Campus cyber harcèlement

Histoire

Lutter contre la désinformation et le cyberharcèlement dès le collège

Face au flux d’information continu, comment se forger un esprit critique et limiter la diffusion de fausses informations ? Un enjeu crucial pour les jeunes participants au premier Campus UNESCO dédié au cyberharcèlement et à la désinformation digitale.

Trois spécialistes ont été réunis pour échanger avec les collégiens et lycéens de cinq écoles internationales, sur la fabrication des fausses informations et leurs répercussions dans la société.

Divina Frau-Meigs, Professeure à l’université Sorbonne Nouvelle, sociologue des médias et titulaire de la chaire UNESCO Savoir Devenir ; Khalid Aoutail, expert de liberté d’expression digitale et Aroua Biri, ingénieure et docteure en cybersécurité, entrepreneure contre le cyberharcèlement ont pu dialoguer avec les élèves du Lycée Bilingue De Yom III à Bandjoun (Cameroun), des Collèges de France à Antananarivo (Madagascar), du Lycée Jules Verne à Johannesburg (Afrique du Sud), de la Crawford International School à Nairobi (Kenya) et du Collège Bilingue à Dakar (Sénégal).

« Aujourd’hui la qualité est moins importante que la popularité de l’information », constate Divina Frau-Meigs, entrainant des répercussions sur la qualité du travail des médias et sur la confiance du public. Lorsque l’on touche à l’intégrité de l’information, les menaces retentissent également sur le monde politique.

Le doute généralisé est malsain en démocratie.
Divina Frau-Meigs

Face aux interrogations des élèves, sur comment lutter contre ces fausses informations, ou a minima les reconnaître, il y a plusieurs indicateurs : « si une information joue sur mes émotions, il faut y résister pour ne pas tomber dans le piège de l’amplifier ».

Au quotidien, Divina Frau-Meigs rappelait aux participants la nécessité de diversifier ses sources d’information : « Si je lis un média avec lequel je ne suis pas d’accord, je vais forcément me poser des questions, donc aller vérifier ». Au vu de la diversité de pays et de cultures prenant part à ce Campus, la sociologue soulignait l’importance de recourir aux travaux d’associations de fact checking propres à sa région : Africa Check, le premier site indépendant de vérification de faits en Afrique ; 237 Check au Cameroun ; PesaCheck pour vérifier les annonces des personnalités publiques dans les principales langues africaines...

L’information en danger

Dans ce contexte, de défiance globale, le travail des journalistes est remis en jeu. Khalid Aoutail, soulignait que dans une norme idéale, l’information circulerait, serait débattue et ne serait jamais empêchée, alors qu’aujourd’hui « un journaliste qui veut vérifier une information se met en danger ». En effet, selon l’ampleur des informations communiquées, les menaces peuvent être tragiques : intimidations, cybermenaces, harcèlement, plaintes en justice, fermeture des entreprises médiatiques, crimes contre les journalistes... Chaque année, l’UNESCO publie l’index de sécurité des journalistes recensant ces risques encourus.

Au-delà de la sphère médiatique, les élèves le savent, les fausses informations peuvent s’aggraver et donner place à du cyber harcèlement. Pour répondre aux interrogations des jeunes participants, Aroua Biri a rappelé l’importance de parler lorsque l’on est victime ou témoin d’une situation de harcèlement : à des responsables pédagogiques ou aux parents dans un premier temps. Pour se protéger également de ces situations « il faut bloquer le harceleur et sa meute, qui amplifie ses propos ; prendre des captures d’écrans pour avoir des preuves si l’affaire passe en justice »Aroura Biri soumet même l'idée délicate de s'éloigner des réseaux sociaux et de ne pas les regarder.

    Malheureusement c’est le plus compliqué, car c’est considéré comme l’exclusion ultime aujourd’hui de ne pas être sur les réseaux.
    Aroua Biri

    Enfin, malgré la diversité de pays réunis lors de cette session, elle rappelait la nécessité d’initier des actions en justice, même si la législation de son pays ne mentionne pas explicitement le cyberharcèlement, il demeure une forme de violence qui doit être punie.

     

    Cet événement a été réalisé avec le soutien de TECH4ALL by Huawei et 6C Conseil.