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Sebastião Salgado : l’Amazonie mise à nu

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Photos : Sebastião Salgado
Texte : Katerina Markelova, UNESCO

Des ciels bourrelés de nuages d’encre, des habitants de la forêt saisis dans l’intimité de leur quotidien, des montagnes émergeant de la végétation : l’Amazonie que nous donne à voir Sebastião Salgado n’est pas celle des clichés, toute en luxuriance et en couleurs vives, déclinaisons de verts éclatants, de terres pourpres et de fleuves irriguant la forêt. Les images de Salgado décrivent au contraire un monde en clair-obscur, grandiose, complexe. Fragile aussi.

Car l’Amazonie, qui abrite 370 000 Indiens et sert de puits de carbone en absorbant près de 10 % du CO2 mondial, est menacée. Selon l’estimation publiée en novembre 2021 par l’Institut national de recherche spatiale (INPE) du Brésil, la déforestation, en grande partie illégale, a augmenté de près de 22 % en un an avec plus de 13 000 nouveaux kilomètres carrés de forêt abattus.

Avec son livre Amazônia, paru en 2021, le photographe franco-brésilien rend hommage à la beauté de la forêt amazonienne qu’il est encore temps de sauver. « Je souhaite, de tout mon cœur, de toute mon énergie, de tout ce qui vit intensément en moi, que d’ici à cinquante ans ce livre ne ressemble pas à un registre d’un monde perdu. Amazônia doit continuer à être. »

Sebastião Salgado et son épouse Lélia ont fondé en 1998 l’Institut Terra, situé sur les terres de la ferme familiale du photographe, dans la vallée du fleuve Rio Doce. Afin de réhabiliter ces terres de l’État du Minas Gerais, dégradées sous l’effet de l’érosion, le couple a mis en œuvre un programme de reboisement avec trois millions d’arbres plantés en vingt ans.

« Toute la biodiversité est revenue, même des jaguars, qu’on croyait éteints dans notre région », explique le photographe. L’institut, qui fait partie de la réserve de biosphère de l’UNESCO Mata Atlântica, a par ailleurs une vocation pédagogique et de sensibilisation à l’environnement, autant d’objectifs poursuivis par le Programme sur l’Homme et la biosphère (MAB) de l’UNESCO, qui a fêté ses cinquante ans en 2021 et auprès duquel le photographe est activement engagé.

 

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Chaîne de montagnes du Marauiá, municipalité de São Gabriel da Cachoeira. Territoire indigène yanomami, État d’Amazonas, Brésil, 2018. Écosystème parmi les plus diversifiés de la planète, l’Amazonie abrite 16 000 essences d'arbres.
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Chaman yanomami dans l’État d’Amazonas, Brésil, 2014. Les 40 000 Yanomami constituent le plus grand groupe ethnique de l’Amazonie.
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Aldeni et Josane, Territoire indigène yanomami, État d’Amazonas, Brésil, 2014. Menacées de destruction par les orpailleurs illégaux, les terres des Yanomami, s’étendant sur 9,6 millions d'hectares, ont été reconnues comme Territoire indigène protégé en 1992.
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Des habitants de Watoriki passent devant le grand fromager (Ceiba pentandra), arbre sacré, situé à l’entrée du village. Territoire indigène yanomami, État d’Amazonas, Brésil, 2014.
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Fortes pluies sur la rivière Juruá, État d’Amazonas, Brésil, 2009. Avec une capacité d’évaporation de 1 000 litres d’eau quotidiens par arbre, la jungle amazonienne crée un flux d’humidité dans l’air ambiant bien plus important que celui des fleuves amazoniens eux-mêmes.
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Archipel fluvial de Mariuá, Rio Negro, État d’Amazonas, Brésil, 2019.
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Manitzi Asháninka (à droite) et son fils Tchari, ou Davizinho (à gauche). Territoire indigène Kampa do Rio Amônea, État d’Acre, Brésil, 2016. Les Asháninka sont l'un des groupes autochtones ayant la plus longue histoire connue. Des traces de leurs relations économiques et culturelles avec l'Empire inca remontent au XVe siècle.
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janvier-mars 2022
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