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La première édition de la Semaine de l’apprentissage numérique de l’UNESCO se penche sur les technologies de pointe dans l’enseignement

Digital learning week 2023

« Les révolutions technologiques […] sont à la fois source d’espoir et d’inquiétude, et nos conversations de cette semaine continuent de refléter toutes ces nuances », a affirmé Stefania Giannini, Sous-Directrice générale de l’UNESCO pour l’éducation, en s’adressant aux 1 000 participants qui assistaient à la première édition de la Semaine de l’apprentissage numérique de l’UNESCO, du 4 au 7 septembre 2023. 

Placée sous le thème « Mettre la technologie au service de l’éducation », la cérémonie organisée au Siège de l’UNESCO à Paris (France) représentait la première occasion de réunir la communauté de l’apprentissage numérique depuis que la pandémie de COVID‑19 a bouleversé le quotidien des écoles et des universités et que l’intelligence artificielle (IA) générative s’est fait connaître auprès du grand public. Les plates-formes numériques publiques et l’IA étaient justement les fils directeurs de cette manifestation, une version repensée de la Semaine de l’apprentissage mobile qui s’est déroulée pendant 10 ans.

Nous devons orienter les technologies dans l’éducation avec sagesse et selon nos propres conditions, guidés par les principes d’inclusion, d’équité, de qualité et d’accessibilité.

Stefania Giannini, Sous-Directrice générale de l’UNESCO pour l’éducation

Stefania Giannini a présenté la vision globale de l'UNESCO’s sur l'apprentissage numérique le l'intellilgence artificielle dans l'éducation

Des participants de plus de 50 pays, dont 17 ministres, ont participé à des discussions sur des thématiques très variées telles que : l’utilisation responsable des technologies de l’information et de la communication (TIC) ; l’IA générative et ses implications pour l’alphabétisation et l’apprentissage des langues étrangères ; les algorithmes au service de la distribution équitable des connaissances et des ressources multilingues ; la maîtrise des algorithmes ; les ressources éducatives libres et les compétences vertes ; les technologies numériques en faveur de l’apprentissage socio-émotionnel ; ainsi que la question fondamentale de l’inclusion, en particulier des personnes vivant dans des régions aux ressources restreintes, des réfugiés, des femmes et des jeunes filles et des apprenants en situation de handicap.

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L’IA générative au service de l’éducation et de la recherche

L’un des faits saillants de la rencontre a été le lancement des orientations de l’UNESCO sur l’IA générative dans l’éducation et la recherche. Il s’agit des premières lignes directrices internationales sur la manière de recueillir les fruits de cette nouvelle technologie qui a capté l’attention du grand public, tout en minimisant ses effets néfastes.

L’IA générative peut être une formidable opportunité pour le développement humain, mais elle peut aussi être la source de dommages et de préjudices. Elle ne peut être intégrée dans l’éducation sans l’engagement du public et sans de solides garanties et réglementations gouvernementales 

Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO

L’UNESCO a publié un communiqué de presse appelant les gouvernements à réguler rapidement l’utilisation de l’IA générative dans les établissements d’enseignement. « Ce guide de l’UNESCO aidera les décideurs politiques et les enseignants à exploiter de façon optimale le potentiel de l’IA dans l’intérêt supérieur de l’élève », a-t-elle ajouté.

Dans son discours d’ouverture, le professeur Daniel Andler de l’Université de la Sorbonne à Paris a abordé les conséquences de l’IA générative sur l’éducation. Il s’est inquiété du fait que l’IA générative entraînerait, à long terme, une perte de compétences et d’aptitudes chez les apprenants et les enseignants, étant donné que cette technologie permet d’obtenir des résultats sans effort, en enjambant le processus crucial de l’apprentissage. Le professeur Stuart Russell, de l’Université de Californie à Berkley (États-Unis d’Amérique), a laissé entendre que nous nous lancions dans une expérience à grande échelle sur des milliards d’êtres humains, sans aucun contrôle scientifique. Il a ensuite demandé aux participants de se projeter dans les sociétés du futur, au sein desquelles nos capacités seraient irrémédiablement atrophiées.

Une autre publication de l’UNESCO, An Ed-Tech Tragedy? Educational Technologies and School Closures in the Time of COVID‑19 (L’Ed Tech, un naufrage ? L’éducation par le numérique et les fermetures d’établissements scolaires au temps de la COVID‑19) a également été lancée lors de la manifestation. Ce document étudie les nombreuses conséquences désastreuses et inattendues du passage aux outils numériques pédagogiques pendant la pandémie de COVID‑19. Il démontre que dans le monde entier, le recours aux technologies en première intention a laissé une majorité d’apprenants sur le côté. Il détaille également les nombreuses façons dont l’enseignement en a pâti, quand bien même ces technologies étaient disponibles et fonctionnaient comme prévu.

Le professeur Yoshua Bengio de l’Université de Montréal (Canada) et Yann Le Cun, vice-président et directeur scientifique chez Meta (France) ont également fait part de leurs réflexions sur le thème « Réimaginer l’avenir de la connaissance et de la recherche grâce à l’IA générative ». M. Le Cun a partagé ses pensées sur les applications de l’IA générative, y compris dans la lutte contre le changement climatique, tandis que M. Bengio a mis en garde contre les menaces que font peser ces technologies sur les institutions démocratiques et la liberté d’expression, une problématique que le secteur de l’éducation ne doit pas éluder.

Des plates-formes numériques en faveur de l’inclusion

La rencontre a donné l’occasion de présenter les principales solutions permettant de mettre les technologies numériques au service de l’inclusion dans l’éducation. Lors de la première journée, l’UNESCO et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) ont présenté conjointement l’initiative « Passerelles vers l’apprentissage numérique public », laquelle vise à faire en sorte que chaque apprenant, chaque enseignant et chaque famille puisse facilement consulter, trouver et utiliser des contenus éducatifs numériques de qualité et conformes aux programmes d’enseignement pour faire progresser les résultats scolaires. Il s’agit de l’un des principaux résultats du Sommet sur la transformation de l’éducation de l’éducation mis sur pied par le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, en novembre dernier. Plusieurs pays se sont désormais engagés à mener cette initiative à bien.

Deux excellentes initiatives d’inclusion dans l’éducation au moyen de plates-formes numériques ont été récompensées lors de la cérémonie de remise du Prix UNESCO-Roi Hamad bin Isa Al Khalifa pour l’utilisation des TIC dans l’éducation, dont l’édition 2022 a été décernée au projet « Smart Education of China », mis en œuvre par le Centre national des technologies pédagogiques de Chine, et au « National Resource Hub », mené par le Forum national sur l’amélioration de l’enseignement et de l’apprentissage dans l’enseignement supérieur d’Irlande. 

ICT prize 2023 award ceremony

À nos conditions

Tout au long des séances plénières et de la vingtaine de séances parallèles, la nécessité d’intégrer les technologies à l’éducation « à nos conditions » est revenue à plusieurs reprises. Il s’agit justement du cri de ralliement du dernier Rapport mondial de suivi sur l’éducation, qui passe au crible plus de 200 systèmes scolaires à l’échelle mondiale et constate que certaines technologies pédagogiques sont susceptibles d’améliorer certaines compétences dans certains contextes. Il avertit toutefois qu’il faut prendre en compte les coûts réels à long terme que représentent ces technologies pour les budgets nationaux, le bien-être des enfants et la planète.

Le dialogue international sur les moyens de repousser les frontières des technologies numériques se poursuivra lors de la prochaine édition de la Semaine de l’apprentissage numérique, prévue en mars 2024. Une fois de plus, l’UNESCO fera de cette manifestation annuelle un jalon du processus visant à mettre la technologie au service de l’éducation, afin que celle-ci gagne en inclusivité, en qualité, en humanité et en accessibilité.