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Radio UNESCO, donner à entendre le monde

« Je suis en paix avec ce que j’ai voulu faire. » La voix est rocailleuse, en partie étouffée par le brouhaha environnant. C’est celle d’un homme âgé, qui parle un français teinté d’accent espagnol : la voix de Pablo Picasso. Interviewé depuis Vallauris, dans le sud de la France, le peintre espagnol s’exprime à propos de la fresque monumentale, La Chute d’Icare, qu’il vient d’achever et qui ornera bientôt le siège parisien de l’Organisation.

L’enregistrement date de 1958. Il a été réalisé par la radio de l’UNESCO. Ce service unique en son genre existe pratiquement depuis la création de l’Organisation. Dès 1947, un studio d’enregistrement est en effet aménagé au siège, alors installé dans les locaux de l’hôtel Majestic à Paris.

Dans le contexte de l’après-guerre, la radio apparaît alors comme un média de masse, capable de dépasser les frontières entre les pays mais aussi de lever certains obstacles qui se dressent entre les individus, qu’ils soient sociaux, économiques ou culturels. Son rôle est aussi de faire mieux comprendre les objectifs poursuivis par l’Organisation et d’aider les pays à développer leurs propres infrastructures.

Dépendant à l’origine du Département des projets de la section de l’information de masse, la radio de l’UNESCO n’émet pas ses propres programmes, elle enregistre des émissions – tables rondes, interviews, documentaires, reportages ou programmes musicaux – destinées à être diffusées par les radios du monde entier.

« Les maîtres se rencontrent » est l’une de ces émissions. Des personnalités issues de divers pays y présentent l’œuvre d’écrivains, d’artistes ou de savants d’un autre pays. La série « Espoirs pour demain » explore quant à elle les possibilités qu’offrent la science, la technique ou certains programmes culturels ou éducatifs pour apporter des solutions à l’humanité, qu’il s’agisse de l’exploitation de nouvelles sources d’énergie, du traitement des maladies mentales ou encore de la conception d’aliments synthétiques.

Ces programmes sont produits en un nombre de langues qui variera au fil des ans. De janvier à août 1949, 315 enregistrements en 16 langues sont diffusés dans 52 pays. « La voix de l’UNESCO est entendue par les auditeurs des cinq continents », se félicite Le Courrier de l’UNESCO dans son édition de septembre 1949.

À la veille de sa disparition, en 1997, la radio de l’UNESCO produit encore une vingtaine de programmes en anglais, français, espagnol et russe. Les milliers de documents sonores réalisés au fil des ans sont en cours de numérisation, donnant ainsi une deuxième vie à ces enregistrements. Quelque 1 639 documents audio sont désormais disponibles en ligne sur le site Numériser notre histoire commune de l’UNESCO.

La radio, fidèle au poste
UNESCO
janvier-mars 2020
UNESCO
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