Article

Impliquer les écoles de la magistrature pour renforcer la coopération sur les questions de liberté d’expression

L’UNESCO, en partenariat avec l’École brésilienne de formation et de perfectionnement de magistrats (ENFAM), a organisé un atelier sur les « leçons tirées de la formation des acteurs judiciaires sur la liberté d’expression, l’accès à l’information et la sécurité des journalistes à l’ère du numérique ». L’atelier s’est déroulé dans le cadre de la 10e conférence de l’Organisation internationale pour la formation judiciaire (IOJT), à Ottawa, au Canada, du 30 octobre au 3 novembre 2022.
Engaging with judicial training institutes to strengthen cooperation on freedom of expression issues

C’est la première fois que l’UNESCO a participé à la conférence de l’IOJT, organisée chaque année pour donner l’occasion aux juges et aux formateurs judiciaires de discuter des stratégies de création et de développement de centres de formation, de conception de programmes d’études efficaces, de développement des capacités du corps enseignant et d’amélioration des méthodes d’enseignement.

Le thème de cette année était Une formation judiciaire efficace : Comprendre les populations vulnérables. La conférence a rassemblé plus de 300 juges et représentants d’écoles de la magistrature d’environ 50 pays. Elle a associé réunions-débats et tables rondes pour présenter des techniques innovantes, des sujets et des outils utiles aux juges.

Le très honorable Richard Wagner, juge en chef du Canada, a déclaré dans son allocution d’ouverture que, selon l’indice de l’État de droit du World Justice Project de l’année dernière, 74 % des pays ont connu un déclin de l’État de droit en 2021.

Cette année, les juges ont été soumis à des campagnes de désinformation en ligne agressives ainsi qu’à des interférences politiques. Ils ont été licenciés en masse, ont reçu des menaces de mort. Certains ont même été assassinés. Nous devons rester vigilants face à ces menaces et nous inspirer les uns des autres. La transparence favorise la confiance du public dans l’administration de la justice. Lorsque les juges gagnent cette confiance, nous réduisons notre vulnérabilité et renforçons l’indépendance de la justice. Ce n’est que lorsque le pouvoir judiciaire est pleinement indépendant que nous pouvons faire respecter l’État de droit, renforcer la démocratie et veiller à ce que les populations vulnérables soient traitées avec équité et dignité.
Très honorable Richard Wagner Juge en chef du Canada

L’atelier de l’UNESCO a représenté une plateforme pour les participants de toutes les régions du monde pour faire le point sur les bonnes pratiques et les défis, ainsi que pour échanger sur les outils pédagogiques pratiques pour promouvoir la liberté d’expression et la sécurité des journalistes. Il a par la même occasion permis de créer un réseau et de renforcer les synergies entre pairs et experts sur ces questions, dans l’optique d’une coopération potentielle à l’avenir.

Parmi les intervenants de l’atelier, on peut citer le Professeur Sabin Ouellet, Président de l’Association internationale des procureurs francophones, le juge Chile Eboe-Osuji, ancien Président de la Cour internationale de Justice et membre actuel du Groupe d’experts juridiques de haut niveau sur la liberté des médias, ainsi que la juge Elisa Joao Samuel, Directrice générale du Centre de formation juridique et judiciaire du Mozambique.

Le rôle du pouvoir judiciaire et des écoles de la magistrature est crucial pour garantir que les normes internationales en matière de liberté d’expression, d’accès à l’information et de sécurité des journalistes soient appliquées au niveau national. C’est pourquoi l’UNESCO travaille activement avec les écoles de la magistrature pour intégrer des modules sur la liberté d’expression, l’accès à l’information et la sécurité des journalistes dans leurs programmes d’études.
Tawfik Jelassi Sous-directeur général pour la Communication et l’Information, UNESCO

À travers une discussion de groupe de type World Café, les participants ont formulé des recommandations spécifiques pour renforcer le rôle et les capacités des écoles de la magistrature sur la liberté d’expression, l’accès à l’information et la sécurité des journalistes. Parmi celles-ci, ils ont souligné l’importance d’introduire des modules spécifiques sur ces questions dans les programmes d’études des écoles de la magistrature. Ils ont également encouragé l’UNESCO à continuer à soutenir le système judiciaire par le biais de formations sur le terrain.

Les sujets suivants ont été abordés :

  • les défis rencontrés lors de l’intégration de modules spécifiques sur ces questions dans les programmes des écoles de la magistrature.
  • les outils pédagogiques pratiques et les méthodes éducatives les plus innovantes.
  • comment relever les défis émergents tels que l’intelligence artificielle et les plateformes numériques ; les moyens d’améliorer la coopération entre les acteurs judiciaires pour promouvoir la liberté d’expression aux niveaux national, régional et international.

L’événement s’est inscrit dans le cadre plus large de l’Initiative pour la formation des juges de l’UNESCO. Depuis 2013, cette initiative a renforcé les compétences des acteurs judiciaires dans plus de 150 pays pour respecter les normes internationales et régionales en matière de liberté d’expression, d’accès à l’information et de sécurité des journalistes. Plus de 24 000 acteurs du judiciaire, dont des juges, des procureurs et des avocats, ont été formés à ces questions, notamment par le biais d’une série de cours en ligne ouverts à tous (MOOC), de formations et d’ateliers sur le terrain destinés aux juges de la Cour suprême, mais aussi de publications d’un certain nombre de trousses à outils et de lignes directrices.

L’événement a été rendu possible grâce au Programme multidonateurs pour la liberté d’expression et la sécurité des journalistes (MDP) et à la Fondation Open Society.