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FAQ : comment les pays africains améliorent-ils la qualité de leur éducation ?

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De nombreux pays du continent africain prennent des mesures importantes et significatives pour atteindre leurs objectifs en matière d'éducation, et certains ont fait des progrès considérables dans des domaines. Toutefois, il reste beaucoup à faire car l'Afrique subsaharienne abrite la plus grande population non scolarisée du monde. Un enfant sur cinq en âge de fréquenter l'école primaire et bien plus de la moitié des adolescents en âge de fréquenter l'école secondaire supérieure ne sont pas scolarisés. Dans près de la moitié des pays africains, le taux de non-scolarisation des enfants en âge de fréquenter l'école primaire est inférieur à 10 %, alors qu'il est supérieur à 50 % pour l'enseignement secondaire supérieur. Ce taux est en hausse dans plusieurs pays.

Le rapport continental L’éducation en Afrique : placer l’équité au cœur des politiques, réalisé conjointement par l'UNESCO et l'Union africaine, est le premier de ce qui deviendra un bilan régulier de l'éducation en Afrique. Il analyse les progrès réalisés en vue d'atteindre les objectifs fixés dans la Stratégie continentale de l'éducation pour l'Afrique 2016-2025 et l' Objectif de développement durable 4, et expose également les efforts en cours et les défis dans le secteur.

Qu’en est-il de l'accès à une éducation de qualité en Afrique ?

Dans environ la moitié des pays africains, le taux de non-scolarisation des enfants en âge de fréquenter l'école primaire est inférieur à 10 % alors qu'il est supérieur à 50 % pour l'école du second cycle du secondaire. Bien que ce taux soit en hausse dans plusieurs pays, environ 80 % des enfants d'Afrique subsaharienne ne reçoivent toujours pas d'enseignement dans une langue qu'ils parlent à la maison, et cela entrave considérablement les résultats d'apprentissage. 

Ce rapport continental met en évidence de grandes disparités entre les pays d'Afrique en termes d'accès à l'éducation. Les gouvernements africains doivent accorder une plus grande importance à l'équité dans leur planification politique et leurs considérations budgétaires. Cependant, tous ces efforts ne sont pas suffisants et il reste encore beaucoup à faire.

À long terme, l’accès équitable du plus grand nombre à une éducation de qualité, en particulier les enfants défavorisés, peut avoir un effet positif pour les pays en réduisant les inégalités sociales, économiques et de genre et en construisant une société pacifique.

Pourquoi placer l'équité au cœur de la politique d'éducation en Afrique ?

Placer l'équité au cœur d'une éducation de qualité pour tous en Afrique est un moyen de construire un avenir meilleur et prospère pour les enfants du continent. L’amélioration des chances d’accès équitable à une éducation de qualité nécessite un ensemble complexe d'actions de la part des gouvernements, et la mise en œuvre de réformes portant uniquement sur certains éléments du système éducatif ne suffit pas.

L'équité consiste à donner à tous les enfants un accès égal à une éducation adaptée, de qualité et pertinente. Il s'agit de s’assurer que les circonstances personnelles et sociales des apprenants ne sont pas des obstacles à la réalisation de leur potentiel éducatif. Les conditions d'un accès équitable à une éducation de qualité sont influencées par un large éventail de facteurs, dont certains échappent au contrôle des gouvernements.

Une population instruite fournit à un pays une main-d'œuvre plus qualifiée qui participe plus activement et plus utilement au développement économique et social. Elle contribue donc positivement à la société dans son ensemble. L’éducation des jeunes citoyens est essentielle pour briser le cycle intergénérationnel de la pauvreté. Toutefois, l'Afrique subsaharienne compte la plus grande population non scolarisée au monde, et le secteur informel concentre 86 % des emplois. Comme cela a été mentionné lors du sommet sur la Transformation de l'éducation, l'éducation est aujourd'hui en crise en matière d'équité, d'inclusion, de qualité et de pertinence.

Pourquoi faut-il intégrer le genre dans les politiques d’éducation équitables ?

Dans les pays d'Afrique subsaharienne, l'écart de scolarisation entre les filles et les garçons se creuse au fur et à mesure qu'ils avancent dans leur scolarité. La possibilité d'aller à l'école et de terminer le cycle scolaire est généralement beaucoup plus compliquée pour les filles. Dans toutes les régions, les filles sont plus nombreuses que les garçons à ne pas être scolarisées au niveau secondaire.

En effet, le genre est lié aux disparités en matière de taux de scolarisation, de rétention, d'achèvement et de résultats d'apprentissage à travers de multiples mécanismes, comme le conditionnement social, les différences fondées sur le genre dans les attentes des parents et les investissements liés à l'éducation, les mariages d'enfants et les grossesses précoces, le travail des enfants, la violence et la discrimination fondées sur le genre.

Les inégalités entre les sexes dans la société, y compris sur le marché du travail, et dans l'éducation exercent une influence mutuelle les unes sur les autres. Lorsque les facteurs liés au genre se conjuguent à d'autres désavantages, tels que la pauvreté, l'éloignement et le handicap, leurs effets négatifs sur l'éducation peuvent être aggravés. Par conséquent, les progrès vers la parité entre les sexes dans l'éducation peuvent contribuer à réduire les inégalités dans la société et le travail, et vice versa.

Comment la pandémie de COVID-19 a-t-elle affecté les systèmes éducatifs en Afrique ?

La pandémie a entraîné une perturbation sans précédent des services éducatifs en Afrique, et les effets sur le niveau d'instruction, les résultats d'apprentissage et les disparités dans l'éducation ne sont pas encore connus et mesurés. Elle a mis en évidence l'impact négatif disproportionné des fermetures d'écoles sur les enfants défavorisés, et le risque d’accroissement des disparités en matière de scolarisation, d'achèvement des études et d'apprentissage. En effet, la pandémie a fait des ravages tant sur le développement des jeunes enfants en augmentant les risques pour leur bien-être et celui de leur famille, que sur la diminution de la disponibilité des services de soins, d'éducation, de développement de la petite enfance en raison des perturbations des services et des fermetures d'écoles.

En fait, la pandémie a amplifié les disparités existantes et aggravé les faiblesses systémiques, en provoquant des abandons et des fermetures d'écoles, et en rompant la continuité éducative pour des millions d'enfants. La pandémie a rendu encore plus difficile pour les gouvernements le respect des engagements en matière d'éducation. Elle a mis en lumière la fragilité des systèmes éducatifs et donc la nécessité de renforcer leur résilience.

Par conséquent, les efforts en cours pour améliorer le système éducatif ont désormais la charge supplémentaire de se préparer aux crises futures et aux perturbations potentielles. Il s'agit plus précisément d'investir dans les TIC pour les infrastructures scolaires, de former les enseignants aux compétences numériques et à l'apprentissage à distance, et de réviser les programmes scolaires pour les adapter à l'apprentissage à distance. L'innovation numérique a d’ailleurs démontré ses capacités à compléter, enrichir et transformer l'éducation. À cet égard, l'accès à l'apprentissage numérique public est l'une des priorités de l'UNESCO et l'un des principaux appels à l'action issus du sommet sur la Transformation de l'éducation de septembre 2022.

Quelles sont les principales conclusions du rapport ?

L'analyse souligne des tendances qui sont résumées dans les cinq messages clés suivants :

  1. Les efforts panafricains facilitant l'apprentissage mutuel entre les pays méritent plus d'attention et d'investissement, en particulier plus d'opportunités pour partager leurs expériences.
  2. La planification et le progrès reposent sur un double défi : améliorer la disponibilité et la qualité des données, et promouvoir des stratégies pour les utiliser dans la prise de décision et la mise en œuvre.
  3. L'équité doit être au cœur de la planification des politiques et des décisions d'investissement à tous les niveaux de l'éducation.
  4. Des informations actualisées et précises sur l'état de l'offre éducative sont essentielles pour élaborer des plans stratégiques ambitieux et réalistes.
  5. Les gouvernements africains doivent à la fois investir dans des composantes au niveau du système afin de renforcer la résilience des fondations de leurs systèmes éducatifs, et soutenir les capacités et les motivations de leurs principales parties prenantes (en particulier les enseignants) afin qu'elles soient prêtes et en mesure de s'adapter aux futurs défis.

Cette publication conjointe de l'UNESCO et de l'Union africaine s'appuie sur une étude menée par l'Institut international de planification de l'éducation de l'UNESCO pour examiner les progrès réalisés par les pays africains pour atteindre les objectifs fixés dans la Stratégie continentale d'éducation pour l'Afrique 2016-2025 et les ODD.