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L’appel de la forêt

L’appel de la forêt
Le Courrier de l'UNESCO
juillet-septembre 2023
UNESCO
0000385901

Le paradoxe est vertigineux : à mesure que nous comprenons le rôle capital des forêts dans le maintien de la vie sur Terre, nous les voyons disparaître. Foyers de biodiversité, les forêts abritent plus de 70 % de toutes les espèces animales terrestres. On sait aujourd’hui à quel point elles sont essentielles aux cycles de l’eau et à la régulation du climat. Mais cet écosystème si précieux – qui fait vivre 1,6 milliard de personnes – est mis en danger par la déforestation massive, les incendies et les maladies liées à la prolifération des nuisibles.

Pour enrayer ce déclin, des solutions existent. Elles doivent être à la mesure de l’importance des forêts pour notre humanité commune, et combiner les apports des sciences, de la culture et de l’éducation.

L’étude de l’UNESCO, Forêts du patrimoine mondial : puits de carbone sous pression, parue en 2022, esquisse des pistes pour préserver ces écosystèmes. Elle suggère des mesures d’adaptation au changement climatique et préconise de renforcer les corridors écologiques. Ainsi, en Indonésie, la mise en place de systèmes d'alerte incendie a permis de réduire considérablement le délai d’intervention des autorités. Autre exemple : le site du patrimoine mondial Trinational de la Sangha, situé entre le Cameroun, la République centrafricaine et la République du Congo. La création en son sein d'une zone tampon contribue à préserver cet important puits de carbone. Les forêts des réserves de la biosphère de l’UNESCO mettent elles aussi en œuvre des initiatives pour dessiner une nouvelle relation au vivant.

Une autre solution consiste à donner aux populations autochtones davantage de droits dans la gestion de la forêt. De nombreuses études l’attestent : le rythme de la déforestation est nettement plus faible dans les territoires qu’elles gèrent.

Il n’en va pas seulement de l’avenir de la planète mais de celui de l’humanité même. Depuis toujours les forêts tapissent en profondeur notre mémoire collective et notre imaginaire. De L’Épopée de Gilgamesh à La Divine Comédie de Dante, des nymphes des récits antiques aux contes des frères Grimm jusqu’aux bois sacrés africains, nous y projetons nos fantasmes et nos peurs, notre aspiration au merveilleux. De fait, le sort des forêts semble irrémédiablement lié au nôtre, ce que le mahatma Gandhi résumait par ces mots : « Ce que nous faisons aux forêts du monde n’est que le reflet de ce que nous nous faisons à nous-mêmes et les uns aux autres. »

Agnès Bardon
Rédactrice en chef

 

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