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Ce que vous devez savoir sur l’initiative de l’UNESCO sur les dimensions évolutives du droit à l’éducation

Le monde a considérablement changé depuis l’élaboration et l’adoption des principaux traités sur le droit à l’éducation, il y a plus d’un demi-siècle. L’initiative de l’UNESCO sur les dimensions évolutives du droit à l’éducation étudie la manière dont les instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme peuvent être renforcés et étoffés pour s’adapter aux besoins et aux défis d’aujourd’hui. Voici ce que vous devez savoir.
evolving right to education

Quel est l’objectif de cette initiative ?

Dans un monde en évolution rapide, où la technologie, la mondialisation, le changement climatique, la polarisation croissante des sociétés et les dynamiques démographiques et sociales remodèlent tous les aspects de notre vie, l’éducation est en pleine mutation. Elle ne se limite plus à l’enseignement scolaire traditionnel destiné aux enfants, mais s’est élargie pour englober l’apprentissage tout au long de la vie. Elle commence dès le plus jeune âge avec l’accès des jeunes enfants à un accueil et à une éducation de qualité et s’étend à la reconversion et au perfectionnement professionnels des adultes, en incluant l’apprentissage et les contextes formels, non formels et informels.

L’initiative sur les dimensions évolutives du droit à l’éducation permet d’étudier la manière dont le droit à l’éducation, consacré par des instruments normatifs internationaux, pourrait être davantage renforcé pour répondre à ces besoins en constante évolution et résoudre la double crise de l’équité et de la pertinence énoncée dans la note d’orientation de Notre Programme commun intitulée « Transformer l’éducation ». S’appuyant sur le rapport de la Commission internationale sur Les futurs de l’éducation, qui propose d’adopter un nouveau contrat social pour l’éducation en élargissant l’acception du droit à l’éducation afin qu’il englobe tous les âges, sans limites de temps ni de lieu, l’initiative se penche sur les changements qui surviennent actuellement à l’échelle mondiale, y compris les transitions numérique et écologique et leurs implications pour le droit à l’éducation. Elle s’efforce d’ouvrir une discussion collaborative pour donner forme au plan d’action concernant l’élargissement du cadre du droit à l’éducation. Elle vise à faire en sorte que chacun bénéficie d’une offre d’apprentissage tout au long de la vie qui lui permet de s’épanouir dans un monde en perpétuel changement.

Pourquoi le cadre international doit-il évoluer ?

Le cadre juridique international peut être interprété de manière à refléter les réalités de sociétés qui évoluent sans cesse. Les principes fondamentaux du droit à l’éducation ont néanmoins été élaborés il y a plus d’un demi-siècle. En 1960, l’UNESCO a piloté l’adoption du premier traité international sur l’éducation, la Convention concernant la lutte contre la discrimination dans le domaine de l’enseignement. Entre-temps, de l’eau a coulé sous les ponts. Examiner des domaines qui bénéficieraient du renforcement du droit international à l’éducation permettrait de mieux répondre aux défis actuels et à la crise de l’équité et de la pertinence. En s’appuyant sur les études et les programmes mondiaux de l’UNESCO, dont le Sommet sur la transformation de l’éducation, plusieurs domaines méritant une attention particulière ont été mis en évidence.

Il s’agit notamment de :

  • définir des droits et des obligations explicites ainsi que des modalités qui instaureront les conditions nécessaires pour garantir le droit à l’éducation tout au long de la vie ;
  • renforcer l’offre éducative et la régulation de l’apprentissage numérique et des acteurs non étatiques afin de mieux protéger les apprenants ;
  • reconnaître le droit des adultes à la reconversion et au perfectionnement personnels et professionnels ;
  • renforcer les droits des plus vulnérables, en particulier des personnes déplacées en raison du changement climatique, des conflits et des crises.

Cela signifie-t-il que le cadre relatif aux droits de l’homme est obsolète ?

En l’état, le cadre relatif aux droits de l’homme reste non seulement pertinent, mais aussi très protecteur, exigeant des États qu’ils s’engagent pour garantir sa réalisation. Au moment de leur élaboration, les droits de l’homme ont instauré un ensemble de normes communes permettant aux revendications de trouver un écho dans le monde entier et ont jeté les bases d’un changement social. Malgré les progrès accomplis, ces droits continuent d’être aujourd’hui bafoués. Réexaminer le droit à l’éducation permettra de mieux garantir sa mise en œuvre en se penchant sur des domaines qui ne disposent pas encore d’un cadre clair et applicable d’obligations, tout en tenant compte des nouvelles réalités et de leurs implications pour l’éducation.

Pourquoi maintenant ?

Cette initiative est née dans une période d’incertitudes, la pandémie de COVID‑19 ayant exacerbé la crise de l’apprentissage préexistante. L’éducation ne bénéficie toujours pas à ceux qui en ont le plus besoin, les chances ne sont pas équitables et les apprenants ne disposent pas des outils nécessaires pour jouer un rôle actif et autonome et ainsi s’épanouir. Organisé en réponse à la crise mondiale de l’éducation, le Sommet sur la transformation de l’éducation a donné une occasion unique d’élever l’éducation au rang des priorités de la communauté internationale afin de surmonter les régressions des acquis ainsi que d’encadrer la transformation de l’éducation. Le moment est donc venu de déterminer les aspects du droit à l’éducation qui gagneraient à être ancrés plus solidement dans le cadre international.

La révision du cadre juridique actuel pose-t-elle des risques ?

L’initiative vise à faire progresser les droits de l’homme, ce qui nécessite de faire preuve de prudence pour éviter tout revers. L’élaboration ou la révision d’un instrument ne doit pas affaiblir le droit des droits de l’homme ni entraîner un recul de ces droits. Il est cependant nécessaire d’insister sur le rôle des instances internationales, qui président au changement social, à une plus grande justice sociale et à une meilleure pertinence à la lumière des dernières évolutions et tendances.