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L’UNESCO forme des enseignants du monde entier à aborder les passés violents et à prévenir les génocides

United States Holocaust Memorial Museum

Faisant progresser les efforts mondiaux qui visent à renforcer l’enseignement de l’histoire de l’Holocauste et des génocides, l’UNESCO et le Musée du mémorial de l’Holocauste des États-Unis ont organisé du 12 au 18 février à Washington un atelier dans le cadre du Programme international sur l’enseignement de l’histoire de l’Holocauste.

L’atelier, pièce maîtresse d’une collaboration de longue date entre l’UNESCO et le Musée, a réuni 37 parties prenantes de l’éducation de 11 pays (Brésil, Cambodge, Colombie, Émirats arabes unis, Équateur, Grèce, Inde, Maroc, Nigéria, Rwanda et Serbie).

Pendant cinq jours, des enseignants, des porte-parole de la société civile, des universitaires et des fonctionnaires ministériels ont appris à s’appuyer sur les grandes leçons de l’Holocauste pour réfléchir sur le passé violent de leur propre pays. Ces efforts ont abouti à l’élaboration de solutions pratiques pour prévenir la violence et les génocides par l’éducation. Chaque équipe nationale s’est engagée à donner prochainement suite à ces projets, en mettant l’accent sur les besoins spécifiques de son pays.

Dans son discours d’ouverture adressé aux participants de l’atelier, Mme Stefania Giannini, Sous-Directrice générale de l’UNESCO pour l’éducation, a évoqué « le dévouement et le courage » qui s’avéraient indispensables pour « se confronter aux épisodes violents de l’Histoire et lutter contre le racisme, les discours haineux et l’antisémitisme ». Elle a également souligné l’importance universelle de l’enseignement de l’histoire de l’Holocauste et des génocides pour renforcer les droits de l’homme et promouvoir une culture de paix.

« Nous faisons partie d’une même famille humaine »

Depuis sa création en 2015, le Programme international est le projet phare de l’UNESCO en matière d’enseignement de l’histoire de l’Holocauste et des génocides. Les éditions précédentes ont donné lieu à des initiatives pédagogiques dans 16 pays qui ont touché au total plus de 4 600 apprenants et enseignants. Leurs résultats montrent que connaître le lien entre l’histoire de l’Holocauste et le propre passé violent d’un pays, ainsi que les signes avant-coureurs d’un génocide, peut favoriser à la fois la transformation et la prévention des conflits.

« Tirer les leçons du passé, honorer la mémoire des victimes et des rescapés et employer le pouvoir de l’éducation pour briser dès aujourd’hui le cycle de la violence permettra d’informer sur les conséquences de la polarisation, des discours haineux, de la discrimination et d’autres dynamiques qui peuvent conduire à des atrocités criminelles et à d’autres violations des droits de l’homme », a déclaré Karel Fracapane, spécialiste de programme chargé de la citoyenneté mondiale et de l’éducation à la paix à l’UNESCO.

Al Münzer, rescapé de la Shoah, a adressé une requête aux participants à l’atelier en livrant son témoignage : « N’oubliez jamais que nous faisons partie d’une même famille humaine ».

Quels ont été les résultats de l’atelier ?

La majorité des 11 équipes nationales participantes travaillent en étroite collaboration avec les pouvoirs publics afin d’instituer pour la première fois l’enseignement de l’histoire de l’Holocauste et des génocides dans leur contexte national. Afin de leur permettre de perfectionner leur projet, des experts internationaux ont aidé les participants à s’y retrouver parmi les nombreuses ressources disponibles sur l’histoire de l’Holocauste et à découvrir des moyens d’améliorer la politique éducative et la pédagogie. Le groupe a également visité le Musée national de l’histoire et de la culture afro-américaines pour réfléchir à l’importance de se confronter au passé violent de son pays.

Mme Roseli Alves, fonctionnaire au Ministère de l’éducation du Brésil, a affirmé : « Dans notre contexte, il est urgent de reconnaître le racisme structurel et les injustices historiques […] Je crois au pouvoir du système éducatif, qui doit être sollicité pour que nos programmes, nos enseignants, nos élèves, nos gestionnaires et nos actions s’inspirent du multiculturalisme, du respect mutuel, de l’équité, de la qualité et de l’impartialité pour tous ».

« Après avoir franchi de nombreuses étapes pour se relever de notre propre passé douloureux – le génocide des Tutsis –, beaucoup considèrent encore que nous sommes les seuls à avoir souffert », a ajouté Debby Karemera, chargée de programme à Never Again Rwanda. « L’éducation représente l’un des moyens d’empêcher les atrocités criminelles de se reproduire ».

Ces dernières années, l’atelier a mobilisé des parties prenantes de l’éducation originaires d’Afrique du Sud, d’Argentine, du Chili, de Colombie, de Hongrie, d’Inde, d’Indonésie, du Kenya, de Lituanie, du Mexique, du Maroc, de Namibie, de République de Corée, du Rwanda, de Tunisie, de Türkiye et d’Ukraine. Les projets menés à bien comprennent de nouveaux programmes d’enseignement, des supports pédagogiques, des expositions et des activités ouvertes au public qui ont suscité un intérêt toujours croissant pour l’histoire de l’Holocauste et l’étude des génocides.

Le Programme international sur l’enseignement de l’histoire de l’Holocauste et des génocides est financé par le Gouvernement du Canada. Il fait partie du programme mondial de l’UNESCO sur l’enseignement de l’histoire de l’Holocauste et des passés violents et contribue aux efforts menés par l’Organisation pour promouvoir l’éducation à la citoyenneté mondiale. À cet égard, l’UNESCO cherche à donner aux apprenants les moyens de construire une pensée critique et de devenir des citoyens du monde responsables et actifs qui sont attachés à la dignité humaine et au respect de tous et qui rejettent l’antisémitisme, le racisme et d’autres formes de préjugés pouvant conduire à des violences et à un génocide.