’éducation des filles et des femmes.
Magdalena

Il est crucial d’écouter ce que les filles et les femmes veulent et ce dont elles ont besoin, c’est pourquoi, dans la première phase du projet, deux ateliers participatifs ont été organisés en avril 2018 dans les centres UNESCO-Malala des municipalités de San Andrés Xecul et Santa María Chiquimula, pour lesquels de nombreuses participantes ont dû s’inscrire avec leur empreinte digitale car elles ne savaient ni lire ni écrire. Une femme a déclaré : « Je veux acquérir les compétences pratiques qui pourront m’aider à générer mon propre revenu ». Pour une autre, apprendre à lire signifiait ne pas se perdre dans la rue. Une jeune fille espérait devenir enseignante ; une femme voulait aider ses enfants à faire leurs devoirs.

J’apprécie tous les aspects de mon travail au centre, et surtout les visites dans les communautés pour identifier celles qui sont intéressées et de les aider à s’inscrire. Ce qui peut sembler être un acte banal, comme le fait d’écrire leur nom, signifie beaucoup pour les femmes.
Sandra
Una participante en un taller organizado por los Centros Locales UNESCO-Malala de Guatemala
Une participante d’un atelier proposé par les Centres UNESCO-Malala © UNESCO Guatemala / Armando Velásquez
Le changement majeur a été l’évolution de stéréotypes négatifs comme – les femmes ne font pas d’études – et les mères, qui elles-mêmes n’ont pas pu recevoir une éducation, soutiennent aujourd’hui leurs filles afin qu’elles puissent étudier.
Juana
Retratos de participantes en programas educativos de los Centros Locales UNESCO-Malala de Guatemala
Portraits de participantes aux programmes du centre © UNESCO Guatemala / Armando Velásquez
Depuis que je suis devenue coordinatrice pédagogique, je suis un modèle pour ma famille et surtout ma grand-mère, qui a participé aux activités du centre et qui encourage les autres membres de la famille à suivre mon exemple
Lucero

Les Centres UNESCO-Malala au Guatemala travaillent avec les parties prenantes locales pour offrir des programmes pédagogiques durables dans les zones rurales où se conjuguent les problèmes économiques et l’éloignement de l’école limitant l’accès des filles à l’éducation. Ils proposent des programmes éducatifs dispensés dans la langue des participantes qui vont accompagner leur développement personnel et socio-économique. 

Il est crucial d’écouter ce que les filles et les femmes veulent et ce dont elles ont besoin, c’est pourquoi, dans la première phase du projet, deux ateliers participatifs ont été organisés en avril 2018 dans les centres UNESCO-Malala des municipalités de San Andrés Xecul et Santa María Chiquimula, pour lesquels de nombreuses participantes ont dû s’inscrire avec leur empreinte digitale car elles ne savaient ni lire ni écrire. Une femme a déclaré : « Je veux acquérir les compétences pratiques qui pourront m’aider à générer mon propre revenu ». Pour une autre, apprendre à lire signifiait ne pas se perdre dans la rue. Une jeune fille espérait devenir enseignante ; une femme voulait aider ses enfants à faire leurs devoirs. 

Participantes en los talleres organizados por los Centros Locales UNESCO-Malala de Guatemala
Des participantes aux ateliers proposés par les Centres UNESCO-Malala

En août 2019, deux nouveaux ateliers ont été proposés pour offrir aux bénéficiaires un espace de partage de leurs expériences au sein des Centres. Plus de 100 femmes et jeunes filles sont venues témoigner de la manière dont l'éducation avait transformé leur vie. Pour l'une d'entre elles, cela a consisté à « sortir de la maison, se vider l'esprit [et] apprendre des tas de choses », « un changement bienvenu dans sa vie ». Pour une autre, ce fut la révélation que « les femmes ont les mêmes droits [que] les hommes, ce qui a changé sa façon d'appréhender le monde. ».  

En mars 2020, les Centres ont dû fermer en raison de la crise sanitaire mondiale et il a donc fallu s’adapter pour continuer à soutenir les femmes participant aux Centres UNESCO-Malala, dans le contexte de la nouvelle normalité. Cependant, dans un pays où seulement 29% de la population a accès à l'internet, la connectivité est un vrai défi. Des formations en distanciel sur les thèmes de la santé et le bien-être, l’égalité entre les genres, la prévention contre la violence basée sur le genre et l'autonomie économique ont été dispensées et des outils technologiques et matériels éducatifs bilingues ont été distribués. Au total, depuis leur ouverture, les Centres UNESCO Malala pour l’éducation au Guatemala ont accueilli plus de 500 filles et femmes.