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Planifier le temps de jeu : les enseignements de la Gambie

11 Juin 2024

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Salvador Aznar/Shutterstock.com
Un groupe d'enfants de la Gambie.

Le jeu est une part essentielle de la vie de chaque enfant. Il les aide à développer leur résilience, à nouer des relations solides et à améliorer leurs compétences en résolution de problèmes, voire à surmonter des traumatismes. À l’occasion de la première Journée internationale du jeu, le 11 juin, le pouvoir du jeu est désormais reconnu à l’échelle mondiale.

Direction la Gambie, où le gouvernement souhaite augmenter le taux brut de scolarisation préprimaire à 75 % d’ici 2030, avec une attention particulière portée aux zones rurales. Reconnaître l’importance du jeu est au cœur de cet effort continu, car l’apprentissage par le jeu peut aider à préparer nos plus jeunes apprenants à leur future réussite scolaire.

Qu’est-ce qui fonctionne, et à quel prix ?

En matière d’éducation de la petite enfance, la plupart des recherches se concentrent sur l’impact de l’inscription des jeunes enfants à des programmes.

En Gambie, l’IIPE-UNESCO a exploré un aspect essentiel et pourtant négligé : le type d’intervention, sa qualité et son coût. 

Dans le cadre de son plan sectoriel stratégique d’éducation 2016-2030, la Gambie s'est engagée à développer l’éducation de la petite enfance. Actuellement, à peine un enfant sur deux est inscrit dans une école préprimaire.

Il est essentiel de comprendre ce qui fonctionne et à quel coût pour aider le pays à développer ce secteur, qui bénéficie d'un financement public depuis 2000.

« Si l’étude a mis en évidence certains domaines qui requièrent une attention urgente, comme le manque de matériel dans les salles de classe ou de formation des enseignants pour promouvoir leur utilisation, nous avons également constaté qu’il existait un potentiel et une volonté nationale pour faire des améliorations considérables dans ce secteur important, qui peut contribuer à façonner l’ensemble du parcours d’apprentissage », explique Diane Coury, spécialiste de programme à l’IIPE et autrice du rapport.

L’étude analyse cinq modèles d'enseignement préprimaire en vigueur en Gambie : écoles publiques, privées, informelles (madrasa), communautaires et centres missionnaires. Elle inclut également des recommandations aux décideurs politiques pour s’assurer que, quel que soit le modèle d'enseignement préprimaire suivi par un enfant, il en sorte prêt pour la suite. 

« Bien qu’elles soient adaptées à la Gambie, ces recommandations sont pertinentes pour d’autres pays opérant dans des contextes similaires de faibles revenus et confrontés à des défis semblables », déclare M. Coury.

L’étude met également en évidence trois facteurs susceptibles d’influencer positivement les apprentissages précoces et de promouvoir l'équité, qui soulignent tous l’importance du jeu dans l’éducation de la petite enfance.

1. Être actif et jouer à la maison

Le rapport ‘est intéressé à l’environnement d’apprentissage à la maison en se basant sur la présence de livres et de jouets et sur les types d’activités menées par les membres du ménage âgés de 15 ans et plus. Dans l’échantillon étudié, 67 % des adultes jouaient avec les enfants à la maison, mais près de la moitié des enfants ne se voyaient pas faire la lecture, raconter des histoires ou chanter à la maison. Encourager le jeu dans l’environnement familial et l’engagement des parents dans des activités d’apprentissage renforcent ce que les enfants apprennent à l’école, contribuant ainsi à leur préparation pour l’école.

2. Assurer la disponibilité de jeux et d’équipements extérieurs fabriqués localement

Les jeux en plein air sont essentiels au développement des fonctions motrices, du langage et des compétences sociales. Mais l’étude a révélé que la disponibilité d’équipements et de jeux en plein air pourrait être améliorée et rendue plus équitable parmi les plus jeunes apprenants. Seuls 18% des enfants étaient inscrits dans des centres disposant d’équipements extérieurs, et il y avait en moyenne quatre jeux extérieurs par école. Parmi les 66% d’élèves qui disposaient de jeux en plein air, le nombre de jeux variait considérablement, allant de 2,4 dans les madrasas à 47 dans les centres privés.

Les jouets et les équipements fabriqués et achetés localement constituent une solution prometteuse, car ils enrichissent les environnements d'apprentissage des jeunes enfants, mais stimulent également les entreprises locales et font diminuer les coûts d'acquisition d’équipements.

3. Promouvoir l’utilisation de matériel pédagogique

La disponibilité de matériel pédagogique et de jouets est importante pour stimuler le développement des compétences motrices et cognitives des enfants. Cependant, la présence de matériel ne se traduit pas toujours par son utilisation. Parmi les élèves des centres privés, 42% disposaient de matériel artistique, mais la plupart des élèves n’ont pas été observés en train de l’utiliser.

La formation des enseignants à l’utilisation de ce matériel est essentielle pour assurer leur utilisation par les enfants. Parallèlement, l’étude a mis en évidence le manque de matériel dans de nombreux centres : par exemple, 85 % des centres n’avaient pas de jouets créatifs et 87 % n’avaient pas de de briques d’empilement. Il est important d’affecter des moyens à l'acquisition de ce type de ressources pédagogiques pour un apprentissage pratique et ludique, permettant aux enfants de communiquer et de s'exprimer de manière créative et sociale, et de développer leurs compétences cognitives, motrices et de langage.

Que se passe-t-il à présent ?

Cette étude a apporté des informations capitales sur la nature, le lieu et le coût de l'apprentissage des enfants par le jeu, que ce soit à l'école ou à la maison. Ce type d'analyse est crucial pour aider le gouvernement gambien et ses partenaires à dessiner l’avenir de l’éducation de la petite enfance et à briser le cycle des inégalités.

À l’avenir, l'accent mis sur l’équipement des écoles et des salles de classe, la formation des enseignants et le renforcement des liens entre la salle de classe et l’environnement familial pourront aider chaque enfant de Gambie à s’épanouir.

L’importance du jeu

Le cerveau des enfants se développe rapidement au cours des premières années de leur vie. Un environnement stimulant et enrichissant, qui comprend des possibilités de jouer, favorise le développement physique, cognitif, social et émotionnel des enfants, marquant ainsi leur vie sur le long terme.

Les enfants qui ne bénéficient pas d’un tel environnement risquent de ne pas développer pleinement des compétences clés qui seront difficiles à acquérir plus tard dans la vie. La pauvreté peut également réduire leur exposition à des ressources et à des stimuli essentiels, ce qui les désavantage dès leurs premiers jours à l’école.

Toutefois, des programmes d’éducation de qualité pour la petite enfance peuvent rompre ce cycle d'inégalité, en offrant un environnement propice aux apprentissages, à la santé, à la nutrition et à la protection de la petite enfance.

Malgré ces avantages bien établis, l’éducation de la petite enfance reste largement sous-financée, avec une moyenne de seulement 1,9 % des budgets de l’éducation dans les pays à faible revenu et moins de 1 % du total de l’aide internationale à l’éducation.