Éthique des neurotechnologies
Les neurotechnologies sont un domaine en pleine expansion dédié à l’étude du cerveau et à la création de technologies qui interagissent avec son fonctionnement.
De la médecine bioélectronique qui peut améliorer la qualité de vie à l'imagerie cérébrale qui peut révolutionner notre conception de la conscience humaine, cette technologie nous aide à relever de nombreux défis.
Dans le domaine médical, où les neurotechnologies sont bien réglementées, elles ont permis des progrès considérables au niveau des traitements médicaux. Elles se sont révélées très prometteuses pour améliorer la vie et le bien-être des personnes atteintes de paralysie, de troubles neurologiques et de maladies mentales. Elle peuvent également traiter efficacement la dépression.
L'UNESCO reconnaît ses avantages, mais aussi les questions et problèmes éthiques potentiels, notamment en ce qui concerne l'utilisation d'interventions non invasives.
Contrairement à de nombreuses autres technologies d'avant-garde, les neurotechnologies peuvent accéder directement à la structure du cerveau, la manipuler et l’émuler, et produire ainsi des informations sur nos identités, nos émotions et nos peurs.
Combiné à l'intelligence artificielle, le potentiel qui en résulte peut facilement devenir une menace pour les notions d'identité et de dignité humaines, de liberté de pensée, d'autonomie, de vie privée (mentale) et de bien-être.
Le domaine des neurotechnologies, en plein essor, est prometteur, mais nous avons besoin d'un cadre de gouvernance solide pour les méthodes non invasives. Combinées à l'intelligence artificielle, ces techniques peuvent permettre aux développeurs, publics ou privés, d'abuser des biais cognitifs et de déclencher des réactions et des émotions sans consentement. Par conséquent, il ne s'agit pas d'un débat technologique, mais d'un débat sociétal. Nous devons réagir et aborder ce sujet ensemble, dès maintenant !
Données clés
vit avec un trouble mental ou neurologique
Neurotechnologies et intelligence artificielle
Les neurotechnologies et l'intelligence artificielle (IA) sont de plus en plus étroitement liées. Cela présente de nouveaux défis. Les implications en matière d'éthique et de droits humains sont davantage amplifiées par cette convergence rapide.
En outre, l'absence de gouvernance et de réglementation rigoureuses dans ce domaine à l'échelle mondiale est préoccupante.
Utilisation des données neuronales
- Les entreprises peuvent utiliser les données neuronales obtenues à partir de dispositifs neurotechniques non invasifs à des fins de marketing. En détectant les signaux liés à nos préférences et à nos aversions, ces entreprises peuvent influencer le comportement des consommateurs pour maximiser les profits. Cela soulève des questions alarmantes sur la surveillance, les tactiques de marketing et l'influence politique sur nos pensées et nos émotions les plus intimes, menaçant à terme nos démocraties et les fondements de la société.
Inégalités sociales
- Le déploiement des neurotechnologies pourrait également exacerber les inégalités sociales existantes. Si l'accès aux neurotechnologies avancées est limité aux plus fortunés, cela pourrait creuser davantage le fossé entre ce groupe social et les autres, que ce soit au niveau international, national ou local. Cela peut entraîner des tensions sociales et des conflits.
La Recommandation de l'UNESCO sur l'éthique de l'IA
ainsi que d'autres instruments existants relatifs aux droits humains, constituent une base solide pour l'élaboration d'un cadre normatif mondial sur la gouvernance éthique des neurotechnologies (voir le domaine stratégique 11 sur la santé et le bien-être social, paragraphe 126).
Rapport du CIB sur les aspects éthiques des neurotechnologies
L'UNESCO joue un rôle de premier plan au sein du système des Nations Unies dans le domaine des neurotechnologies.
Ce rapport du Comité international de bioéthique de l'UNESCO sur les questions éthiques liées aux neurotechnologies révèle les impacts multiformes des progrès des technologies qui « lisent » et « écrivent » l'activité cérébrale.
En étudiant l'intersection entre les neurotechnologies, l'éthique et les droits de l'homme, il identifie les caractéristiques humaines fondamentales et les droits de l'homme associés qui pourraient être remis en question par le développement de cette technologie.
Le rapport formule des recommandations aux parties prenantes à différents niveaux, appelant l'UNESCO, les États membres, la communauté des chercheurs, l'industrie, les médias et le grand public à prendre diverses mesures pour relever les défis identifiés et garantir les droits neurologiques.
Ce qui est en jeu ?
- Intégrité cérébrale et mentale et dignité humaine
Les neurotechnologies offrent des possibilités de modifier le cerveau, et par conséquent l'esprit, de manière invasive et omniprésente. Les droits de l'homme doivent être protégés et la valeur d'une personne doit continuer d'être prise en compte en toutes circonstances.
- Identité personnelle
Notre identité personnelle nous aide à penser et à ressentir par nous-mêmes, quelle que soit la manière dont les neurotechnologies est appliquée. Mais lorsque les cerveaux sont connectés aux ordinateurs, notre identité personnelle peut se diluer, en partie parce que les algorithmes nous aideront à prendre des décisions. Cela peut par conséquent brouiller la participation de notre moi-individuel. Le défi est de préserver notre contrôle individuel sur les neurotechnologies décisionnelles.
Et aussi ...
- Liberté de pensée, liberté cognitive et libre arbitre
L'activité de notre cerveau nous permet d'avoir un libre arbitre. Ceci est fortement lié à notre identité personnelle. Des outils externes susceptibles d'interférer avec nos décisions peuvent remettre en cause, voire défier, notre libre arbitre individuel, et par conséquent nos responsabilités individuelles. Les neurotechnologies pourraient affecter notre cerveau et donc notre liberté de pensée, de décision et d'action. Cela pourrait avoir un impact profond sur les systèmes judiciaires et les organisations sociales.
- Confidentialité mentale et confidentialité des données cérébrales
Lorsque les neurotechnologies collectent les données de notre cerveau, des problèmes spécifiques peuvent survenir. L'activité mentale est notre partie la plus intime à laquelle personne d'autre n'avait accès jusqu'à présent. Avec le développement de les neurotechnologies, nos « pensées » doivent être protégées contre les interférences illégitimes. Les neurotechnologies peuvent acquérir beaucoup de données de notre cerveau et ces données « privées » doivent être protégées.
