Actualité

Les femmes journalistes du Mali s’approprient leurs droits et les techniques de protection liées à leur métier

Une trentaine de femmes journalistes des médias publics, privés, communautaires, radio, en ligne et hors ligne ont pris part à un atelier de formation sur leur droit et les techniques de protection liées à leur métier. Cet atelier de formation est financé par la Fondation Swedish POSTKOD afin de promouvoir la sécurité des femmes journalistes en ligne et hors ligne. L’atelier s’est tenu du 05 au 07 novembre 2020 à Ségou (Mali).

Cet atelier intervient dans un contexte où, les menaces contre la liberté d’expression dans le monde et plus particulièrement les agressions auxquelles font face les femmes journaliste s’accentuent de jour en jour notamment dans les zones d’insécurité comme le Mali. Les femmes journalistes font face à beaucoup de contraintes qui limitent leur capacité à bien exercer leur profession notamment les contraintes des traditions et les marginalisations incessantes dans les rédactions pour la couverture de certains grands sujets relatifs à la politique et à l’économie.

En plus de ces contraintes traditionnelles et culturelles, le harcèlement constitue un poids pesant lourdement sur l’épanouissement des femmes dans la profession du journalisme et constitue la forme la plus répandue de violence faite aux femmes journalistes au Mali selon une étude préliminaire conduite par la Maison de la Presse dans le cadre ce projet auprès de quelques médias basés dans la capitale malienne et quelques régions de l’intérieur.

Les modules contribuant à l’atteinte des objectifs de l’atelier portaient sur les instruments de protection des journalistes, les risques professionnels des journalistes, les particularités pour les femmes journalistes en matière de droits et sécurité, comment faire face à la discrimination au Mali, l’éthique et la déontologique comme facteur de sécurité pour les journalistes.

Pendant la formation, les participantes n’ont pas manqué de faire des témoignages sur les instances de harcèlement dont elles ont été victimes. Une participante confie:

Chaque fois que j’avais un sujet d’enquête, je passais chez lui pour lui demander des conseils. Il m’aidait à corriger mon papier. Il a commencé à m’inviter dans son bureau. Chaque fois que je venais, il ne parlait que de ma beauté, mon comportement. Ses démarches étaient plutôt amoureuses et lorsque j’ai compris cela, j’ai pris mes distances. Ce qui ne l’a pas plu. Lorsque je lui ai proposé, sur instance d’une amie, de lire un de mes écrits, il a décliné cette demande prétextant qu’il n’était pas disponible. Cela m’a marqué psychologiquement puisqu’il n’avait jamais refusé de rendre service
Une Participante

Au cours de la cérémonie de clôture de l’atelier de formation, la Maison de la Presse, partenaire de mise en œuvre de ce projet, à travers son Vice-Président, Mr Daouda MARIKO, a remercié l’UNESCO pour l’appui et a encouragé la tenue d’autres formations entrant dans le cadre de la sécurité des femmes journalistes au Mali. Prenant la parole à sa suite, Mr. Ali DAOU, Représentant le Chef du Bureau de l’UNESCO à Bamako a exhorté tous les acteurs à s’impliquer pleinement dans la défense de la sécurité des femmes journalistes pour l’égalité des genres dans les médias afin de promouvoir la liberté d’expression.

Enfin, cette formation entre dans le cadre de la mise en œuvre du projet « Promouvoir la sécurité des femmes Journalistes » qui  a pour objectif de mettre fin à la discrimination à l’égard des femmes journalistes, éliminer la violence à l’égard des femmes journalistes, assurer la participation des femmes et l’égalité des chances pour le leadership à tous les niveaux de prise de décision dans la vie politique économique et publique et renforcer l’utilisation des technologies de la communication et de l’information pour promouvoir l’autonomisation. Les travaux menés dans le cadre de ce projet répondront aux menaces croissantes contre la liberté d’expression dans le monde et plus particulièrement aux dangers auxquels sont confrontées les femmes journalistes qui exercent ce droit.