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Histoire

Enseignants et éducateurs du monde entier discutent de la prévention des discours de haine avec des invités de l'UNESCO et de la société civile

À l'occasion de l'anniversaire de l'entrée en vigueur en 1945 de la Charte des Nations unies, le Campus UNESCO commémore la Journée des Nations unies en réunissant des enseignants et éducateurs du monde entier pour aborder la question du discours haineux dans le milieu scolaire.

Près de 8 décennies après l'entrée en vigueur de la Charte des Nations unies, la lutte contre les discours de haine reste essentielle pour la préservation de la paix et de l’unité. Dans notre monde de plus en plus polarisé, les discours de haine continuent de se multiplier, aussi bien en ligne qu'hors ligne. C’est pourquoi, il est essentiel de les combattre pour maintenir la cohésion sociale et le respect des droits de l'homme. 

Afin d'aider les enseignants et les éducateurs à prévenir et à protéger les jeunes contre les discours haineux, le Campus de l'UNESCO a réuni quatre professionnels dont l'expertise couvre l'éducation, le développement de la jeunesse, les droits de l'homme et la consolidation de la paix. Leur discussion animée, enrichie par les contributions d'enseignants et d'éducateurs du monde entier, a débouché sur une compilation d'outils pédagogiques conçus pour aborder et contrer le discours de haine dans les établissements d'enseignement.

L'éducation joue un role essentiel dans la lutte contre les discours de haine, en particulier chez les jeunes. Kuany Kiir Kuany, responsable de projet dans la section de la Citoyenneté mondiale et de l'Éducation à la paix à l'UNESCO a fait remarquer que le rôle de l'éducation peut parfois être à "double tranchant". Si elle peut servir le bien, elle peut aussi être utilisée à mauvais escient pour perpétuer des récits néfastes et renforcer les inégalités systémiques. Un système éducatif en constante évolution, avec l'éducation à la citoyenneté mondiale en son centre, peut fournir des outils utiles aux éducateurs pour s'attaquer au discours de haine. Ce n'est que lorsque l'éducation devient introspective et autocritique qu'elle peut véritablement défendre la paix et lutter contre les discours de haine à l'échelle mondiale. Elle peut jouer ce rôle en garantissant un accès inclusif à l'apprentissage, en évitant de renforcer les injustices systémiques et en soutenant les défenses de la paix telles que la pensée critique et les compétences sociales, émotionnelles et comportementales. Les enseignants et les éducateurs jouent un rôle essentiel dans cette entreprise. Kuany Kiir Kuany a également fait remarquer que le rôle de l'éducation devrait également être envisagé de concert avec d'autres secteurs de l'UNESCO, tels que celui de la communication et de l'information, qui promeut la maîtrise des médias et de l'information, protège les normes internationales et garantit la liberté d'expression.

[…] En tant qu'enseignants, nous devrions insister davantage sur l'importance d'apprendre à nos élèves les compétences nécessaires pour connaître et prendre soin des autres, comme la communication efficace, l'empathie, la coopération et le travail d'équipe.

Moleboheng JaneEnseignant du collège à Maseru Lesotho.

Un défi subsite cependant : réussir à définir le discours de haine. Bien qu'il n'existe pas de définition universellement acceptée, comme l'a souligné Fatou Jagne Senghor, juriste gambienne et défenseure des droits de l'homme, de la femme et de la justice sociale, la stratégie et le plan d'action des Nations unies sur le discours de haine propose une définition pratique. Elle décrit le discours de haine comme : "toute forme de communication par la parole, l'écrit ou le comportement qui attaque ou utilise un langage péjoratif ou discriminatoire à l'égard d'une personne ou d'un groupe sur la base de ce qu'ils sont, en d'autres termes, sur la base de leur religion, ethnicité, nationalité, race, couleur, ascendance, sexe ou autre facteur d'identité".  Fatou Jagne Senghor a également souligné l'impact dévastateur du discours de haine et sa capacité à limiter la liberté d'expression de certains groupes tels que les personnes vulnérables, les minorités et les communautés défavorisées.

Le discours de haine déshumanise et accentue les divisions entre les individus et les groupes.

Fatou Jagne SenghorJuriste, avocat pour les droits humains

Ses manifestations peuvent aller de l'insulte verbale à l'image haineuse. Quelle que soit la définition, les conséquences néfastes du discours de haine sont indéniables, car il réduit souvent au silence et marginalise les groupes vulnérables et minoritaires.

Les plateformes numériques amplifiant la portée des discours de haine, les jeunes sont de plus en plus exposés. Les environnements hors ligne, tels que les salles de classe, ne sont pas non plus à l'abri. Le discours de haine peut se manifester subtilement par des microagressions ou plus ouvertement par des rumeurs et des symboles haineux, a souligné Sameen Zehra, coordinateur de l'action civique des jeunes à l'Institut pour le dialogue stratégique. Les enseignants sont en première ligne, souvent confrontés à la question de savoir comment traiter les cas de discours de haine entre élèves. Parmi les stratégies suggérées, on peut citer la promotion d'un dialogue ouvert, la mise à jour des tendances actuelles et la démystification des préjugés existants.

Il y a des façons d'être en désaccord de manière pacifique.

Sameen ZehraCoordinateur de Youth Civic Action à l'Institute for Strategic Dialogue

Les contenus numériques, notamment sur les réseaux sociaux, peuvent exarcerber le problème. Cependant, comme le souligne Debby Karemera, conseillère stratégique et technique à Never Again Rwanda, ces mêmes plateformes peuvent également favoriser le dialogue et la compréhension. La clé réside dans la promotion de la pensée critique, permettant aux étudiants d'analyser et de critiquer le contenu qu'ils rencontrent.

Lorsque les éducateurs ont fait part de leurs préoccupations concernant les préjugés et les discours de haine, tous les experts ont fait écho à un sentiment commun : l'importance de l'implication active des enseignants. En encourageant les élèves à évaluer de manière critique les différentes formes de discours de haine qu'ils rencontrent, les éducateurs peuvent jouer un rôle transformateur.

Cet événement a été réalisé avec le soutien de Tech4All et la collaboration de 6C-Conseil.