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Diriger la Transformation Numérique

La Déclaration

La Déclaration mondiale RewirEd sur la connectivité pour l’éducation propose une nouvelle orientation pour la transformation numérique de l’éducation. 

Lancée en décembre 2021 à l’occasion du Sommet RewirEd, elle présente des principes et des engagements visant à garantir que les technologies connectées nous permettent de concrétiser nos aspirations à une éducation inclusive fondée sur les principes de justice, d’équité et de respect des droits humains.

La Déclaration s’appuie sur les enseignements tirés de la pandémie de COVID-19. Il y est affirmé que, dans l’état actuel des choses, l’intégration des technologies dans l’éducation risque d’accentuer l’isolement des étudiants, d’accroître les inégalités, de restreindre les expériences d’apprentissage et de privatiser l’éducation, ce qui remettrait en cause son statut de bien public.

New way forward

La Déclaration est l’aboutissement d’une année de recherche et reflète les contributions apportées lors de consultations mondiales. Le texte final définit des lignes directrices pour garantir que les outils numériques de pointe renforcent les possibilités d’apprentissage pour toutes et tous.

La Déclaration propose trois principes fondamentaux pour orienter les efforts internationaux, nationaux et locaux déployés pour que la technologie devienne un vecteur de l’éducation centrée sur l’humain.

Le premier principe consiste à axer les efforts sur les groupes les plus marginalisés. Trop souvent, la technologie et l’innovation ne profitent qu’aux personnes privilégiées. Nous devons recalibrer nos politiques et nos actions de sorte à mieux prendre en compte celles et ceux qui sont le plus dans le besoin. Il nous faut nous demander dès le départ comment la technologie peut être mise au service des réfugiés, des étudiants en situation de handicap, des filles et des femmes ainsi que des enseignants en zones reculées, et non a posteriori. 

Le deuxième principe consiste à accroître les investissements en faveur de contenus éducatifs numériques accessibles, gratuits et de qualité. Les initiatives technologiques sont bien trop souvent restreintes aux appareils connectés à Internet. Cela ne suffit pas. La connectivité doit permettre l’accès à des ressources éducatives de qualité et à des interactions qui facilitent l’apprentissage et le développement. Tous les pays devraient disposer de solutions publiques pour l’éducation sur Internet.

Le troisième principe reconnaît que l’innovation et le changement pédagogiques sont indispensables à la transformation numérique de l’éducation. Il faut cesser d’essayer de reproduire nos modèles d’enseignement en présentiel dans les espaces numériques. Les environnements en ligne et virtuels exigent de nouveaux types de supports éducatifs et de nouvelles formes d’enseignement et d’apprentissage. Nous devons tirer parti des capacités interactives et multimédias uniques qu’offrent les technologies connectées, tout en les associant aux meilleurs aspects de l’éducation en présentiel.

Le Texte de la Déclaration

Vous trouverez ci-dessous le texte de la Déclaration. Vous pouvez également le consulter et le télécharger au format PDF en cliquant ici.

2 Connectivity Declaration

DÉCLARATION MONDIALE SUR LA CONNECTIVITÉ POUR L'ÉDUCATION

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Changer de Cap

Les technologies connectées doivent nous permettre de concrétiser nos aspirations à une éducation inclusive fondée sur les principes de la justice sociale et économique, de l’équité et du respect des droits de la personne.

Nous, partisans de cette déclaration, sommes convaincus que les technologies connectées, qui élargissent l’accès à l’information et à la connaissance, sont également capables d’enrichir les processus éducatifs et d’améliorer les résultats d’apprentissage.

En permettant d’apprendre à tout moment et en tout lieu, en aidant les apprenants en situation de handicap, en facilitant un retour et un soutien plus immédiats, en créant un pont entre l’éducation formelle et informel, les technologies sont un lieu essentiel d’opportunités et d’innovations éducatives. Correctement pilotées, elles ouvrent de nouvelles voies plus inclusives dans l’enseignement et l’apprentissage.

Nous sommes toutefois lucides quant aux risques qu’elles représentent, car elles sont, dans leur grande majorité, nouvelles ou naissantes.

Au cours de la pandémie de COVID-19, nous avons vu comment la technologie connectée peut accentuer les inégalités d'apprentissage, accroître l'isolement des étudiants, restreindre les expériences éducatives et privatiser l'éducation, affaiblissant ainsi son statut de bien public. Nous avons également constaté que son déploiement souvent limitait les connaissances, polarisait nos sociétés et répandait la désinformation dans l'éducation et au-delà.

À l’avenir, nous aurons besoin d'une nouvelle orientation. La présente déclaration, qui reflète les contributions d'un processus de consultation mondiale mené par l'UNESCO, énonce des normes et des conceptions visant à faire de la technologie un allié plus solide et plus fiable des objectifs humanistes de l'éducation. Le texte met en lumière des approches inclusives, équitables et durables pour intégrer des outils numériques de plus en plus omniprésents dans l'éducation.

 

Point de Départ

La présente déclaration reconnaît que le travail visant à faire de la technologie une force positive dans l'éducation est confronté à deux défis interdépendants.

En premier lieu, l’accès à la connectivité physique et matérielle reste très insuffisant puisqu’approximativement deux enfants et jeunes sur trois n’ont pas accès à Internet chez eux. À l’ère de l’information et du numérique, ce fossé est alarmant et exige des investissements audacieux pour assurer l’accès universel à Internet – une mobilisation qui concerne le secteur de l’éducation mais va bien au-delà. Outre cette carence mondiale, la fracture numérique entre les pays est stupéfiante. Dans les pays à revenu élevé, près de 90% des enfants et des adolescents en âge d’être scolarisés sont connectés tandis que dans les pays à revenu faible, ce taux est souvent inférieur à 10 %. De surcroît, mis à part cette fracture, la connectivité dans les pays pauvres à tendance à être lente et peu fiable, ce qui freine son potentiel pour l’éducation.

Deuxièmement, les différences de capacités continuent d’être un obstacle à une éducation connectée. Le manque d'aptitudes et de compétences numériques constitue la barrière principale à l'utilisation des technologies dans l'éducation, indépendamment du niveau de développement du pays. Les lacunes en matière de compétences numériques semblent être plus prononcées chez les parents, puis chez les enseignants, et enfin chez les élèves, ce qui indique que l'éducation connectée est dépendante du niveau d’alphabétisation numérique des sociétés.

Il convient donc d’intensifier les possibilités et les compétences nécessaires pour tirer parti des technologies connectées dans l’education ainsi qu’à d’autres fins utiles pour la société, en particulier chez les filles et les femmes dont les niveaux de compétences numériques tendent à être inférieurs à ceux des hommes et des garçons. L’éducation demeure l’élément fondamental dans l’acquisition des compétences numériques et dans leur application : lorsque les apprenants, les enseignants et les familles possèdent de solides compétences numériques, les technologies connectées deviennent des outils plus polyvalents dans l’éducation.

Compte tenu de ce double défi, nous sommes résolus à faire en sorte que les technologies contribuent à la réalisation des divers objectifs ambitieux que les sociétés attribuent à l’éducation. Nous ne pouvons plus laisser l’éducation se plier aux logiques et aux modèles commerciaux des entreprises technologiques du secteur privé, qui sont souvent génératrices d’exclusion. Les promesses des technologies pour l’éducation ne pourront être tenues que dans le respect de principes mettant ces technologies au service des apprenants, des enseignants et des établissements d’enseignement.

 

Principes Fondamentaux

Trois principes fondamentaux, assortis chacun d'engagements sous-jacents, contribueront à faire en sorte que la transformation numérique de l’éducation accélère les progrès de la réalisation des engagements du Programme de développement durable à l’horizon 2030 en matière d’éducation. La mise en œuvre de ces principes nécessitera une approche holistique des gouvernements et devra s’inspirer du Plan d’action du Secrétaire général des Nations Unies pour la coopération numérique.

 

Principe 1 : Priorité aux groupes les plus marginalisés

Le déploiement de la connectivité et des technologies doit combler les écarts croissants dans le domaine de l’éducation. Trop souvent, elles profitent en priorité aux apprenants et aux éducateurs privilégiés et ce n’est qu’ensuite que des stratégies sont élaborées pour les rendre plus inclusives et accessibles aux personnes défavorisées. Ce type d’approche reflète et accroît les inégalités éducatives. Nous devons donc recalibrer nos politiques, nos actions et nos investissements pour les axer sur les apprenants qui ont le plus besoin d’opportunités afin de combler les inégalités, susciter les innovations nécessaires et rendre les solutions plus faciles à généraliser à des groupes plus privilégiés. Il faut donc se demander tout d’abord comment ces approches bénéficieront aux réfugiés, aux élèves en situation de handicap, aux filles et aux femmes, aux enseignants des zones éloignées et aux autres apprenants et éducateurs défavorisés. La connectivité universelle ou élargie a longtemps été associée au développement de la production économique. A l’avenir, il faudra aussi établir une corrélation avec des résultats d’apprentissage améliorés et plus équitables.

Le droit à l'éducation doit également évoluer pour mieux refléter les multiples façons dont l'éducation est devenue dépendante de la connectivité, une dépendance susceptible de perdurer à l'avenir.

1.1) Nous nous engageons à ce que la connectivité atteigne chaque apprenant individuel. Pour participer à une réelle égalité des chances, la connectivité doit assurer aux élèves et aux enseignants un accès Internet à tout moment et en tout lieu ; les initiatives en ce sens devraient s’inspirer d’une éthique d’inclusion et prendre comme point de départ les personnes désavantagées. Nous avons une tâche urgente, celle d’assurer l’ubiquité de la connectivité – une connexion Internet idéalement toujours disponible. Cet accès « sans attache », rendu possible par les réseaux et les appareils mobiles, offre à l’éducation bien plus de possibilités qu’un accès filaire. Il facilite également les possibilités d’apprentissage informel et peut faciliter la rescolarisation des jeunes dans l’éducation formelle ou créer des moyens de subsistance. Les efforts visant à ce que la connectivité atteigne et suive les apprenants et les éducateurs doivent être ancrés dans une logique d’égalité dans l’éducation et s’accompagner d’un élargissement et d’une amélioration de la formation aux compétences numériques afin que les élèves et les enseignants puissent faire un usage productif des connexions dans l’éducation. L’initiative Giga, entre autres, utilise justement l’éducation comme cause et comme moyen d’avancer vers une connectivité universelle.

1.2) Nous nous engageons à assurer un financement durable de la connectivité universelle dans l’éducation. En devenant un portail vital vers l’éducation et d’autres droits essentiels, la connectivité est rapidement passée du statut de bien de consommation de luxe à celui d’infrastructure essentielle. Mais les financements publics en faveur de la connectivité universelle restent timides. Cela ne doit pas être une dépense ponctuelle et des investissements plus robustes, prévisibles et soutenus sont requis pour procurer à chacun, homme, femme, garçon et fille, une connexion fiable à Internet. Le risque de recul reste omniprésent : à travers le monde, beaucoup d’écoles, enseignants et apprenants qui étaient connectés à Internet ne le sont plus. Une connectivité fiable et soutenue contribuera à un accès plus large et plus équitable au savoir et à l’information. La promesse selon laquelle les technologies connectées vont favoriser l’égalité des chances dans l’éducation repose sur un accès universel et durable à ces technologies.

1.3) Nous nous engageons à contribuer à une connectivité claire et abordable pour l’éducation. La profusion de forfaits de connectivité commercialisés sème souvent la confusion et leur complexité croissante présente des difficultés pour les personnes qui cherchent à se connecter à Internet à des fins éducatives. Les utilisateurs, en particulier les personnes ayant des compétences limitées en alphabétisation, devraient pouvoir identifier rapidement les forfaits de connectivité offrant le portail approprié vers les possibilités d’apprentissage et d’éducation – ainsi qu’à des possibilités autres que l’éducation – dans l’intérêt du bien public. Les gouvernements devraient envisager d’obliger les fournisseurs de services Internet et mobiles à proposer des forfaits ou des crédits de connectivité de base pour l’éducation, faciles à comprendre et à des tarifs fixes ou subventionnés. Toute personne cherchant une option de connectivité de base pour son éducation devrait pouvoir la trouver. Plus l’éducation devient dépendante de la connectivité, plus celle-ci doit s’intégrer dans les engagements des États à fournir une éducation publique de qualité, gratuite et inclusive.

1.4) Nous nous engageons à ce que les technologies connectées complètent, élargissent et enrichissent une éducation de qualité, formelle et en présentiel, au lieu de la remplacer. Les écoles et les établissements d’enseignement, ainsi que les enseignants et les éducateurs, devraient continuer d’être la principale interface de l’éducation. Ceci est particulièrement important pour les élèves défavorisés à qui l’école fournit souvent des repas, une protection et d’autres avantages en plus de l’apprentissage scolaire. Les approches exclusivement numériques ne permettent pas à un État de s’acquitter de son obligation de fournir une éducation de qualité avec ses services associés. Sauf de rares exceptions, la scolarité obligatoire devrait exiger la fréquentation d’une école physique car si les espaces numériques peuvent un jour servir de centres d’apprentissage formel primaires, voire uniques, ce jour n’est pas encore arrivé. Les sociétés ont fait d’énormes investissements pour offrir à tous les enfants et à tous les jeunes la possibilité d’apprendre à l’école avec des enseignants professionnels – elles doivent faire en sorte que les technologies soutiennent cet effort et n’entravent pas le travail visant à universaliser la scolarisation en présentiel. Si les technologies connectées vont transformer et améliorer ce qui se passe à l’école, l’école conserve son importance particulière en tant que lieu physique et social qui aide les sociétés à atteindre leurs divers objectifs en matière d’éducation. Dans les situations où l'apprentissage connecté est une composante majeure de l'éducation et à un moment où les jeunes passent la moitié ou plus de leur temps d’éveil à naviguer dans le monde numérique, les gouvernements et autres parties concernées devraient tenir compte de la nécessité de droits et d'autorisations de "déconnexion". Alors que l'enseignement scolaire est et devrait rester obligatoire, il est moins évident que le recours à l’utilisation des technologies numériques à des fins éducatives, en particulier pendant de longues périodes ininterrompues, devrait également être obligatoire. Tout comme il pourrait y avoir un début de droit à la connectivité en vertu du droit à l’éducation, il pourrait aussi être nécessaire d’avoir un droit à l’éducation non connectée.

 

Principe 2 : Accroître les investissements dans un contenu éducatif numérique gratuit et de qualité

La connectivité a une grande importance pour l’éducation car elle ouvre la porte à des contenus éducatifs de qualité et à des interactions qui facilitent l’apprentissage et le développement. Trop souvent, cependant, les initiatives technologiques se bornent aux appareils connectés à Internet. Dans le contexte de l’éducation, une connectivité significative est une connectivité qui catalyse les expériences d’apprentissage centrées sur l’humain en s’assurant que les utilisateurs disposent de matériels appropriés, de suffisamment de données et de connexions rapides pour un accès régulier à l’internet. Grâce à des contenus éducatifs numérique libres, gratuits et de qualité, la connectivité prend de l’importance et sa demande s’accroît. Bien que les obstacles à l’éducation connectée soient souvent assimilés à des problèmes d’offre, la demande est également importante. Pour créer des destinations virtuelles bénéficiant aux élèves, aux enseignants, aux parents et aux établissements d’enseignement, il faut que tous ces acteurs soient motivés pour instaurer et maintenir des portails vers ces destinations.

2.1) Nous nous engageons à financer le développement et le maintien d’options publiques robustes pour l’éducation publique sur Internet. Les plates-formes d’apprentissage numérique en libre accès et alignées sur les curricula nationaux proposeront des contenus pédagogiques numérique engageants, accrédités, bien organisés et faciles à trouver, accessibles à tous depuis un large choix d’appareils connectés à Internet. Ces offres doivent faciliter et encourager la collaboration et l’échange entre les élèves et les éducateurs. Du fait de l’ubiquité croissante des appareils mobiles connectés à Internet, les interfaces utilisateur et les fonctionnalités devraient être optimisées pour les téléphones mobiles et non pas seulement pour les ordinateurs portables et de bureau. Des efforts supplémentaires seront déployés pour rassembler en un même lieu – un guichet unique pour l’éducation – les contenus éducatifs mis à disposition par l’État afin qu’ils ne soient pas éparpillés sur différents sites et emplacements. Cela permettra de mieux identifier les contenus de l’apprentissage, de faire en sorte qu’ils soient conviviaux et de garantir la confiance et la redevabilité vis-à-vis des ressources publiques. Enfin, les plates-formes d’apprentissage numérique fournies par le gouvernement devraient, dans la mesure du possible, comporter des fonctionnalités autorisant la reconnaissance et la validation des apprentissages.

2.2) Nous nous engageons à créer des ressources éducatives différenciées pour les différents publics. Les ressources numériques utilisées dans l’éducation et financées par des fonds publics devraient avoir, au minimum, des points d’entrée clairs pour les apprenants, les enseignants, les familles et les autres tuteurs, avec un contenu aligné sur les curricula nationaux, élaboré en consultation avec les éducateurs, régulièrement accrédité et consultable par cours et par niveau. Différentes langues pertinentes pour les apprenants doivent être prises en charge dans la mesure du possible. Les plates-formes devraient en outre permettre aux enseignants de collaborer entre eux et de s’appuyer sur leur expérience professionnelle pour adapter les matériels destinés aux élèves. La création de communautés de pratique et le choix, le remixage et la création des ressources d’apprentissage numérique devraient figurer en bonne place dans la formation des enseignants. En tant que ressource publique, les plates-formes éducatives numériques doivent être développées et améliorées selon des processus itératifs en fonction des besoins des divers acteurs de l’éducation.

2.3) Nous nous engageons à suivre l’adaptation et l’application des services éducatifs numériques. Au-delà de l’accès aux technologies connectées, nous avons besoin de mesures indirectes (proxies) pour évaluer l’adaptation intentionnelle et l’application significative des technologies connectées dans l’éducation. De nouvelles formes de suivi des données et des recherches ainsi que des informations qualitatives et quantitatives sont nécessaires pour montrer si et comment l’accès à la connectivité est (ou n’est pas) utilisé de manière productive pour améliorer l’enseignement et l’apprentissage. Les référentiels publics de contenus d’apprentissage qui ciblent les apprenants, les enseignants et les familles peuvent fournir des données précieuses sur la façon dont les outils et les ressources numériques sont utilisés dans l’éducation, par qui et dans quelle mesure. Ces informations devraient contribuer à orienter le développement des contenus d’apprentissage numérique et d’autres ressources afin de mieux exploiter les technologies connectées dans l’éducation et d’évaluer leur valeur par rapport à d’autres investissements.

 

Principe 3 : Le passage de l'éducation aux espaces numériques nécessite une innovation et un changement pédagogiques

Les espaces numériques peuvent encourager le développement de pédagogies innovantes et efficaces pour élargir les connaissances des élèves, déclencher de nouvelles réflexions, nourrir la créativité et encourager une citoyenneté numérique responsable. Dans le même temps, ils sont susceptibles d’enfermer les élèves et les enseignants dans des limites rigides qui restreignent l’apprentissage et la liberté intellectuelle. Il faudrait donc s’employer à ce que la transformation numérique de l’éducation ouvre la porte aux possibilités d’apprentissage et qu’elle donne l’exemple en inculquant une utilisation saine des technologies connectées.

3.1) Nous nous engageons à utiliser les espaces numériques pour promouvoir de nouveaux paradigmes et possibilités d’apprentissage. Une grande partie des contenus d’apprentissage numérique actuellement disponibles n’exploite pas suffisamment les capacités interactives et multimédias des ordinateurs. Trop d’efforts sont consacrés à tenter de reproduire dans les espaces numériques les modèles de scolarisation en présentiel, alors que les environnements en ligne et virtuels exigent de nouveaux types de contenus et de nouvelles pédagogies. Les enseignants ainsi que les familles doivent être impliqués dans le développement de l’éducation assistée par les technologies numériques et recevoir une formation pour maximiser les potentialités éducatives uniques des technologies connectées, tout en ayant conscience des nombreuses limites de ces outils. Cette formation devrait être neutre par rapport aux appareils et aux plates-formes plutôt que d’être confiée à des entreprises technologiques du secteur privé qui ont tendance à certifier les enseignants uniquement sur leurs outils et services propriétaires. Davantage d’innovations sont nécessaires pour développer et tester de nouvelles pédagogies numériques et hybrides qui seront moins dépendantes des systèmes fermés des fournisseurs numériques du secteur privé et des capacités de chaque école. La recherche continuera à clarifier les avantages et les inconvénients distincts des environnements d'apprentissage physiques, virtuels et hybrides. Il est nécessaire de tirer parti des possibilités uniques de chacun d'entre eux et de les placer dans un équilibre plus harmonieux afin de garantir une expérience éducative holistique centrée sur l'humain.

3.2) Nous nous engageons à utiliser les technologies pour renforcer les dimensions sociales et civiques de l’apprentissage. Bien que la personnalisation rendue possible par les technologies connectées ait le potentiel d’accélérer et d’améliorer les apprentissages, elle peut aussi faire oublier que l’éducation est un projet public et un bien commun. En plus de l’autonomisation de l’individu, les technologies connectées devraient être utilisées pour renforcer les objectifs sociaux et civiques des apprentissages dans les espaces en ligne et hors ligne. On trouve de nombreux modèles d’enseignement basés sur la technologie qui n’imposent pas à ce que tous les élèves aient leur propre appareil ou travaillent seuls devant un écran. Des efforts devraient également être entrepris pour mieux aligner les apprentissages – numériques et non – de telle sorte à ce que les élèves et les enseignants, quel que soit le support utilisé, aient le sentiment d’avancer vers des objectifs éducatifs communs et convenus par la communauté. La connectivité est au cœur de l’éducation numérique et cela doit impliquer des connexions avec les enseignants, les pairs, une école et une communauté, en plus des connexions aux contenus pédagogiques dispensés par une machine.

3.3) Nous nous engageons à protéger les données des élèves et des éducateurs. La facilité de capture, de stockage et de suivi des données dans les espaces numériques doit être l’une des préoccupations majeures de l’éducation. Cette capacité devrait améliorer l’enseignement et l’apprentissage et ne pas servir uniquement à documenter et à contrôler. Si elle est bien utilisée, les données peuvent indiquer le niveau d’efficacité des interventions et guider leur développement futur. La majorité des données devrait être anonymisée par défaut, en particulier les données utilisées au-delà du niveau de l’école, afin de ne pas permettre d’identifier l’individu. Des règles et des protocoles appropriés sont nécessaires pour protéger les droits des apprenants, en particulier des enfants. L’éducation est un site d’expérimentation et de formation de l’identité, où les élèves doivent pouvoir, en toute liberté, prendre des risques et faire des erreurs dans un environnement en ligne et hors ligne bâti sur la confiance et la bonne volonté. Dans le domaine des données, les politiques devraient s’inspirer d’une éthique de transparence et de volonté de ne pas porter préjudice et tous les acteurs devraient savoir quelles données sont capturées et à quelles fins. Cette information doit être facilement compréhensible et inclure des options permettant de communiquer les problèmes et de chercher des recours. Les établissements d'enseignement doivent veiller à ce que les individus s’approprient et contrôlent leurs données personnelles et, dans le cas des enfants, ce sont les familles qui devraient prendre une part active à la décision. Dans la mesure du possible, les apprenants devraient pouvoir s’opposer à la capture des données tout en conservant un accès total aux possibilités éducatives.

3.4) Nous nous engageons à promouvoir une utilisation sûre et productive d’Internet par l’éducation. L’une des principales raisons motivant l’utilisation des technologies connectées dans les contextes éducatifs est d’aider les élèves à apprendre à utiliser Internet de façon responsable. Par conséquent, l’un des objectifs de l’éducation doit être de préparer les apprenants à faire un usage sain, sûr et productif des technologies connectées. Nous nous efforcerons d’assouplir progressivement les restrictions sur l’utilisation des technologies connectées au fur et à mesure de l’évolution de l’éducation, y compris leur utilisation pendant les examens. Il est paradoxal d’investir de manière importante dans la connectivité des apprenants pour les obliger ensuite à se déconnecter lors de l’évaluation et la validation de leurs apprentissages. Des efforts devraient également être entrepris pour aider les apprenants à acquérir une compréhension critique des écosystèmes numériques et des compétences à utiliser et à créer au sein de ces écosystèmes, tout en restant vigilants à propos de leur empreinte numérique et de leur réputation. L’interdiction totale de l’utilisation des technologies connectées dans les contextes éducatifs doit être découragée, car cela a tendance à freiner les possibilités d’éducation et à inhiber l’innovation. Enfin, nous soutenons une expérimentation et une recherche plus audacieuses d’utilisations contrôlées et non contrôlées des technologies dans l’éducation formelle afin de mieux intégrer les apprentissages à un monde dans lequel la connectivité imprègne tant de facettes de notre vie.

 

Epilogue

Les technologies connectées modifient rapidement l’éducation en termes des espaces, des moments, des contenus, et des modalités d’apprentissage.

La présente déclaration affirme que les changements en matière d’éducation qui accompagnent l’intégration de nouvelles technologies, loin d’être inéluctable ou incontrôlable, peuvent être guidée par des politiques, des actions, des réglementations et des incitations ciblées.

Les principes et engagements mis en avant dans cette déclaration contribueront à ce que ces changements émergents aillent dans le sens de nos objectifs les plus nobles en matière d’éducation et s’inspirent des engagements en faveur des droits de la personne, de l’inclusion, de l’équité, de la durabilité environnementale et de la justice sociale.

La déclaration souligne notre détermination à mieux centrer les apprenants les plus marginalisés, à garantir la gratuité et la qualité des contenus éducatives numériques et à catalyser les changements pédagogiques nécessaires pour que les technologies connectées renforcent, et non pas affaiblissent, une éducation centrée sur l'homme et accessible à tous.

Nous nous invitons mutuellement et invitons nos organisations respectives à contribuer à la mise en œuvre de ce que préconise la présente déclaration, en traduisant ses aspirations en actes concrets. C’est par une coopération et une ambition partagée que nous pourrons faire de l’éducation connectée une réalité concrète pour les apprenants et les enseignants du monde entier.

 

 

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