Coastal area in The Gambia

Histoire

Des sentinelles venues du ciel : comment les drones aident la Gambie à faire face à un risque d'inondation croissant

Pour protéger la vie et les moyens de subsistance de milliers de personnes, la Gambie s'est associée à l'UNESCO pour mettre en place un système d'alerte précoce de pointe et de bout en bout pour les inondations, qui s'appuie fortement sur les drones.

Située dans le bassin hydrographique du fleuve Gambie, où convergent les eaux de surface, La Gambie est vulnérable aux inondations fluviales, aux crues soudaines et aux tempêtes de vent. Dans un pays où la population vit à proximité de l'un des principaux fleuves d'Afrique de l'Ouest, les inondations peuvent affecter la plupart des moyens de subsistance. C'est particulièrement vrai pour les 70 % de Gambiens qui travaillent dans l'agriculture. Le changement climatique rend ces aléas naturels plus fréquents et plus dévastateurs. 

Entre 2019 et 2021, la Gambie s'est associée à l'UNESCO pour mettre en place un système d'alerte précoce de pointe et de bout en bout pour les inondations, qui s'appuie fortement sur les drones

35,000
Gambiens ont été directement touchés par des aléas naturels en 2010

principalement par des inondations

41,324
Gambiens ont été directement touchés par des aléas naturels en 2018,

principalement par des inondations

Les drones permettent de cartographier les inondations rapidement

La planification des inondations se heurte souvent au fait que les autorités travaillent avec des informations obsolètes pendant les crises, ce qui donne lieu à des modèles inexacts et à des décisions erronées, qui peuvent finalement coûter des vies.     

Les drones peuvent pallier ces lacunes. Les drones sont des aéronefs sans pilote qui peuvent cartographier de vastes zones très rapidement avant, durant et après les inondations. Ils permettent d'identifier rapidement les sites sûrs, les zones dangereuses et les voies d'évacuation. En outre, les drones aident à l'identification rapide des dommages et des personnes à risque dans les situations post-catastrophe.    

C'est pourquoi ils peuvent être très utiles pour évaluer les situations avant et après une catastrophe. L'UNESCO a insisté sur ce point lorsqu'elle a conseillé à la Gambie de passer d'une gestion post-catastrophe à une approche englobant la prévention, les mesures d’atténuation, la gestion des catastrophes et le redressement. C'est ce que l'on entend par un système d'alerte précoce de bout en bout.

Au cours du projet de trois ans, l'UNESCO a créé ce type de système d'alerte précoce en fournissant et en installant l'équipement nécessaire, en formant les responsables à son utilisation et à sa maintenance et en élaborant des procédures d'alerte précoce.    

Entre-temps, les progrès de l'intelligence artificielle ont rendu les drones encore plus polyvalents, efficaces et précis qu'auparavant dans l'accomplissement de tâches complexes en cas de catastrophe. Les drones équipés de l'intelligence artificielle ont été en mesure de fournir très rapidement aux autorités gambiennes des données très précises. 

Des milliers de citoyens ont appris à réduire les risques de catastrophe

Au total, 32 hauts fonctionnaires et 625 dirigeants communautaires hommes et femmes de la région du Haut Fleuve, de la région du Bas Fleuve et de la région du Grand Banjul ont été formés depuis 2019 à la gestion des risques liés aux aléas naturels. Il est estimé qu’un minimum de 10 000 autres personnes ont indirectement bénéficié de cette formation grâce aux informations partagées au sein des communautés.   

Chaque formation s'est achevée par une session sur l'importance d'utiliser les données obtenues à la fois par le drone et par d'autres systèmes d'alerte précoce pour la gestion des risques d'inondation, afin de garantir que les décisions prises reposent sur des preuves solides. Ces données constituent également un outil précieux pour l'évaluation des risques climatiques à long terme.   

L'UNESCO a acheté cinq drones équipés de logiciels permettant de cartographier et d'analyser avec précision les terrains les plus touchés. Onze membres du personnel technique de l'Agence nationale de gestion des catastrophes et d'autres agences nationales ont été sélectionnés pour recevoir une formation. Après avoir suivi un programme rigoureux de certification de deux jours pour le pilotage de drones, les nouveaux opérateurs de drones ont obtenu une certification de niveau britannique et sont maintenant qualifiés pour former d'autres personnes.    

Ces hommes et femmes ont travaillé avec des experts de l'UNESCO pour tester les drones sur le terrain, évaluer les données collectées et concevoir des approches pour la cartographie avant et après les catastrophes. 

Professionals from The Gambia are learning to use drones for early flood warnings
Des professionnels de la réduction des risques de catastrophes en Gambie apprennent à utiliser des drones pour l'alerte précoce en cas d'inondation.
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Applying drone training to set up the flood early warning system in The Gambia
Application de la formation aux drones pour mettre en place un système d'alerte précoce aux inondations en Gambie.
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L'UNESO a également aidé le Ministère de l'éducation à développer un cadre pour intégrer la réduction des risques de catastrophe dans les programmes scolaires et universitaires dans les matières liées à la science, à la technologie, à l'ingénierie et aux mathématiques. L'UNESCO a formé les autorités responsables de l'éducation et le personnel enseignant des universités et des écoles polytechniques à l'application de ce cadre aux différents types de catastrophes causées par des aléas environnementaux, technologiques et biologiques de source naturel et artificiel. Les catastrophes peuvent être de petite ou de grande ampleur, fréquentes ou non, soudaines ou lentes à se manifester. Ce cadre a servi de base à l'intégration de la réduction des risques de catastrophes à tous les niveaux des systèmes d'éducation formelle et informelle de la Gambie.   

L'UNESCO a ensuite soutenu les autorités lorsqu'elles ont décidé d'intégrer ce cadre de réduction des risques de catastrophe dans le programme scolaire et de l'enrichir en organisant des exercices scolaires pour améliorer la préparation aux inondations. 

Une salle de suivi de la situation

 L'UNESCO a également aidé l'Agence nationale de gestion des catastrophes à mettre en place une salle de suivi de la situation en lui fournissant l'équipement nécessaire pour un système d'alerte précoce aux inondations de bout en bout. Cet équipement a permis le suivi en temps réel des informations, le traitement des données et l'intégration de modèles de simulation des inondations.   

Parallèlement, l'UNESCO a fourni des stations météorologiques automatiques et des équipements hydrométriques pour générer des données en temps réel qui peuvent être reliées aux systèmes existants pour une plus grande efficacité. 

Les femmes placent la sécurité de leur famille au premier plan

En Gambie, comme ailleurs, l'UNESCO a mis l'accent sur l'inclusion des femmes dans le projet visant à réduire l'exposition aux risques de catastrophes. Il est prouvé que la vulnérabilité et la pauvreté sont étroitement liées à l'inégalité entre les sexes, ce qui fait que les femmes sont plus souvent victimes d’aléas naturels que les hommes. Par exemple, les femmes et les filles ont généralement un accès limité aux informations et aux ressources pertinentes avant, pendant et après une catastrophe.    

C'est le cas, même si "les femmes font toujours passer la sécurité des membres de leur famille en premier, compromettant souvent leur propre vie", comme l'a fait remarquer la journaliste Babita Basnet lors d'une discussion en ligne en 2021 sur le rôle des femmes dans la réduction des risques de catastrophe. Elle a conclu que c'était la raison pour laquelle "les femmes devraient être formées et habilitées". L'UNESCO est d'accord.